Dans les brumes glaciales du mois
d'avril parfois se dresse l'espoir. Et parfois c'est la tronche du prochain
banquier à la tête de la France et on a tous envie de se tirer une balle à bout
portant entre les deux yeux. C'est la merde et vous voulez des vacances? Rien
de plus simple, devenez un fantôme! Vous pourrez toujours avoir des amoureux
virtuels, taper la discute avec votre sista et faire des calinous à vos
enfants, yo.
Her, c'est un peu l'histoire d'une relation fantôme. Ou comment une
technologie trop de la balle arrive à créer des AI (ici sous forme d'OS, on se
demande si quelqu'un s'est pas planté dans le scénar') qui sont trop naturelles
et qu'ont des voix qui sentent le sexe: trop ouf. Le pauvre Theo a une vie pas
si mal: il écrit des lettres d'amour pour des gens qu'il ne connaît pas, a un
appartement trop beau et une voisine hystéro trop mignonne. Ses fringues
craignent un peu mais bon. Est-ce une raison pour avoir envie de sortir avec un
fantôme in da cloud? Pourtant pas prévu, Théo s'achète un OS trop chou qui lui
écrit des morceaux de musique et organise ses mails: tout ce qu'on attend d'une
femme quoi. Il en tombe donc amoureux comme à 17 ans et décide de faire fi de
la morale et de tout le reste: son OS, il l'aime et il va le faire savoir. Le film
est super bien foutu du point de vue visuel avec une atmosphère un peu
futuristo-pastel dans des tons rose, mauve, bleu clair ce qui change des
ambiances métallisées habituelles, une bande-son un peu cotonneuse, des jeux
d'acteurs très retenus, un peu lents, des voix toujours un peu douces, presque
un chuchotement dans une lumière de fin de journée. Au niveau du scénario,
c'est parfois un peu étrange – surtout quand on pense à l'état des AI pour le
moment – mais c'est finalement plus une histoire de rencontre, de deuil, de vie
quoi.
Les relations fraternelle par
fantôme interposé, c'est Personal Shopper
un truc assez foutraque à la base mais en fait super cohérent quand on y pense.
Maureen est personal shopper pour une nana super riche qui n'a pas que ça à
foutre que s'acheter ses culottes elle-même. Un métier passionnant s'il en est:
aller chercher des fringues, ramener des fringues, choisir des fringues,
prendre le train avec des fringues, et regarder des photos de fringues. Hum.
C'est un job dont rêve un bon nombre de pisseuses/blogueuses de mode et
pourtant, pour Maureen, c'est un truc purement alimentaire. Son truc dans la
vie, c'est parler aux fantômes et surtout, celui de son frère jumeau, mort sans
prévenir à 27 ans. Vu comme ça, on se dit: what? Un film sur l'identité, le
deuil, le vide des existences modernes ET un film avec des maisons hantées et
des ectoplasmes qui apparaissent en faisant Bouh!? Mais comment? Hé ben oui!
C'est super bien fait et dans le fond très logique – à la recherche d'un fantôme
ou d'un signe, Maureen est une sorte de fantôme qui remplace une femme dans ses
fringues qu'elle ne la verra jamais porter, une femme d'ailleurs toujours
absente – comme un fantôme quoi – qui n'apparaît que par petite lettre laissées
ça et là. L'intrusion du fantastique est vraiment bien faite, avec une très
jolie tension, pas de raté dans le visuel ectoplasmique (je sais pas comment
dire ça autrement) et pas mal de finesse dans les émotions.
Dans Good Night Mommy, le fantôme c'est Maman.
Elias et Lucas ne reconnaissent plus leur môman après une opération esthétique (il faut dire
qu'elle fait un peu peur à la base déjà). Alors passer tout l'été dans une
bicoque style rêve mouillé de fan d'Ikea au milieu de la campagne autrichienne,
heu bof. Le doute s'installe et avec lui, des mauvaises idées: faisons-lui
cracher où elle a caché notre vraie maman. En voilà une idée qu'elle est bonne.
Dans un premier temps c'est un film qui fait un peu Haneke – des relations qui
ont l'air bien glauques entre une mère et ses deux fils, un peu d'hystérie
obsessionnelle, pas beaucoup d'affection et une ambiance familiale plutôt
pourrie dans le genre janséniste. Puis vient la bonne idée – faisons- lui
cracher le morceau et là on tombe dans un film plutôt gore, complètement fascinant
du genre qui te cloue dans ton pauvre fauteuil en répétant wtf mais wtf mais
wtf.
Des images très jolies super flippantes, avec des jolies idées de trucs flous en fond sur les murs qui contribuent à créer ce truc fantomatique au niveau apparence/identité (à voir avec le twist final, super joli coup!). Esthétiquement, c'est fort dans la lignée de Seidl qui produit d'ailleurs le film – plans fixes, verticaux, images brutes, sans mouvement ou grossissement. Un truc hiératique et froid avec très peu de mots.
Goodnight, momie! |
Des images très jolies super flippantes, avec des jolies idées de trucs flous en fond sur les murs qui contribuent à créer ce truc fantomatique au niveau apparence/identité (à voir avec le twist final, super joli coup!). Esthétiquement, c'est fort dans la lignée de Seidl qui produit d'ailleurs le film – plans fixes, verticaux, images brutes, sans mouvement ou grossissement. Un truc hiératique et froid avec très peu de mots.
Her, Jonze, 2013
Personal Shopper, Assayas, 2016
Good night Mommy, Franz & Fiala, 2015
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