lundi 7 mai 2018

Ecran total

Par ce temps bizarre, trois histoires étranges entre road-trip, non-film et retour en arrière.

Pourquoi avoir regardé Mississippi Grind, bonne question. Il fait partie des trucs qu’on chope sans y pense puis qu’on regarde un soir sans se souvenir de pourquoi. Le pitch fait pourtant rêver : deux mecs un peu branques en route pour le succès dans le South mythique, avec bagnole, blues et enseignes lumineuses et bières pas chères. Top. Il y a même ce cher Ben Mendelsohn, qu’on a déjà vu dans Bloodline en pesudo-raté mais vrai poison. Il joue ici le rôle de Gerry, raté notoire un peu malade qui croise la route de  Curtis, dont on se dit bien qu’il est trop beau pour être honnête.  Tous deux décident de se tirer le long du Mississippi  pour se faire une partie de poker à 25000. Quelle bonne idée. L’un totalement mytho, l’autre complètement accro, ça va être beau. On attend donc le coup de pute du début à la fin, l’amitié brisée, les fins de soirée minables, le rêve en tessons sur la route en goudron fumant. Mais en fait non. Des scènes se succèdent, des trucs s’échangent mais rien de bien substantiel. Parfois ils gagnent, parfois ils perdent.  Pas vraiment de climax d’émotion, ou de grands sentiments, tout est un peu minus dans cette narration. Ça manque de substance, réellement, on voit surtout des trucs se passer, des plans des différentes villes traversées, des tentatives de percer la carapace de personnages sans background, un peu transparents. Pas chiant mais pas fatal non plus.

Un truc qui est fatal mais tout aussi dispensable, c’est le dernier Wheatley qui nous avait habitué à mieux avec High rise qui déchirait vraiment tout. Free fire est l’histoire d’un deal qui tourne mal. Comprenons-nous bien : il s’agit littéralement d’une vente d’armes entre deux bandes de maffieux qui foire et qui tourne mal. Pendant une heure et demie. Quand on voit que ça commence à foirer, on se dit, héhé, rigolo. Il y a un moment, on se dit que la scène commence à traîner un peu.... Wait a minute..... hé oui ! Le film ne raconte que ça ! Un bon vieux huis-clos/shoot-out à l’ancienne ! Un duel au soleil dans un vieux hangar qui dure tout un film. Des émotions, des palpitations, des balles perdues, des twists finaux ! Honnêtement, on a fini par lâcher l’affaire et on a regardé d’un œil distrait en cherchant des plants de muriers pas chers en ligne. Il ya sans doute des trucs micro qui sont très drôles, des blagounettes, des beaux moments – j’en ai entraperçu quelques-uns, mais dans l’ensemble, c’est assez bof : même A field in Britain était plus fun.

En enfin Dark places, petit thriller pas du tout mauvais sur un meurtre en famille bien sympathique. Libby est la seule survivante du meurtre de sa famille – avec son frère Ben qui sera évidemment désigné comme meurtrier de par ses affinités avec le satanisme qui comme le sait est une maladie et un vice poussant au crime. Mais un groupe de jeunes nerd super bizarres veut absolument sauver le pauvre Ben qui n’a rien demandé à personne et qui purge tout ça comme un con. S’ensuit alors une plongée dans le passé, ouuuuh  et une enquête plutôt simple qui fera la lumière sur toute l’affaire. Pas trop mal, plutôt bien rythmé, pas tout à fait con : c’est chouette. 

Mississippi grind, Boden & Fleck, 2015
Free fire, Wheatley, 2016
Dark places, Paquet-Brenner, 2015

mercredi 2 mai 2018

Ecran total

Quelques petites horreurs pour débuter ce mois sous la pluie: inondation, minage de fond et tempête de neige.

