dimanche 16 avril 2017

Apocalypse, baby!

Vu l'équipe de klet avec des noms à la con qui se battent pour un petit poste à la tête de l'Etat de l'autre côté de la frontière, l'apocalypse semble de plus en plus proche: alors quoi, que faire, où courir, où ne pas courir et comment s'y préparer? Trois films à voir pour vivre la fin du monde en toute sérénité et en trois temps: avant, pendant et après.

Avant l'apocalypse, c'est Salt and Fire de ce cher Werner dans lequel on retrouve mon idole absolue à savoir Michael Shannon, toujours aussi cinglé. Ce film raconte un voyage scientifique qui tourne mal. En effet, plutôt que par une délégation d'universitaires en pull jacquard, l'équipe du professeur Sommerfeld est accueillie par des types patibulaires en cagoules. Pas cool. Transportés dans une bicoque pas chiée au milieu des bois, on finit par comprendre qu'ils ont été enlevés par Riley (Shannon) le type responsable de la catastrophe naturelle qu'ils sont justement en train d'étudier. C'est ballot. S'ensuit une histoire étrange, avec discussions philosophiques sur l'anamorphisme (on a bien lu son Lacan) et sur l'avenir du monde: celui-ci sera-t-il bientôt réduit à un gigantesque désert de sel? Si oui, quel matériel emporter pour aller faire du camping? C'est très très très space, on ne comprend pas tout ce qui passe par le tête de ce Monsieur Riley et on se retrouve tout paumé dans cette histoire complètement bizarre et assez foudroyante dans la beauté et la lenteur d'une fin du monde en train d'avoir lieu au ralenti. On aimerait parfois pouvoir partir en vacances dans le cerveau d'Herzog (si quelqu'un a un plan r'b'n'b?) pour savoir quoi et comment. Mais on peut aussi juste se laisser glisser le long des plans en forme de vertige du mouvement, des travellings qui filent sans trop se poser de questions. 

Pendant l'apocalypse, il faut surtout, surtout rester calmes et ne pas se mettre à faire n'importe quoi. Dans Ni le ciel ni la terre, on retrouve une petite troupe de soldats français en poste en Afghanistan qui surveillent un coin de terre dont tout le monde semble se foutre complètement. Sauf que. D'abord un chien, puis un type, puis un autre disparaissent comme ça, sans laisser d'adresse. On a beau chercher, pas de traces des disparus, pas un coupable à l'horizon et pas vraiment de réponse. On s'énerve un peu dans tous les camps, on cherche sous chaque caillou mais force est de constater qu'y a plus personne. C'est également un truc super déconcertant parce que super réaliste tout glissant progressivement loin du réel et du monde. Il y a beaucoup de questions sans réponse et autant de tentatives de trouver une explication qui ne vient jamais. Le tout vu partiellement à travers de jumelles, des lunettes infra-rouges avec des formes incertaines qui se dessinent comme des fantômes qui hantent des morceaux du monde qu'on dirait pas très loin des limbes. Parfois un peu lent, mais assez puissant dans la tension, dans le choc frontal et répété d'une conscience qui se cogne à ce qui est peut-être le début de la fin.

Après l'apocalypse, ne pas essayer de faire le malin et d'avoir des sentiments pour les gens; on ne vous le répétera jamais assez, les gens sont méchants. Dans The girl with all the gifts, les méchants en question sont des enfants qu'ont l'air trop mignons mais qui comme chacun sait, ne sont que des créatures sanguinaires assoiffées de cerveau humain. Ce film débute dans une ambiance un peu Clockwork Orange: camp de rééducation avec des petiots sanglés sur leur chaise dont on se demande bien ce qu'ils ont fait pour mériter ça - on le saura bientôt. C'est très dommage de raconter plus que ça sur l'intrigue parce que c'est justement ce qui en fait un truc excellent - on ne sait pas très bien toujours où ça va, sauf à partir d'un certain point où on retombe dans un film postapo type invasion zombie (mais en mieux). Il y a des images assez géniales, des décors sublimes, une idée de fin du monde qui envoie la civilisation se faire bouffer par la nature, des trucs super drôles comme ça qui viennent de nulle part et une bande-son très Utopia, normal puisque c'est Tapia de Veer qui s'y colle. Vivement l'apocalypse!

Salt and fire, Herzog, 2016
Ni le ciel, ni la terre, Cogitore, 2015
The girl with all the gifts, McCarthy, 2016 

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