C'est bientôt la fête des Mères: pensez à Môman autrement qu'avec un nouvel
aspirateur ou un bon de réduction pour se faire liposucer. Emmenez –la voir un
film plutôt, histoire de lui rappeler à quel point vous êtes un bon gamin!
J'ai enfin vu un film de Dolan, depuis le temps qu'on me les
brise avec ce type – et c'est pas mal. Mommy
raconte une histoire de relation mère-fils un peu zonards de la life.
Steve, ado un peu perturbé tendance schizo en déroute retourne vivre chez sa
mère après s'être fait jeter d'un énième centre pour cinglés. Pas super happy,
Diane se retrouve avec ce paquet encombrant; toujours à deux doigts de
l'implosion et fan de Céline Dion en plus (décidément, les ados, c'est vraiment
de la merde). Diane est aussi un peu à la ramasse, pas vraiment de taf, de
projet, de vie en gros. Là-dessus se greffe une voisine taiseuse prof en
burn-out qui a perdu l'usage de la parole. Hum. Départ pour une jolie tranche
de vie à essayer de recoller des morceaux d'un semblant d'existence pour des
personnages tous un peu largués, se démerdant comme ils peuvent avec leurs
névroses et leurs casseroles, ressoudant ce qui peut l'être avec des vieux
chalumeaux de récup. C'est très beau, parfois très bizarre, gênant, prenant,
difficile à comprendre, exagéré, surjoué, pas crédible; c'est toujours quelque
chose en tout cas, jamais chiant, jamais pédant et souvent pas loin de toucher
à du sublime. Il y a ce cadre en forme de carré parfait qui fait bizarre et
puis qui grandit parfois sans prévenir et
cette idée, si cliché et facile qu'elle puisse être, elle est aussi
sublime visuellement et absolument géniale.
Enfin voilà, c'est chou. Et c'est
triste, parce que c'est ça qui est beau.
The eyes of my mother
raconte aussi une histoire de fusion mère-fille qui se prolonge par-delà la
tombe, brrr. La jeune Franscesca voit par hasard sa mère assassinée par un
psychopathe qui passait par-là – comme souvent dans les coins paumés des
States. Eduquée depuis la plus jeune enfance à disséquer des têtes de vaches
mortes, Fransesca a même pas peur: elle aide gentiment son père à enterrer le
corps maternel et à enchaîner le cinglé
dans la grange. Mais toute cette violence, ça a quand même fait bobo dans le
cerveau à Frannie, même si elle ne montre rien. Le film se décline comme un
roman d'apprentissage en trois parties, dans lequel on assiste à l'évolution et
la maturation d'une petite fille dérangée en mode boîte noire. Aucune explication,
pas de voix off ou intérieure, quelques plaintes parfois qui expliquent et le
reste est silence, entrecoupée de fado portugais qui donne envie de chialer.
C'est très beau, très léché dans l'image, impeccable pour l'actrice principale
en madone ultra-gore rendue dingue par l'amour filial. Très joli noir et
blanc, pour une petite fable cruelle qui
fait bien mal.
Enfin, The falling
qui n'est pas tout à fait dans le thème mais où on trouve aussi une histoire de
relation mère-fille pas loin du focus du récit.
Le film raconte une histoire d'hystérie collective dans un collège
angliche om des petites jeunes filles se mettent à tomber dans les pommes à la
chaîne comme ça, sans prévenir. Je viens de finir The devils
of Loudun, relation étrange d'un exorcisme/hystérie de masse par le
cher Huxley et suis donc friande de toutes ces névroses collectives: c'est bin
chouette! Ici, on est plus dans une config' Picnic
at Hanging Rock, autre film dans lequel des petites anglaises tombent en pamoison sous la coupe du pouvoir phallique d'un gros rocher. Une
ambiance un peu étrange, des visions fugaces au moment de l'évanouissement, des
réactions en chaîne qui se font dans la lenteur d'un corps qui tremble et
tombe, le tout dans un cadre automnal qui donne envie de mettre ses hunter et
d'aller respirer l'odeur des sous-bois humides. Hum. Il y a quelque part dans
le cadre cette mère un peu dépassée par les événements, un peu bouffée par une
gamine en crise, mais qui sera finalement le point de résolution de l'histoire.
Pas mal dans l'ensemble mais on aurait aimé un truc un peu trash au niveau ambiance. C'est plus
promenade folkeuse en tweed – genre Keane
– quand ça avait le potentiel d'être dans l'esprit Crystal Castles. Mais bon.
Mommy, Dolan, 2014
The Eyes of my mother, Pesce, 2016
The falling, Morley, 2014
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