Le minage de fond, c’est un film pas vraiment d’horreur mais vu au BIFF donc on peut quand même s’interroger. Wrath of silence est plutôt un thriller genre politique ; avec quelques trucs mystérieux dedans et des belles bagarres. Un père muet est extirpé de sa mine et rappelé au village après la disparition de son fils. Le petiot se baladait guillerètement avec ses chèvres quand bim, il disparaît. Après avoir montré sa photo à un paquet de gens et collé des affiches partout, notre homme commence à sentir l’embrouille via un gros mafieux propriétaire de mine qui aime l’odeur de la viande tranchée dans l’air du soir. Pas très causant mais bon cogneur, notre ami va se retrouver dans un imbroglio politico-mafieux qui le dépasse largement, avec des méchants en cuir pas bien malins, des avocats véreux pas très finauds, et toujours sa femme qui chouine un peu en prenant ses médocs. Politique ou pas, c’est difficile à dire. Les grands patrons sont très méchants mais seront-ils punis ? Tout est très lent, plutôt beau dans les paysages sublimes, avec des images hyper léchées. Parfois un peu trop d’effets grosse prod (musique de Batman, bagarre genre Marvel)  mais pour le reste, très bien.

Les inondations, c’est celle qui a frappé Epacuan, petit village argentin paumé qui se retrouve du jour au lendemain plein d’eau. Dans What the waters left behind, un groupe de documentaristes en quête de gloire berlinoise retourne sur les lieux pour faire pleurer dans les chaumières et prendre des belles photos de ruines. Facile. Evidemment, ces ruines ne sont pas inhabitées, c’est un peu comme à Bruxelles, le moindre bout de caillou devient un lieu alternatif en deux semaines, pff. Là pour le coup, c’est très alternatif et inclusif en plus ! Très très vibrant hommage à Tobe Hooper et son massacre, très fréquente et parfois fatigante utilisation des drones, ces machines du diables qui transforment n’importe quel film en resucé de La isla minima, mais ça reste plutôt fun. On reste bien dans les clous du genre, y compris avec le twist de la fin mais finalement, pourquoi bouder notre plaisir quand il est aussi sanglant ?

Par contre, pour les tempêtes, on repassera. Surtout les tempêtes à base d’effets spéciaux genre Paint plaqués sur des visuels de paysages en plein soleil. Dans Scarce, ce qui est rare, ce sont les meurtres. Hé oui, on attend au moins 40 minutes avant d’en voir un se faire démettre. Avouez que c’est long, surtout quand on se traîne en compagnie de trois hommes d’âge mur qui jouent à la Wiseau à être des jeunes bro trop cool qui font du surf. Ça fait très très faux, limite niveau d’un film porno («Duuude»). Trois amis donc, qui rentrent d’un surf trip, se paument le long d’une route pour échouer dans une cabane au fond des bois, habitée par un étrange homme qui ressemble super fort au type d’American Gothic. Je serais d’eux, je me méfierai mais bon. S’ensuit ce qui doit s’ensuivre, avec quelques trucs un peu gratuits sur les bords mais le tout d’une lenteur telle que je me suis littéralement endormie.  Et même en dormant deux minutes sur 5, le film reste compréhensible, c’est dire.  Bon, il y a certains plans plutôt rigolos et une certaine naïveté dans le projet qui le rend super mimi. Mais la neige, la neige, la neige ! Quelle idée super bizarre !

Wrath of Silence, Xin, 2017
What the water left behind, Onetti, 2017
Scarce, Cook, 2008

mercredi 11 avril 2018

Netflix total

On passera sous silence la masse de conneries regardée sur Netflix par pur plaisir de troller le système de suggestions personnalisées pour s’en tenir aux quelques trucs regardables vu ces semaines.

Casting JonBenet m’avait été conseillé par un article sur un site pour jeune gens modernes. C’est un documentaire assez bizarre mais qui impliquait une histoire de meurtre de mini-miss dans la charmante localité de Boulder, Colorado. Il n’en fallait pas plus pour me convaincre. Le film suit donc les différentes acteurs auditionnant pour les différents rôles d’un film tournant autour du fait divers en question (une gamine assassinée avec plein de trucs suspicieux dans une petite ville tranquille). Chaque personnage est donc présenté à son tour par les acteurs, parfois des locaux qui ont donc  leur opinion sur la question (qui et pourquoi ?). Personnage après personnage, on découvre les différentes hypothèses successives – la mère, le père, le frère, le père nowel du coin. Le faits en lui-même n’est jamais raconté directement, mais se dessine à travers les histoires de ces acteurs (un peu) ratés qui ont tous l’air relativement paumés. Le tout n’évolue jamais vers un vrai dénouement (puisqu’il n’y a pas de nouement) mais se termine pourtant de façon aussi étrange que plutôt belle : des scènes à répétitions sans commentaires avec des personnages qui se démultiplient à l’écran. Peut-être un peu lent sur la fin mais dans l’ensemble pas inintéressant dans le genre méta – parler d’un truc qui parle d’un truc, c’est casse-gueule comme idée, et pourtant !

