jeudi 17 avril 2014

Ecran total

Un peu par hasard, je me suis fait une semaine de films d'auteurs - littéralement: de films écrits par des écrivains et/ou adaptés. Certains mieux que d'autres d'ailleurs.

J'ai été voir L'année dernière à Marienbad un peu à reculons, pas grande fan de Robbe-Grillet et un poil traumatisée par Hiroshima. Hé bien c'est un film qu'il est beau. Le problème est que je l'ai vu doublé, chose qui ne m'était jamais arrivé à la cinémathèque et que j'ai donc eu droit à la version serbo-croate de RG. Je n'ai donc aucune idée de ce que ça donne en français, mais ça doit être vraiment joli et ça me donne une bonne excuse pour le revoir. Je retrouve beaucoup de choses que j'aime chez Resnais, à savoir les thématiques de la réécriture, du passé répété et des espace-temps qui rentrent en collision les uns avec les autres sans jamais se résoudre tout à fait. Il y a quelques scènes absolument sublimes, dont les plans des statues, détail qui me plaît énormément et la scène géniale de la chute de la barrière de pierre, avec le cri silencieux en contrepoint. 

La guerre est finie est dans un autre style, puisque c'est un vrai polar, avec de l'action, des flingues cachés dans des réservoirs et des messages codés. Le fonds littéraire est plus secondaire, en ce qu'il n'est pas le sujet central - comme dans Marienbad - mais revient par différents moyens, dont une étonnante voix off en "tu" d'un Semprun qui se parle à lui-même. Le conflit intérieur en toile de fond est ce qui fait du film plus qu'une histoire d'amour: un certain désenchantement s'y manifeste, qui paraît étonnant, mais qui remet en perspective les visions parfois un peu fantasmatoires des combats politiques à l'étranger vus de notre propre point de vue, un peu limité quand même. 

Slaughterhouse-five est une adaptation d'un livre de Vonnegut, que je n'ai jamais lu: c'est dommage, mais le film ne m'a pas donné envie, mais alors du tout. Si la trame paraît intéressante -l'histoire d'un type qui voyage à des époques et des temps différents et que personne ne croit- et semble bien ranger Vonnegut dans une école un peu floue d'écrivains américains postmodernes, j'ai trouvé l'ensemble complètement raté. En fait de montrer un voyage d'une époque à l'autre dans une perspective de déconstruction  (de la personnalité, du temps?) on voit surtout deux histoires en parallèle: celle d'un soldat pendant la deuxième guerre mondiale et son double (ou le reste de sa vie?) le tout par une série de raccords foireux tellement ils sont explicites (genre Resnais pour les nuls). En dehors du fait que l'histoire pendant la guerre est moyennement intéressante, les personnages pas vraiment crédibles, j'ai trouvé l'acteur principal à chier: sorte de blondinet à l'expression-douce-mais-énigmatique ( je suppose que c'était l'idée de base), j'ai eu l'impression de regarder un légumineux à grosse lippe qui avait surtout l'air de ne pas savoir ce qu'il faisait là (dans un film). On pourrait dire que l'amateurisme transcende le fond pour devenir un paradigme formel. Mouais.

L'année dernière à Marienbad, Resnais, 1961
La guerre est finie, Resnais, 1966
Slaughterhouse-five, Hill, 1972

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