vendredi 20 juin 2014

Basement


Apparat- A bang in the void

jeudi 19 juin 2014

Only lovers left alive (2013)

Je n'ai commencé à apprécier Jarmusch que très récemment: j'avais vaguement vu ses derniers films sans y trouver rien de particulier, si ce n'est Bill Murray dans tous ses états. Only lovers left alive m'a vraiment scotchée - après la claque de Limits of control - et je commence à percevoir un peu mieux où ça se situe.

Jarmusch fait passer une bonne partie de son film dans sa bande-son. Sans non plus aller dans l'extrême d'une sorte de narration clipée ou dans de l'expérimental industrielo-psychotique, il y a une ambiance, une patte particulière des arrangements, des compo originales qui constituent des sortes de film en soi, qui vont plus loin qu'une simple bande-son. 

Ici, le personnage de musicien permet une démultiplication des zones de sons, des moments entièrement dédiés à la musique et à son déploiement. La série de plans "nature morte" d'instruments est hallucinante: des guitares dans tous les sens, des instruments bizarres et surtout, plein de petites machines dans des fouillis de cordons électriques, des samplers, des pédales à distorsion, des bandes et des disques qui tournent en phase avec des longs accords de guitare discordants. Il y a aussi tout un champ musical tourné vers l'Orient qui évite au passage l'ethno-folk condescendant néo-impérialiste de la world music en tapant dans le mille - puisque c'est Yasmine Hamdan qu'on entend, en concert à la fin mais dans le taxi vers Detroit au début aussi - via une des morceau du projet Arabology avec Mirwais. 



Il y a enfin plein de références directes ou indirectes à un univers musical finalement assez cohérent avec ce que fait Jarmusch: des photos de Neil Young, la maison de Jack White et une obsession pour la théorie de physique quantique "spooky action at a distance", titre du deuxième album de Lockett Pundt, de Deerhunter. Je sais pas si c'est fait exprès, mais quand même hein.



Enfin y'avait tout ça, puis des visions balzacienne des siècles amassés dans des objets en vrac un peu partout, des livres en bordel, The Infinite Jest à côté de Don Quichotte, la série des docteurs célèbre ( Caligari, Watson, Lovefool, Faust) et des blagues de comptoirs sur Marlowe/Shakespeare à la Woody Allen:

The most recent of these theories is to be found in a book I have just read that attempts to prove conclusively that the real author of Shakespeare's works was Christopher Marlowe. The book makes a very convincing case, and when I got through reading it I was not sure if Shakespeare was Marlowe or Marlowe was Shakespeare or what. I know this, I would not have cashed checks for either of them - and I like their work. 
Now, in trying to keep the above mentioned theory in perspective, my first question is: if Marlowe wrote Shakespeare's works, who wrote Marlowe's? The answer to this lies in the fact that Shakespeare was married to a woman named Anne Hathaway. This we know to be factual. However, under the new theory, it is actually Marlowe who was married to Anne Hathaway, a match which caused Shakespeare no end of grief, as they would not let him in the house.

mardi 17 juin 2014

She's scared to jump, but terrified to stay

Beograd 2013

Cold War Kids - Golden Gate jumpers

mercredi 11 juin 2014

Ecran total

Klopka est un film de Srdjan Golubovic, dont j'avais déjà vu Krugovi qui était plutôt joli à regarder même si sans grande ambition dans la mise en perspective des questions morales. Organisé autour d'un fait divers ( réel ou pas, peu importe), il raconte l'histoire d'un couple confronté à la maladie de leur fils, opérable pour une somme absurde en Allemagne. Sans le sous, l'homme reçoit une proposition malhonnête et ce qui doit arriver arrive. Véritable phénomène social, les appels à l'aide pour financer l'une ou l'autre opération d'un enfant malade à l'étranger est un truc plutôt courant par ici, le thème est donc plus banal que ce qu'il pourrait paraître, mais l'ensemble est réalisé sans trop de mélo - ça reste très fort dans la lignée de Krugovi: pas vraiment révolutionnaire du point de vue des codes moraux et/ou esthétiques, mais un bel effort dans les plans et les cadrages - plans fixes, personnages perdus dans le cadre ou en sortant partiellement, belles compositions achitecturales. 