A bad day for the cut est aussi une recommandation externe car je ne regarde visiblement pas assez de films de poney pour que Netflix m’en fasse la suggestion. Soit. Petit film sympathique de meurtre et de vengeance, on y voit un vieux fermier irlandais partir venger sa vieille mère assassinée sans vergogne. Donald est un vieux garçon tranquille qui prend tant bien que mal soin de sa Môman qui a l’air bien british et sage. Un soir, un train et la voilà morte, avec en prime des affreux qui reviennent finir le boulot le lendemain. Heureusement, notre ami est un super badass et se sort de tout ça en gagnant une petite frappe comme allié dans l’affaire. Tous deux pas super content (un pour sa mère, l’autre pour sa sœur) ils décident de faire alliance comme souvent les bras cassés savent le faire dans ce genre de film. En route joyeuse troupe pour un roadtrip un peu sanglant en mode vengeance et canon à fusil scié. L’intrigue se défend, le rythme est correct et l’ambiance générale plutôt chouette – très anglais, avec quelques scènes très drôles dans l’absurde de situation. Mais toujours avec flegme et élégance. Bonne pioche en soit même si ça manquera sans doute d’action pour certains.

Annihilation qui a sans doute été suggéré à tout le monde, y compris ceux qui l’ont déjà vu. Un film d’Alex Garland, écrivain de son état, dont j’ai relu le Tesseract récemment et qui ne défend quand même pas mal niveau bouquin. De lui je ne connaissais que Ex-machina qui m’a fait royalement chier donc je me méfie. Mais en fait non. Gentil petit film pré-post-apocalyptique, Annihilation est pas mal fait du tout, assez joli au niveau visuel et sonore même si pas révolutionnaire niveau scénario et dénouement. Bon l’idée d’une météore qui tombe quelque part et créée une sorte de champ de force, c’est bof. L’idée d’envoyer expédition après expédition dans ladite zone sans avoir aucune idée de ce qui s’’y trouve, c’est louche. Mais quand même. Quand on y suit l’expédition de meuf super badass qui reprznt le film, on y découvre des choses plutôt jolies. L’explication du truc n’est pas dingue d’originalité mais l’extrapolation visuelle à partir du principe est vraiment réussie. Il y a des structure organico-humaine, des  trucs rocheux en forme de trucs mous, une confusion des formes, des textures et des univers qui est bien rendue. Certaines choses sont super ratées (les cerfs qui gambadent, les trucs sur la plage) mais l’atmosphère de jungle grouillante et de nature luxuriante, les couleurs qui font trembler le spectre lumineux, les drones sonores  à la fin : tout ça est fort agréable à voir. Après, il y a quelques trucs un peu WTF tant dans les scènes que dans les rebondissements mais ça reste un morceau sympa.

Et pour finir, un sympathique petit film d’infectés venu d grand nord : Les affamés, film québecois pas mal du tout. On atterrit en pleine postapocalypse et on fait connaissance avec nos futurs personnages en mode Vis ma vie de survivant à l’infection – en train de fuir dans un bois, en train de finir d’enterrer ses parents, en train de finir une clope au-dessus d’un cadavre fumant... la routine quoi. Tous ces personnages vont se rencontrer et comme souvent, tenter de survivre ensemble (parce que c’est souvent comme ça qu’on crève plus rapidement pour notre plus grrrand plaisir). Pas beaucoup de background sur ces personnages, ni beaucoup de construction – après tout, ils sont là pour mourir pour nos yeux réjouis.  Après moult délibérations, le groupe quitte la campagne verdoyante pour se diriger vers une ville avant de découvrir que c’est une mauvaise idée parce que les infectés en question, telle des hirondelles en goguette, semblent suivre une itinéraire précis. Lequel ? Bonne question. Ces infectés sont d’ailleurs intéressants : ils courent super vite, se repèrent au bruit mais pas vraiment à l’odeur (tiens ?) et on peut les feinter en restant très très calme avec un air déterminé. Ils se réunissent parfois autour de gros tas de trucs plus ou moins rangés. On ne sait pas pourquoi. Dans l’ensemble, c’est assez bon, on sent le budget limité mais qui marche quand même avec des très jolies images, notamment de la forêt, une certaine attention aux plans, à la lenteur qui changent des trucs complètement épileptiques pour cacher les mauvais maquillages. Certains seront peut-être énervés par certaines infos balancées de-ci de-là et quine trouvent jamais d’explication. Moi ça m’a plutôt fait rire.

