lundi 1 mai 2017

Total freak

C'est parti d'une proposition indécente - le film Pieles - pour devenir un freak fest cette semaine - et pour une fois, pas tout à fait de ma faute, faut arrêter de me suggérer des trucs tordus, merde.

Dans le genre gluant, j'ai vu Hellraiser dont je pensais que c'était un jeu vidéo (??) mais en fait non. Steve et Julia ont bien de la chance: ils viennent de récupérer une super baraque en héritage, la chance! Comme souvent, la maison n'est pas en top état et la déco, pas trop ça. Entre les rats qui gazouillent et les asticots qui grouillent, c'est ambiance. D'autant plus que Frank, frère de Steve (et amant de Julia, c'est du joli) a laissé de ci-delà des trucs à lui dans la baraque avant de disparaître mystérieusement. Il a aussi laissé une partie de son ADN dans le sol, tiens, et va être ramené à la vie grâce au sang de Steve qui ne se doute mais alors là, de rien. A partir de là, le Frank est un truc plutôt gluant qui se met à retenter le coup avec Julia tout en lui expliquant un truc abracadabrant sur des Cenobites, un univers parallèle et des pratiques SM assez gore/ Mouais. En gros, il a accès à un autre univers dans lequel plaisir et douleur ne forment plus qu'un, mais qui est gardé par des types patibulaires avec des têtes chelous, dont mon préféré est sans aucun doute l'adipeux-cool:
Beau Goooosse!
Parce qu'on sait que toutes femmes sont des suckeuses pour n'importe quel type un peu ténébreux qui a mal à sa vie (et à son vit), Julia se laisse tenter par le diable et c'est le début de la fin. C'est pas mal fait, surtout les monstres, vraiment bien dégueu; par contre le truc de la boîte qui fait entrer dans un univers alternatif c'est un peu bof, on capte pas trop le truc SM - enfin c'est un peu torché n'importe comment.

Un poil au-dessus dans le bizarre, il y a The Greasy Strangler qui comme son nom l'indique, parle d'un étrangleur mystérieux recouvert de graisse bien gluante. Miam. Ronnie et son fils Brayden, un peu looser sur les bords, organisent des circuits touristiques consacrés à l'histoire de la disco, pipotant de ci delà des touristes en déroute. A part ça, ils mangent des saucisses grasses, du bacon graisseux et ajoutent un peu d'huile dans leur café le matin. La nuit, parfois, Ronnie se relève, se roule dans le gras, assassine un quidam puis passe au carwash se refaire une beauté. La routine quoi. Comme très souvent, arrive une femme dans cette dynamique bien huilée - et c'est le bordel. Janet, rencontrée au détour d'un tour, avenante et sympathique, commence par jeter son dévolu sur le fils pour se demander si le père n'est pas mieux membré (véridique Rivers). Pour l'intrigue, c'est à peu près tout: il ne se passe pas grand chose mais il s'en passe des belles. C'est difficile à décrire comme film, mais ça fait très très fort penser à du John Waters période Divine: des dialogues ultra plats déclamés dans un style de mauvais sitcom, des situations tendance scato, des personnages ultra-freak, pas mal de trucs sexuels un peu chelous et une petite musique qui fait ouin-ouin ( comme parfois dans Pecker). Au final, ça donne un truc plutôt drôle si on aime le wtf et les yeux qui font plop!

plop
Point de départ de ces tribulations, Pieles, truc de freak complet avec des fétiches sexuels bizarres, des détails anatomiques difformes, des sentiments gluants et quand même, au final, de l'amour - parce que c'est la vie! On suit en fait les tranches de vie de quelques personnages tordus, du dedans ou du dehors, qui se croisent, se touchent, se parlent parfois. Entre la fille qui a un anus à la place la bouche (et vice versa), la pute sans yeux, la fille au visage qui dégouline et le type qui rêve d'être une sirène, y sont mal barrés. Heureusement, le monde est bien fait et de freak à freak, on finit pas trouver un équilibre dans la névrose entre corps imparfaits et esprit vicieux. C'est un truc assez radical à plein de niveaux: ça va relativement loin dans le côté weird tout en se déclinant dans un univers complètement pastel, mauve et rose, avec des pulls assortis aux rideaux. Comme dans les deux films précédents, on se rend compte que les films de freak sont très souvent organisés autour du rapport au sexe et au désir (du  paragonique Freak à la saison 5 AHS qui s'amusait pas mal avec ça): pourquoi et comment on aime, on baise, on désire quand on est dans cette zone à la limite de la normalité tout en étant (quand même) humain? Que la sexualité soit un référent pour mesurer le degré de normalité et le centre autour duquel se cristallisent les questions de difformités, c'est pas nouveau et Foucault en parle sur des pages assez magnifiques ici - parce qu'on y revient toujours, à Michel.

Hellraiser, Barker, 1987
The greasy strangler, Hosking, 2016
Pieles, Casanova, 2017

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