jeudi 2 juillet 2015

Gaia is a bitch!

En voilà un genre qu'il est drôle: sans le faire exprès (ou presque), j'ai vu dans la même semaine une série de films qu'on pourrait qualifier de slasher écolo - quoique Google ne semble pas être d'accord avec le concept, mais foutre! En gros, il s'agit de films dans lesquels des humains trop méchants se font niquer la race par une Mère Nature qui en a marre qu'on lui balance des déchets à la gueule. 

The Long Weekend est à cet égard parangonique (?): un petit couple bien mignon se met en route pour un sympathique weekend de camping au bord de la mer. On ne sait pas trop bien où on est, alors ils écrasent un kangourou dans les 15 premières minutes, histoire d'éviter les malentendus. Au départ, on espère un bon vieux slasher rednecko-rural, vu la scène classique de l'arrêt dans une station essence remplie de fermiers patibulaires aux pupilles grasses qui répondent de façon cryptique-mais-inquiétante à notre héros jovial "Hiiiin, vous allez camper là-bas.... connais pas.... gnééé". On attend donc à chaque instant qu'une fine équipe en mode Deliverance fasse son entrée, alors que s'installe une tension palpable du milieu naturel, houuuu. En fait, il n'en est rien: le seul tueur, c'est la nature qu'est pas bien aise qu'on l'envahisse comme ça. Il faut dire que le type ne fait vraiment aucun effort: il tire sur tout ce qui bouge, jette ses bouteilles partout sans même les ramener à la bulle à verre, canarde un marsouin qui avait rien demandé, bref, c'est un vrai salopard. Il est d'ailleurs aussi teigne avec sa gonzesse qu'avec son habitat - ce mufle mérite donc bien de crever dans d'atroces souffrances. Des invasions de fourmis, des opossums acrimonieux, un aigle pas très cool et des cris bizarres dans la nuit: tout ça finit par porter ses fruits et pousser notre petit couple à bout et lorsque le marsouin censément mort se met à les poursuivre insidieusement, c'en est trop.  Ah, les joies d'un weekend à l'air pur!

Dans le même registre, Frogs est plus frontal:  on sait à l'avance qu'il ne sera pas question de la troisième topique lacanienne. Des grenouilles tueuses, donc, mais pas que, puisque les grenouilles sont ici les chefs d'une armée grouillante pas dégueu, qui telle la légion étrangère ratisse large et souvent en dépit des classifications animales de base: batraciens, reptiles, rampants divers: si c'est gluant, c'est dedans! Tout ce petit monde va se venger d'un saligaud de vieux sudiste qui rejette allègrement des déchets toxiques dans les marais. Des petits meurtres collatéraux, puis un étau qui se resserre tandis que les grenouilles montent au filet pour anéantir l'anachronique fossile (qui est aussi raciste par-dessus le tas). On remarque un bel effort pour rendre les grenouilles flippantes: finalement, elles ne demandent qu'à sauter, les pauvres (merci à gridoon sur imdb pour cette analyse affûtée). Les autres animaux ne sont pas en reste, qui arrivent finalement à faire presque peur malgré des moyens plutôt limités.

Avec Slugs (en VO: La muerte viscosa) on glisse (haha) déjà plus vers le film d'envahisseurs/insectes maléfiques classiques, mais l'explication écologiste est quand même là: c'est la faute à la décharge géante! Rendre des grenouilles effrayantes, voilà bien un truc pas facile, mais essayez un peu avec des limaces: d'accord c'est mou et dégueulasse, mais vu la rapidité du truc, on a du mal à les prendre au sérieux. Pourtant le film fonctionne presque bien. L'absolue nullité des dialogues et des jeux d'acteurs fait parfois penser à un exercice de style rohmerien, mais le grouillement gélatineux constant (à la limite du vers, ce que les puristes trouveront un peu dommage) finit par porter ses fruits.  Au niveau sonore, surtout, on aime le bruit des limaces un matin d'été frais, c'est bucolique.

Long Weekend, Eggleston, 1978
Frogs, McCowan, 1972
Slugs, Simon, 1988

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