Casting JonBenet, Green, 2017
A bad day for the cut, Baugh, 2017
Annihilation, Garland, 2017
Les affamés, Aubert, 2017

vendredi 23 mars 2018

Total Off

Deuxième série souvenir de l’offscreen avec trois films d’amour fou qui finissent tout rouge trempés dans l’hémoglobine.

Revenge est peut-être bien la suite de Prevenge (si on y réfléchit bien).  Il y a de la vengeance, une femme seule face au monde, de l’abattage intensif plutôt acrobatique et des mecs un peu mous du genou. Jen blonde et bimbo de son état, se retrouve coincée en weekend avec son amant et ses potes super lourds qui ont décidé de se pointer plus tôt pour chasser le gnou dans le désert. Saine occupation. Sauf que voilà : une petite jeune fille au milieu de trois mâles en mission coucougnettes, c’est mal parti pour bien finir. Jen s’en sort pourtant après une acrobatie plutôt invraisemblable mais on s’en fout : notre prédateur est lâché et la chasse peut commencer. C’est un rape and revenge honnête, qui se défend franchement bien, avec des images plutôt burnées et même belles, une ambiance de désert rouge et poussiéreux et quelques gags rigolos. Bon rythme, BO pas mal, final réussi – on n’en demandait même pas tant pour être tout content !

Amour et animaux de ferme, c’est Vase de noces, l’histoire d’un homme et de ses cochons – et de ses nombreux canards, poules zet poulets. Renommé The pig fucking movie et vendu comme un film ultra shocking et méga underground, c’est pas plus folaïe que ça pourtant.  On y suit une petite tranche de vie d’un homme heureux, vivant parmi les poules dans une grande ferme plutôt classe même si c’est un peu en désordre. Notre ami se roule dans l’herbe, fait caca dans une grande bassine et fait des petites conserves bizarres (une sorte de poule au pot d’un nouveau genre). Il a l’air d’aimer beaucoup son cochon, a qui il fait des petits et des gros câlins (mais rien de très décadent non plus visuellement). De cette union champêtre naissent trois petits cochons absolument trop choux mais qui ont du mal à manger dans leur assiette. On parle quelque part de paternité contrariée si on veut, ou de père éclipsée par la toute-puissance de la mère ( et sa toute cochonceté dans ce cas-ci). C’est finalement un peu triste mais pas vraiment aussi crado qu’on aurait pu l’imaginer. Il y a quelques images très jolies, des belles scènes naturelles, certains passages musicaux pas mal du tout mais pour le reste, c’est peu exceptionnel, voir un peu fatigant parfois. 

Et pour finir, La comtesse aux seins nus, un film porc-salut ( tout est écrit dessus). On y parle donc d’une comtesse aux seins nus qui cherchent dans les reliefs de Madère des amants fougueux pour éteindre sa soif atavique. Soif de quoi ? Difficile à dire. D’essence vitale ou un truc du genre, mais en tout cas, quelque chose qui se trouve dans l’orgasme. Un genre d'orgone du docteur Reich disons. Rongée par son mal, notre amie cherche pourtant à s’en sortir, et rencontre même un bel inconnu à la moustache saillante et aux habitudes de lecture étranges. On se dit que tout cela va enfin bien finir... à moins que ? Bon, c’est un film sans grande surprise, avec quelques scènes de fesses, quelques scènes de sang, quelques scènes entre les deux (avec des dialogues et tout). On aime particulièrement le Dr Orloff , spécialiste de l’occulte qui a pour tout outillage sur son bureau un bateau et un couteau. On apprécie également beaucoup la figure de proue animée à l’avant de la rolls de Madame – un peu le summum du chic vampire.

