vendredi 17 février 2017

Guerre totale

Toujours pour faire face à la guerre totale de la vie qu'on mène tous trop en ce moment, une deuxième fournée de film de fight, tous français et tous récents en plus (comment j'suis fière). Ça dit aussi pas mal de choses sur l'état de la conscience collective, ceci dit.

Un français est un peu passé inaperçu, je ne sais plus pourquoi mais je me rappelle d'une vague polémique à l'époque: trop frais, trop vrai, trop mauvais? Ça parle d'un truc qu'on aime pas trop discuter en France, à savoir les mouvements néonazis qui sont finalement un truc peut-être violent et impressionnant mais vachement moins que leurs contreparties bien habillées. Un français raconte donc le parcours d'un petit nazillon de banlieue. Marco, pas content, tape un peu sur tout le monde: les noirs, les arabes, les vieux. Entre mouvements extrémistes et simple connard particulier, il donne des coups à gauche à droite et s'ne prend pas mal aussi. On le voit rencontrer l'amour (qui fait peur) et devenir adulte. On le suit ensuite à divers âges de la vie, pris à des moments comme ça, même pas des moments importants, mais qui donnent en filigrane l'itinéraire d'une vie. Et c'es là que c'est plutôt intelligent, parce que cette vie, elle ressemble un peu à n'importe laquelle. Amour, divorce, tromperie, bataille de garde partagée, amis qui pètent un plomb, parents qui quimpent. Pas un truc exceptionnel, ni fantastique; non, la vie d'un français quoi (et, t'as vu le titre ici!). C'est sobre, sans chichi (du coup parfois un peu compliqué à comprendre au niveau enchaînement des faits),un peu boîte noire. On ne sait pas trop ce qui se passe dans la tête du héros et c'est finalement pas si mal. Difficile de comprendre pourquoi ce film est passé entre les gouttes comme ça: il ne dit finalement pas grand-chose sur les skins, ne prend pas vraiment position et ne cherche ni à justifier, ni à expliquer. C'est peut-être pour ça en fait: trop politique, grillé, pas assez, même chose. Pas de bol.

Plus dans la guerre, il y a Les combattants, qui raconte aussi l'histoire de petits nerveux qui jouent à la guerre mais en plus scout. Arnaud rencontre un été Madelein, grand bringue sèche comme un saucisson Justin Bridou et bien déterminée à survivre dans un monde où il faut nager avec des pierres dans son sac (on sait jamais que quelqu'un essaie de te les piquer pendant que tu fais tes longueurs, car dans ce monde, les maçons errent au bord des piscine tels de roumains en quête de fils de cuivre). Comme il est un peu quichon ( et amoureux, le pauvre), il s'embarque avec sa belle pour un stage de préparation militaire qui nous prouve, si besoin en était, que l'armée c'est quand même un truc pour décervelés de base. Mais la cocotte est trop forte pour l'armée (enfin, trop cinglée, même si on peut se dire décemment que toute personne pas adaptée à l'armée est finalement plutôt saine d'esprit, comme dirait  the OA et Foucault): alors quoi? C'est plutôt marrant comme histoire de base ( et inaugure un nouveau genre "survival romance" dans lequel on peut aussi ranger The survivalist du coup), et vraiment réussi dans la réalisation. Haenel est impeccable, dure, froide, complètement chelou et en face d'un petit tendron chou comme un bébé paresseux qu'on a envie de lui faire des bisous. Très belle fin aussi, bien dans l'esprit.

Enfin la guerre, la vraie: Voir du pays. Tranche de vie sur quelques jours passés en débriefing à Chypre par un bataillon qui rentre d'Afghanistan. Parce que parler, il faut bien, histoire de remettre les gens sur pied en deux temps, trois mouvements avant de les rendre à la vie civile – pour un moment. Il y a deux histoires dans l'histoire: celle du retour de la guerre, du décalage et du questionnement; et celle des femmes dans l'armée, de leur place et de ce qu'on en fait. La première est parfois un peu pesante: on en parle, on se décharge, on règle ses comptes, c'est un peu le drame quoi. Alors d'accord que la guerre, c'est caca, mais bon, faut quand même s'en douter un peu non? La deuxième est plus subtile pendant toutle film et plutôt réussie dans l'exposé: sans militantisme, sans hystérie, par petite touches, elle touche plus. Sur la fin par contre, twist un peu décevant – trop basique, attendu, convenu.  C'est peut-être parce que c'est si commun, mais ça perd un peu de sa force.  Il paraît que ce film est trop hype: heu, ouais.

Un français, Diastème, 2015
Les combattants, Cailley, 2014
Voir du pays, Coulin, 2016



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