Le tout dans des tons gris/métallisés, froid - un soupçon d'abus de blanc à la Barclay vers la fin - bien dans la prolongation de l'ambiance d'hôpital. 

Poseban tretman ("Traitement spécial") raconte l'histoire d'une bande d'alcooliques en reconversion qu'on envoie jouer leur psychodrame en guise de prévention contre l'alcoolisme. Ça commence comme un film sur le progressisme d'un médecin qui brise les règles et ça finit de façon très étrange:  non seulement tout le monde replonge, mais le médecin même se révèle alcoolique et obscène. Le gros du film se déroule dans une usine de bière, ce qui n'aide pas. Ça ressemble à une critique de l'alcool sous toutes ses formes mais surtout à une diatribe contre une société hypocrite qui cherche à soigner des alcooliques tout en s'autorisant à boire comme un trou. Le décor d'usine est par contre excellent et permet toute sorte de déformations absurdes - un verre de bière immense, des murs de bac.

Videodrome est un pur Cronenberg comme je les aime: violence, appareils électriques bizarres, cadres minables et morceaux de chairs triturés à tout va. A la recherche de l'émission qui tue, un cadre programmeur d'une chaîne dédiée à la violence tombe sur un programme ultraviolent, Vidéodrome, qui ressemble à un film d'interrogation à Guantanamo mais qui finit par le rendre fou. On suit son entrée progressive à l'intérieur de la télévision - et c'est plutôt bien fait d'un point de vue visuel. Il y a ce truc des machines qui se mettent à devenir molles, organiques, à respirer, à chuinter et à gémir, cette représentation sexuelle de la technologie que je trouve assez hallucinante chez Cronenberg et qui plutôt extrême ici; mais aussi des dispositifs de désorganicisation du corps via l'écran - notre héros, après être entré dans la télé, via un trou dans son bide dans lequel il glisse des VHS, fini par fouetter une femme dans une télévision. Le thème est dans le ton de des films de cette période: question du rapport entre corps et machine, problème de l'imaginaire et de la vision (cfr la super machine à enregistrer les hallucinations!


et surtout, problématique de la fiction et du réel et des interrupteurs qui nous font passer de l'un à l'autre.

Klopka, Golubovic, 2007
Poseban tretman, Paskalijevic, 1980
Videodrome, Cronenberg, 1983

dimanche 1 juin 2014

La femme est La femme.

Ça fait un certain temps que j'entend évoquer La femme. Je me suis d'abord méfiée: les trucs avec des noms généraliste en français comme ça sont soit des trucs de techno russe hardcore soit des formations over ironic à prendre au 54e degré qui commencent un peu à fatiguer.

J'ai donc fini par écouter Psycho Tropical Berlin, qui est un peu le Port-Salut du disque: c'est effectivement  un son entre surf hawaien, electro dépressive de Berlin-Est et textes loufoques (ouhouh la subversion). Bon, je chouine, mais en fait j'ai kiffé, comme d'hab. Par contre, à la deuxième écoute, un doute s'est mis à poindre dans mon esprit: n'avais pas déjà entendu ça quelque part? Ce mix entre platitudes houillebecqiennes, fulgurances guitaresques à la Solaris et synthés déprimés?

.... les Brochettes, vous écriez vous soudain en vous frappant le front! Mais oui mais c'est bien sûr! Ce groupe absurde du Brabant-Wallon de la fin du 20e siècle, dont la chanteuse vivait dans une gare - mais pour du vrai et qui faisait un peu peur à voir! Je n'ai malheureusement  pas connu les Brochettes de première main, puisque c'est via Gerda 85, un film new wave sur le Hainaut que j'ai découvert ce groupe un peu malsain et jouissif, planqué tel un cloporte honteux sous les pierres de façade des groupes BCBBelges qu'on fait jouer au Summer Festival.