Revenge, Fargeat, 2018
Vase de Noces, Zéno, 1974
La comtesse aux seins nus, Franco, 1975

mercredi 14 mars 2018

Total off

Une petite série de films vus pendant l’Offscreen, un peu dans le désordre.

Torso est un film au nom un peu attrape-nigaud : on y voit des torses, certes, mais peu de découpes au couteau par un maniaque comme nous le promettait le pitch et finalement, peu de couteau tout court. L’intrigue en est simple : un tueur fou au foulard précieux découpe des torses de ci de là, décimant les rangs d’étudiantes en histoire de l’Art – ça fait ça en moins en stage d’attente chez Actiris me direz-vous. Ces jeunettes  décident pour se remettre de leurs émotions de prendre l’air quelques jours dans un genre de baraque super balaise appartenant à l’une d’entre elles – qui a trouvé un moyen efficace de se lancer sur le marché de l’emploi, à savoir un mari friqué. Mais voilà : le tueur n’est pas loin et avec lui, une foule de petits gaillards tout excités par la vision extatique de jeunes corps fraîchement débarqués de la capitale et pour qui le sexe n’a visiblement aucun secret – mouahaha. Comme dit plus haut, on reste u peu sur sa faim en termes de boucherie au couteau. Il y a même ce moment hyper bizarre du tueur qui revient sur ses traces non pas une mais plusieurs fois, histoire de finir le boulot proprement.  Pour le reste, on apprécie les inspecteurs à belles moustaches.

The mountain of the cannibal god tient mieux ses promesses, puisqu’on y trouve une montagne, des cannibales et un dieu (enfin, vaguement).  Une histoire qui commence comme beaucoup d’autres : une expédition perdue, une femme en détresse qui part seule retrouver son mari largué dans la jungle, un fidèle ami teuton à l’air sournois et un explorateur au grand cœur comme guide dans cet univers hostile...  Notre petite troupe se barre donc à la recherche d’un type vraisemblablement mort et dont on n’a jamais vraiment de nouvelles – cadavériques ou autres – mais finalement on s’en moque un peu.  Non, ici, ce qui nous intrigue et nous porte c’est de savoir quand et comment nos amis se feront-ils grailler. Ca ne vient pas tout de suite mais on voit d’autres choses en chemin – par exemple un pauvre singe trop mignon ou des reptiles en tout genre – et on découvrira la vraie nature de la femme (elle est vile, je vous préviens).

The Room n’est pas vraiment passé (en tout cas pas près de chez moi) mais on l’a vu dans un effort de comprendre The artist disaster (qu’on a de toute façon raté au cinéma mais quoi de mieux qu’un film raté pour préparer un visionnage raté d’un film réussi sur le film raté, hum ?) The room donc. Passée la première minute de doute (Un porn soft de M6 ? Une publicité pour les roses ? une télénovela ontologique ?) on se prend au film : même si la question reste : de quelle room s’agit-il exactement ? Enfin. The room raconte la fin d’une histoire d’amour. Est-elle inspirée de la vie réelle du réalisateur – auquel cas, ce monsieur a une jolie tendance hystérique qui ressemble un peu à son rire étrange et intempestif qu’on croirait déclamé certaines fois. Dans cette histoire, point de nuances : la femme (encore elle) est vile (mais pas vénale, on peut lui céder ça) et l’homme est un pauvre hère, le cœur sur la main, que ses proches usent et abusent sans vergogne. Son seul allié est un jeune homme candide mais qui malheureusement passe à chaque fois dire bonjour sans jamais rentrer ou rester boire un café. Déception.  Parfois notre homme s’énerve tout rouge et traite tout le monde de banane, un peu comme dans les grosses fights de Pour être libre. Frissons. Parfois il joue au rugby en tuxedos, comme ça pour le plaisir. Quel coquin. Tout ça est un peu difficile à regarder et pas franchement folichon, en même temps on était prévenus. N’empêche : au risque de se répéter, ce film est très très très très mauvais. Parfois c’est drôle mais franchement parfois c’est juste triste.

