dimanche 9 avril 2017

Come outside and play

Ça y est, c'est l'été: y fait beau, y fait chaud, les clodos sèchent au soleil et la place Flagey recommence à avoir cette odeur de marché couvert mexicain (un petit air de viande faisandée saupoudrée de fluides humains divers et de bière éventée). Tout ça nous donne envie de partir faire les foufous dehors, de prendre notre sac à dos et notre masque à gaz vintage et d'aller profiter de la nature, ses oiseaux, ses arbres en fleurs, et ses psychopathes primesautiers qui folâtrent dans les bois. Une sélection de films à voir avant de partir faire n'importe quoi quand même.

Si vous partez dans le Nord, un bon conseil: déjà n'y allez pas, y'a rien à voir par là, parole. Plus sérieusement, ne faites pas d'autostop si vous êtes une frêle et fragile jeune fille et qu'un tueur fou rôde dans le coin. Ça parait évident mais pas pour les quelques petiotes de La prochaine fois je viserai le cœur, qui n'en ont visiblement rien à cogner. Alors d'accord, c'est les années 70's, tout le monde est funky, mais quand même. Ce film raconte un fait divers connu de tous les fans de Faites entrer l'accusé qui se respectent: celui du gendarme tueur fou, Lamare. Le récit est pris du point de vue du tueur, avec une approche pas conne: sans chercher à rentrer dans les détails, avec des largesses fictionnelles qui sont signalées (le héros n'a d'ailleurs pas le même nom), on construit sans commentaire une image, une vision des choses qui échappe au gore ou au pathos. Alors, certes, on voit quand même quelques meurtres - ce serait dommage, sinon - mais pour le reste ça donne quelque chose qui sort du film de serial killer à sensation, un truc presque normal et du coup assez glaçant.

Autre destination prisée pour les aventuriers: Desierto, ou la traversée illégale de la frontière MX-USA, un trip sympa et original qui va impressionner tous vos amis sur Instagram! Cependant, gare à vos miches, car il rôde dans certains coins, un type patibulaire, patriote désabusé et à moitié cinglé qui n'est autre que J. Dean Morgan, aka Negan-the-vegan! Ce cher Sam donc, car c'est son nom, joue à tirer le mexicain qui passe la frontière. Passe-temps intéressant s'il en est mais qu'on aura du mal à remplacer quand y'aura un mur. Mais bon. Dans l'autre équipe, une bande de mexicos dont ce cher Garcia Bernal, qui joue Moise, hé oui, celui de la terre promise. Que tout ça est symbolique. Bref. En gros, c'est une partie de chasse dans un désert de pierres, de rochers, de cactus qui piquent et de soleil qui cogne sa race. C'est franchement sublime pour le cadre (mais j'ai un truc pour les zones dévastées), très beau dans les images. Sans grande surprise dans le déroulé de l'intrigue (à la fin, ils meurent) mais avec un mini-twist à la fin. C'est un film qui force à se poser des questions existentielles: pourquoi est-on tout tourneboulé par la mort d'un clébard-qu'il-est-trop-chou alors que ledit clébard vient de bouffer pas moins de 5 mexicains sans qu'on renverse notre tisane pour autant? Est-ce parce que le chien, quand il meurt (et un peu comme le docteur), couine, tandis que le mexicain meurt dans un gargouillis sanguinolent de ChingadaPincheCabron? Ou sommes-nous déjà en train d'être gagné par ce cancer qui a atteint les States il y a quelques mois? Bouh.

Si vous survivez au désert, vous pouvez mettre le cap sur Carnage Park, un coin du Texas pas dégueu habité par un cinglé solitaire (encore un! décidément!) qui ne quitte jamais son masque à gaz et son fusil de chasse. Lorsqu'un duo de braqueurs s'aventurent sur son turf avec leur pauvre petite otage qui n'a rien demandé à personne, c'est évidemment une belle occasion pour faire découvrir aux touristes les particularités locales: potences, cadavres crucifiés, mines abandonnées, rien de tel qu'un guide du coin. Le reste du film est donc une chasse à la pauvre fille qui s'avère être méga badass en fait et qui va réussir à faire pas mal de dégâts. Bel effort dans l'ensemble, cadre sublime, psychopathe comme il faut, et surtout musique excellente. Trois trucs moins bien quand même: les 20 dernières minutes = dans le noir genre filmé dans les chiottes du Barlok, un peu d'exagération niveau filtre sépia Instamapute et quelques moments un peu trop Tarantinouille - genre je-me-recoiffe-au-ralenti-avant-un-bracos-tandis-qu'on-entend-un méchant blues-thaïlandais


La prochaine fois, je viserai au coeur, Anger, 2014
Desierto, Cuaron, 2016
Carnage Park, Keating, 2016

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