vendredi 17 mars 2017

Ecran total

Encore un total amour mais en moins bisous que la dernière fois: le goût de la viande nous a repris, comme ça, sans prévenir alors qu'on est même pas à la moitié du carême, c'est péché. Hé oui, l'amour ça fait mal et ça fait même du sang plein le pare-brise, plein l'assiette ou plein la serviette de plage, c'est au choix.

Du sang plein le pare-brise, c'est dans Night Fare, étonnant petit film français dont je n'avais jamais entendu parler et qui parle d'amour et de taxi. C'est par contre beaucoup moins film du samedi soir que la bonne franchou-franchise Taxi, notre Fast and Furiousse Justin Bridou à nous. Le film raconte une course en taxi qui tourne mal: après deux ans d'absence, Chris revient à Paris voir sa chérie qui s'est entre temps remaquée avec une sorte d'ado gigantesque, genre teufeur de 35 ans un peu pathétique qui a des amis dealers à Clignacourt. Bref. Comme tout est tout à fait normal dans la vie, ces trois personnes décident de passer le weekend ensemble (bah oui, ça va être fun, moi, mon mec et mon ex  en vadrouille, tiens!). Evidemment ça finit mal, mais surtout parce que ces deux crétins décident de taper un dine-and-dash dans  lae taxi qui les ramène je sais plus où. Le taximen mi-taxidriver mi-uber à doudoune sans manches, est pas super jouasse et s'ensuit une série de meurtres tous plus sanglants, acrobatiques et zintéressants. Ca pourrait n'être qu'un anecdotique film de vengeance, mais les 20 dernières minutes en font quelque chose d'un poil plus piquant – même si  d'un point de vue moral  on n'est pas certain  d'avoir tout compris – mais qu'on ne racontera pas ici, parce que c'est pas bien.

Encore une histoire d'ex et de retrouvaille, c'est The invitation, où Will est invité à dîner chez son ex Eden, réapparue elle aussi après deux ans d'absence et un deuil pas super bien géré. Tout ça est bien mystérieux et surtout super awkward, mais bon, visiblement,  weird is cool alors quoi. Eden va mieux, elle a rencontré l'amour au Mexique et est devenue polyamoureuse, vegane et pro-vinyl dans la salle de bain. Son nouveau mec, par contre, est un peu chelou et a des amis bizarres, du genre qui aiment confesser avoir tué leur femme ou qui font des grimaces assis sur les chiottes. Toute cette petite bande va essayer de convaincre leur amis que la mort, c'est cool et que la vie, on s'en fout un peu. Mouais. Will n'est pas dupe, qui trouve tout ça un peu chelou (et il a bien raison, d'ailleurs, où est passé Choi, son délicieux ami coréen? A-t-il été débité en morceaux et mangé sur un petit barbecue de table comme ces indigènes en sont friands?). Entre souvenirs glauques, ambiance, bizarre et jeux à boire dont les règles nous échappent un peu (genre on boit quand en fait?), se tisse une  trame à la Manson dont on sent bien que ça va chier. C'est plutôt bien foutu dans le développement de l'atmosphère, un peu arty dans le genre avec des acteurs pas mauvais:  un film à montrer à tous ceux qui trouvent qu'on doit garder des bons contacts avec ses ex: non, en fait.

L'amour, toujours mais toujours plus bizarre: c'est l'amour maternel  et tentaculaire d'Evolution , film absolument trop génial de fou furieux que j'en suis toute frétillante.  Petite tranche de vie façon Guerre des boutons, d'une bande de gamins paumés dans un village sur un bout de rocher au bord de l'eau: ils jouent, ils nagent, ils vont à l'hosto et parfois ils meurent. Visiblement tous, parce qu'il n'y a dans tout ce petit monde, pas un élément masculin de plus de 12 ans. Alors quoi? Les hommes, ayant compris leur fondamentale inutilité et inaugurale bêtise, se sont-ils jetés d'un seul homme (haha) du haut d'une falaise? Sont-ils tous partis dans un vaisseau spatial pour devenir pote avec les heptopodes? Sont-ils tout simplement à l'intérieur pendant tout le film à jouer à la playstation? Non, c'est beaucoup plus gore. Je préfère rien dire de plus, car le film doit se découvrir. C'est sublime parce qu'il y a beaucoup de choses que j'aime bien: de l'eau, des roches volcaniques, des hôpitaux yougoslaves, et des gens sans sourcils. C'est immobile et lent, travaillé très près de la peau et parfois très loin des corps, au point qu'on perd ses repères dans l'image et qu'on ne voit plus que des petites taches de couleur au loin. Les couleurs sont sublimes, dans des teintes noires, vert, gris plaquées sur du blanc violent et du bleu mousseux. Il y a un certain nombre de plans à se tuer tellement c'est beau photographiquement. Sur le fond et l'intrigue, assez génial aussi, déployé dans un gore plus freak que sanglant tout à fait raccord. Bref, trop biiiiiien quoi.

Night Fare, Seri, 2014                                                                             
The invitation, Kusama, 2015
Evolution, Hadzihalilovic, 2015

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