Torso, Martino, 1973
The mountain of the canibal god, Martino, 1978
The room, Wiseau, 2007

mardi 27 février 2018

Netflix total

A la suite d’un cadeau bien intentionné, j’ai décidé de ne regarder que Netflix au mois de février. Première série de films, avec du bon et  du franchement comique.

Gerald’s game est un film tiré d’une bouquin de Stephen King dont j’avais entendu parler avant Netflix et que j’ai enfin pu voir vautrée dans mon canapé – je ne regarde Netflix que vautrée. Histoire plutôt banal d'un jeu SM qui tourne mal ? Pas vraiment, c’est surtout une histoire classique du couple en vacances dans une maison isolée, tellement isolée que quand Madame se retrouve coincée et menottée au grand lit, les choses peuvent assez vite mal tourner. Faut pas en raconter plus, ce serait dommage car ça reste un film pas mauvais du tout. On retrouve tout l’univers de King avec ses petites obsessions qui collent aux doigts – les blessures d’enfance, les mariages ratés, les couples heureux-mais-qui-n’en-sont pas, les monstres à moitié humains à moitiés brillants dans la nuit. Pour un huis-clos, c’est vraiment bien foutu – ça pourrait vite tourner court mais ça tient jusqu’au bout sans s’essouffler. Il y a franchement des trucs qui font bien flipper, un peu de gore pour pas dépareiller et puis une belle maison au bord d’un lac.

The ritual est également un gentil film assez bien foutu. Partis à l’aventure pour se remettre de la mort d’un de leur poteau, quatre amis rosbifs se tapent une rando en Norvège au milieu de nulle part histoire de prendre un peu l’air. Une pierre dans le chemin, une entorse au genou et bardaf, c’est le début de la fin. De raccourcis en maison abandonnée, nos amis font finir mal, très mal. Certaines choses sont des grands classiques – la nuit tous seuls dans les bois, les signes étranges sur les troncs, les ombres qui passent entre les arbres – d’autres un peu plus neuves – les néons entre les sapins, les hybrides cerf/alien – mais ça fout quand même bien les miquettes. Comme j’aime les grands pins et le vent qui souffle à leur sommet ; je fus bien aise. Comme de plus, j’aime beaucoup les maisons en bois et les tête de cerfs empaillées, mon sens esthétique fut comblé. La fin part un peu en couille notamment niveau monstre mais bon, on peut pas tout avoir.

The Cloverfield paradox est par contre un peu du n’importe quoi. Toujours dans la franchise Cloverfield, après le pas mal du tout Cloverfield Lane, on s’attendait à une suite plein d’apocalypse et de monstres chelous. Il nous a fallu tout le film pour capter qu’il s’agit d’une sequel – mon hypothèse à partir de la moitié du film. Ce qui est bien, c’est qu’on regarde un truc en rapport avec un autre truc sans savoir s’il vient avant ou après pendant tout le film. Peut-on du coup parler d’une prequel, d’une sequel ou d’une nimportequel ? On s’en fout. Parce qu’en plus d’être pas super clair, ce film n’a littéralement rien à voir avec Cloverfield mais alors du tout. Ça se passe dans l’espace, il n’y a pas de monstre, et c’est pas du tout l’apocalypse. Trop naze. Popur faire court, il s’agit d’une bande de scientifique qui s’envoient en l’air pour aller y faire un truc un peu expérimental qu’on sait pas si ça va marcher mais qui doit sauver la terre car ils sont leur dernier espoir. Encore une victoire de Canard. Le truc finit par marcher mais pas de bol, on dirait qu’ils ont foutu la merde au niveau espace-temps. Comme beaucoup de films qui jouent avec les notion de retour vers le futur/passé et de double temporel, c’est un peu fait n’importe comment, et prétexte à de belles scènes de sensiblerie bien dégoulinantes (mais pleines de bons conseils du style «  ne laisse pas tes enfants jouer avec des batteries » parce qu’il faut vraiment avoir été dans une autre vie pour assimiler la notion parentale assez simple de ne pas filer de Duracell à Bibi pour qu’il s’occupe dans la file au Delhaize). Voilà : assez kitsch, convenu, pas super surprenant, et rien à voir avec Cloverfield (enfin si, les 2 dernières seconde, yay) : meh.

