Encore un total amour
mais en moins bisous que la dernière fois: le goût de la viande nous a repris, comme ça, sans prévenir alors
qu'on est même pas à la moitié du carême, c'est péché. Hé oui, l'amour ça fait
mal et ça fait même du sang plein le pare-brise, plein l'assiette ou plein la
serviette de plage, c'est au choix.
Du
sang plein le pare-brise, c'est dans Night
Fare, étonnant petit film français dont je n'avais jamais entendu parler et
qui parle d'amour et de taxi. C'est par contre beaucoup moins film du samedi soir
que la bonne franchou-franchise Taxi,
notre Fast and Furiousse Justin Bridou à nous. Le film raconte une course en
taxi qui tourne mal: après deux ans d'absence, Chris revient à Paris voir sa
chérie qui s'est entre temps remaquée avec une sorte d'ado gigantesque, genre
teufeur de 35 ans un peu pathétique qui a des amis dealers à Clignacourt. Bref.
Comme tout est tout à fait normal dans la vie, ces trois personnes décident de
passer le weekend ensemble (bah oui, ça va être fun, moi, mon mec et mon
ex en vadrouille, tiens!). Evidemment ça
finit mal, mais surtout parce que ces deux crétins décident de taper un
dine-and-dash dans lae taxi qui les ramène
je sais plus où. Le taximen mi-taxidriver mi-uber à doudoune sans manches, est
pas super jouasse et s'ensuit une série de meurtres tous plus sanglants,
acrobatiques et zintéressants. Ca pourrait n'être qu'un anecdotique film de
vengeance, mais les 20 dernières minutes en font quelque chose d'un poil plus
piquant – même si d'un point de vue
moral on n'est pas certain d'avoir tout compris – mais qu'on ne
racontera pas ici, parce que c'est pas bien.
Encore
une histoire d'ex et de retrouvaille, c'est The
invitation, où Will est invité à dîner chez son ex Eden, réapparue elle
aussi après deux ans d'absence et un deuil pas super bien géré. Tout ça est
bien mystérieux et surtout super awkward, mais bon, visiblement, weird is cool alors quoi. Eden va mieux, elle
a rencontré l'amour au Mexique et est devenue polyamoureuse, vegane et
pro-vinyl dans la salle de bain. Son nouveau mec, par contre, est un peu chelou
et a des amis bizarres, du genre qui aiment confesser avoir tué leur femme ou
qui font des grimaces assis sur les chiottes. Toute cette petite bande va
essayer de convaincre leur amis que la mort, c'est cool et que la vie, on s'en
fout un peu. Mouais. Will n'est pas dupe, qui trouve tout ça un peu chelou (et
il a bien raison, d'ailleurs, où est passé Choi, son délicieux ami coréen?
A-t-il été débité en morceaux et mangé sur un petit barbecue de table comme ces
indigènes en sont friands?). Entre souvenirs glauques, ambiance, bizarre et
jeux à boire dont les règles nous échappent un peu (genre on boit quand en
fait?), se tisse une trame à la Manson
dont on sent bien que ça va chier. C'est plutôt bien foutu dans le
développement de l'atmosphère, un peu arty dans le genre avec des acteurs pas
mauvais: un film à montrer à tous ceux
qui trouvent qu'on doit garder des bons contacts avec ses ex: non, en fait.
L'amour,
toujours mais toujours plus bizarre: c'est l'amour maternel et tentaculaire d'Evolution , film absolument trop génial de fou furieux que j'en
suis toute frétillante. Petite tranche
de vie façon Guerre des boutons, d'une bande de gamins paumés dans un village
sur un bout de rocher au bord de l'eau: ils jouent, ils nagent, ils vont à
l'hosto et parfois ils meurent. Visiblement tous, parce qu'il n'y a dans tout
ce petit monde, pas un élément masculin de plus de 12 ans. Alors quoi? Les
hommes, ayant compris leur fondamentale inutilité et inaugurale bêtise, se
sont-ils jetés d'un seul homme (haha) du haut d'une falaise? Sont-ils tous
partis dans un vaisseau spatial pour devenir pote avec les heptopodes? Sont-ils
tout simplement à l'intérieur pendant tout le film à jouer à la playstation?
Non, c'est beaucoup plus gore. Je préfère rien dire de plus, car le film doit
se découvrir. C'est sublime parce qu'il y a beaucoup de choses que j'aime bien:
de l'eau, des roches volcaniques, des hôpitaux yougoslaves, et des gens sans
sourcils. C'est immobile et lent, travaillé très près de la peau et parfois
très loin des corps, au point qu'on perd ses repères dans l'image et qu'on ne
voit plus que des petites taches de couleur au loin. Les couleurs sont
sublimes, dans des teintes noires, vert, gris plaquées sur du blanc violent et
du bleu mousseux. Il y a un certain nombre de plans à se tuer tellement c'est
beau photographiquement. Sur le fond et l'intrigue, assez génial aussi, déployé
dans un gore plus freak que sanglant tout à fait raccord. Bref, trop biiiiiien
quoi.
Night
Fare, Seri, 2014
The
invitation,
Kusama, 2015
Evolution, Hadzihalilovic, 2015
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