Bref, La Femme, c'est des morceaux avec des instru de fous, des guitares légères dans tous les sens et des synthés qui font buzz:


Les Brochettes? Pas mal non plus:


Les groupe possèdent chacun leur mode propre de déplacement:
- la planche de surf chez La Femme


- la chaise roulante chez les Brochettes


Il y a des ritournelles amères sur les ruptures et les tromperies, avec un petit synthé en fond:
- chez La Femme avec Nous étions 2 ( plus dansant)


- chez les Brochettes, c'est Dans la forêt. ( nettement plus rigolo)


Des ballades sur les difficultés de se lever le matin, sur la fin du monde qui est proche et sur l'inutilité, de façon générale, de se casser le cul dans l'existence:

- Time to wake up, chez La Femme, qui commence bien mais finit mal


- Mon lit, des Brochettes, qui n'en finit pas 


Et puis des histoires de filles: Françoise, qui déprime chez La Femme....


.... depuis que la Pamela des Brochettes l'a quittée.


Alors, ça reste vrai que les Brochettes sont plus une sorte de référence rigolote au millième degré qui, malgré une musique somme toute pas mauvaise, reste quand même un peu difficile à faire avaler pendant toute une soirée à des non-avertis ( vécu). La Femme, c'est plus frais, l'aspect surf corrige le côté brut de borinage des Brochettes et en plus, y zont les cheveux propres. N'empêche que...

mardi 20 mai 2014

Ecran total




Poupoupidou est un film qui raconte une enquête sur le meurtre d'une mini-star d'une petite bourgade du Jura, perdue sous la neige aux confins de la frontière suisse. Un meurtre inexpliqué, une blonde que tout le monde adorait, un village paumé à la frontière et livré aux éléments naturels, un cadavre trouvé dans une zone-frontière floue.... Bingo! C'est Twin Peaks en fait! Je ne sais pas si c'est fait exprès, mais sinon, c'est vraiment beaucoup de coïncidences: entre l'inspecteur (qui prend ici la forme d'un écrivain à la recherche d'inspiration) dirigé par ses intuitions et bourré de pouvoirs bizarres qui le mettent à part, l'ado ténébreuse de l'hôtel qui tente de séduire le bel étranger, la psy qui garde des cassettes audio de sa patiente, l'implication de personnages éminents avec chantage à la clé, et surtout, surtout, les journaux intimes grâce auxquels on remonte le fil: on peut difficilement parler de hasard. Cela dit, ça ne fait pas du tout redite, puisqu'il y a le deuxième fil, celui de Marilyn et des millions de clichés qui gravitent autour de cette image de l'Amérique, un peu naïve, avec ses pompistes en combinaisons, ses bowlings et ses Beach Boys. Il y en plus une série de détails rigolos: la télé locale ("Franche-Comté, la télé bien affinée"), des boîtes de fromages Warholisée, et les titres des livres du James Ellroy wannabe qui mène l'enquête ("Une chatte andalouse", arf).

J'ai ajouté Serpico à ma bucket liste et complètement oublié de quoi il s'agissait- je n'ai donc toujours aucune idée de pourquoi il fallait que je le regarde, mais je suis bien aise de l'avoir fait. J'ai récemment fini (un peu dubitative) The Chicago Code, alors les trucs de pourris, c'est dans l'air. Frankie ( ou Paco pour les intimes) est un flic qui veut changer des trucs: il veut pas se couper les cheveux, sous prétexte que ça aide ses couvertures ( pas faux d'un point de vue capillaire), refuse de taper sur des prévenus et ne prend pas de sous. On sait dès le début que ça va mal finir, puisque le coup de feu a lieu au début du film, mais on voit comment ça en arrive là. Renvoyé de bureau en bureau, transféré dans des endroits toujours pires, le pauv' Franky ne va pas à Hollywood, mais bien direct en enfer: des responsables qui restent muets, une justice qui évite de se mouiller, l'attente insoutenable et absurde d'une enquête qui n'arrive jamais; tout ça et sa vie sentimentale qui part en couille, c'est pas jojo d'être honnête à New-York dans les 50's. Pacino est remarquable (même si y'a parfois un peu d'exagération au niveau des costumes à base de gilet en alpaga péruvien), sous ses multiples chapeaux et bonnets, de plus en plus pâle, vidé, parano et nerveux. 