Gerald's game, Flanagan, 2017
The ritual, Bruckner, 2017
Cloverfield paradox, Onah, 2017 

mardi 20 février 2018

Grand écran total

En vrac et vus au cinéma des derniers temps (même pas en 3D).

The square – je pensais que c’était un film dramatique sur la boxe mais pas du tout. C’est une comédie grinçante postmoderne sur les travers de notre société hyperconnectée et obsédée par sa propre image. Comme c’est original. Je médis, mais en fait je me suis bien marrée. On suit un directeur de musée hyper successful et très très jeune cool qui roule en Tesla et qui perd son téléphone. Entre temps, il rencontre des journalistes hystériques, il perd des bouts d’œuvre d’art en les aspirant par mégarde et il se fout dans la merde grâce à une campagne de pub pensée par deux émanations directes de la génération qui bouffe de Tide pod. C’est fun. Il y a sans doute un milliard de niveaux de lecture à ce film mais il peut tout aussi bien se regarder comme un film à sketch, avec plein de petites piques sur le milieu de l’art, les jeunes urbains macronistes et la prétention en général. Ce qui est particulièrement drôle, c’est qu’il faut en être pour pouvoir en rire – seul un public partiellement immergé dans ce genre de milieu peut trouver ça amusant. Pas super révolutionnaire donc mais on comprend bien la palme d’or du coup – rire de mais entre soi, c’est tellement plus rigolo. Parfois un chouia long – mais peut-on vraiment dire qu’il y a un temps congru pour s’autocontempler ?

Ni juge ni soumise, vu en partie parce que The disaster artist ne passait plus, ne me laisse pas plus convaincue que ça. On ne va pas revenir sur l’histoire, dont on nous bassine un peu partout – documentaire filmé sur trois ans sur les coulisses de la justice belge une fois et monté à la striptease – et on peut dire qu’une partie du truc est réussie : c’est cocasse, très belge, finalement assez keumique. Mais. On se pose pas mal de questions sur le processus : filmé, rejoué, acteurs, pas acteurs. Certains personnages sont présentés comme « jouant leur propre rôles ». Dans le cadre d’un documentaire, pourquoi une telle mention ? Il y a un certain flou qui vient aussi du fait qu’on a du  mal à croire qu’une partie de ce qui se montre puisse se montrer (d’un point de vue légal entre autres). Sur le fond, c’est aussi un peu gênant parfois – gêne visiblement pas ressentie par les spectateurs hilares de l’UGC – le système judiciaire dans toute sa splendeur de rouleau-compresseur, de biais social et culturel, d’incompréhension de classe. On a beau l’humaniser dans un personnage sympathico-belge, avec des petites manies et une voiture meugnonne, c’est ça fait toujours autant froid dans le dos de voir. Le côté un peu zoo « regardez comme ces gens vivent bizarrement, c’est quand même fou » est peut-être un peu drôle mais ça peut aussi prendre une certaine forme de mépris un peu embarrassant venant de gens biens mis comme vous.

Et enfin, la claque visuelle tant attendue de ce début d’année, Laissez bronzer les cadavres, un film qu’il est super chouette didon. Un genre de western moderne avec des musique de Morricone et des visuels à la Jodo – c’est très coule. Tout commence par des artistes –encore eux – planqués dans une ruine avec des malfrats un peu tocards. S’ajoute à ça une mère célibataire en goguette et des flicards en cuir qui font squouic quand ils marchent. Ca va très vite, parfois à reculons d’ailleurs, ça fait du pingpong d’un plan à l’autre, très rapprochés les plans et c’est drôle aussi, ces duels de gros plans aux yeux sérieux et aux sourcils froncés. Pas vraiment moyen de s’emmerder, c’est sublime, avec des paysages et un décor géniaux, des petits brols qui décorent façon magazine lifestyle pour cadavres en putréfaction. Il y a aussi des petites fourmis, très informatives et meugnonnes et une débauche de paillettes, d’or liquide qui ne peut que nous faire frétiller de la culotte. Wouw !  

The square, Ostlund, 2017
Ni juge ni soumise, Hinant & Libon, 2017
Laissez bronzer les cadavres, Cattet & Forzani, 2017