Amerika, rapports de classe est le premier film de Huillet/Straub que je vois. J'avais donc un peu peur, vu la réputation méga-intello que se traînent les cocos, mais je suis agréablement surprise. N'ayant pas lu le livre, je peux difficilement évaluer la qualité de l'adaptation, mais pour avoir un peu tâté Kafka, je dois dire que ça correspond parfaitement à l'univers de l'auteur tant du point de vue visuel que du point de vue de la réalisation. Il y a cette espèce d'écriture sans qualité qu'on retrouve dans la sobriété des décors, des plans, des personnages, de la direction d'acteurs hors de tout pathos et des situations immobiles, figées dans un récit parfois trop long, qui se perd en détails inutiles. Le héros, Karl, est une sorte d'homme sans épaisseur ni profondeur, sans passé et qui ne semble avoir aucune prise sur son existence, aucun pouvoir de décision, balloté d'un endroit à l'autre sans mot dire. Les diverses relations dans lesquelles il se retrouve toujours un peu malgré lui embourbé le rendent plus misérable qu'elles ne l'aident; finalement, il sert plus de figure muette qui écoute les confessions des uns et des autres sans broncher et sans que personne ne lui demande vraiment de se raconter à son tour. Les conversations sont d'ailleurs souvent filmées sans contrechamp: une personne parle (à une autre, mais ça pourrait tout aussi bien être à personne), éclairée par une lumière braquée sur elle, dans un dispositif parfois à la limite de l'interrogatoire. Des interrogatoires, il y en a beaucoup: on interroge Karl à tout va, sans jamais lui demander rien d'essentiel, et en refusant toujours de revenir sur l'acte d'accusation - impossible à dire, trop obscène. L'insistance de quelques plans au-delà d'une durée "normale" contribue à ce creux dans la parole, ce silence qui gouverne tout ce qui est dit en sous-main. L'image choisie pour l'affiche du film est au demeurant celle qui m'a le plus marquée dans l'ensemble: elle résume bien ce bâillonnement.

Klassenverhältnisse 1

Poupoupidou, Hustach-Mathieu, 2011
Serpico, Lumet, 1973
Klassenverhältnisse, Straub/Huillet, 1984

lundi 19 mai 2014

It's all so quiet....shhhh...shhhh.

I sometimes feel like I'm listening to a new Thee Oh Sees album every other month. It's not far from being true, these guys are stakanovist AND punk at the same time, a pretty neat combination. 
But for once, Drop is giving me the feeling something is changing. I still don't know what to think about this (and I wish somebody would tell whether to love it or burn it to the ground), but I'm confident the next album, presumably to be released within 6 months, will give me an answer. In the meantime, let's try to figure this Drop thing out.

It starts very normally, with a weird Penetrating eye piece: not only the title (I hate violence against eyes in general) but the mayhem of guitars and distorsions sounds bursting at once after a sweeet little tune played on a oldschool keyboard seems highly Theeohsees-esque. This and the hypnotic chanting, rendering everything blurry as to where the sounds stop and the music starts.



We then go to Encrypted bounce, also a good ol'classic garage piece, with half-sung, half whispered lyrics and a bass line in the pure style of what can be found on The Master's bedroom. Here and there, crying guitars are shattering the soft surface of sound and creating little messy areas of caterwaul like contemplation. 



Put some reverb on my brother, apart from being an awesome title, is starting fine but growing into something much harmonic, very 70's like and making a soft, but indubitable transition to something much more tamed and easy on the ear than what I'm used to.


Camera (Queer sound) is in this regard rather normal: guitars working together, harmonies all over the place, choir singing in the back. King's nose is then almost beatlesy.



The lens is letting us go on a peaceful tune, backed by a deep cello bass and next to no other instruments then an extra brass during chorus and a little trumpet line at the end. Softspoken lyrics about -if I'm not mistaken- being together ( well ariving at the same time) make it all so smooth it's kind of scary.



Why so scared then? The same way you get scared when knowing that somewhere there's a monster in the trunk: the few silent minutes before it comes out are when the absence of noise is daunting, sending chills down your spine and the more it lasts, the more you expect the next BANG to be a horrifying one. I will sure be very careful with the next TOS record I get my hands on. Might be bloody.