dimanche 7 mai 2017

Ecran total

Un peu dans le désordre pour un début de mois en vrac et dans l'incertitude générale: la démocratie sera-t-elle sauvée? Ce suspensme! J'ai vu un truc de vengeance qui me fait de l’œil depuis un moment, une dystopie agricole trouvée en passant et un truc plutôt fabuleux que j'ai failli laisser filer.

Je vois depuis un bon moment cette affiche dans le métro et comme elle est très bien faite, il n'y a aucune info pertinente dessus - réalisateur, acteur, nombre de cadavres. Comme je suis une fille débrouillarde et que je jouis de nombreuses heures de loisir au bureau, j'ai pris mon petit clavier et ai cherché: ce film est l'oeuvre de Arevalo, qui n'est autre que le flic badass de La isla minima. J'en vois des (un surtout) qui chouinent derrière son écran - haaa, ce film lent comme la mort, fait de plans sublimes quasi immobiles du delta du Guadalquivir, pas de dialogues, peu d'action, beaucoup de sous-entendus et de moues de cow-boy! Heureusement, Tarde para la ira n'a absolument mais alors absolument rien à voir - ni dans la forme, ni dans le fond. Sauf pour le côté cowboy badass, mais ça c'est trending en ce moment, suffit de voir la collection spring/summer de Zara qui a visiblement été dessinée par un cowboy daltonien schizophrène en pleine décompensation. Tout ça pour dire. L'histoire est simple: Jose traîne dans un bar et se fait poto avec une petite équipe - le barman, sa sœur Ana, sa femme Pili et tout le tintouin. Jose n'est pas qu'un type sympa: il essaye surtout de mettre Ana dans son lit, sans savoir que son mec sort de taule dans une semaine après  8 ans à l'ombre pour un braquage où ses potes l'ont laissé en plan. Pas cool. Alors après 8 ans, où en est la vengeance - et surtout, de qui viendra-t-elle? J'en dis pas plus, c'est pas bien. Construit par petits chapitres qui claquent, avec une image qui bouge beaucoup, très près des corps, nerveuse et sans beaucoup d'état d'âme, c'est carrément dans le western postmo plutôt que dans la contemplation. Une fin qui fait bien mal et qui fait pan. Ouille.

The White King raconte une histoire pas follement intéressante plantée dans une dystopie argicole pas des plus fofolles. Un petiot voit son père partir entre deux militaires un soir d'été sans en savoir plus. S'ensuit l'attente, les questions, l'ostracisation et la mise à l'écart. Il ne se passe pas grand chose, si ce n'est les trucs habituels d'une dictature: les flics sont partout, y sont méchants tout plein, les chefs ont des supers bagnoles et de pralines Léonidas, et la moindre petite blague mal placée t'envoie en zonzon. Rien de bien surprenant donc, sauf à un moment, une rencontre au pied d'une décharge qu'on croit qu'elle va mener le scénario ailleurs mais non. Au final une fin un peu meh dont on voit pas trop l'intérêt. Jolies images ceci dit, pas nul dans le visuel dystopique, musique un peu arty. Mouais.

J'ai failli pas regarder Get Out parce que je croyais que c'était une rom'com - ça commence un peu comme ça: un jeune garçon va passer le weekend chez ses beaux-parents et découvre qu'ils sont bien différents de ce qu'ils prétendent - avouez que ça pue la comédie choupinou avec Robert de Niro en père italien en chemise hawaienne. En fait, trop pas. Chris, jeune black de son état, passe le weekend chez les Armitage, des gens extrêmement blancs et un peu chelou à la longue. Ils organisent justement une soirée, tiens, avec pleins d'amis, dis donc! C'est dommage d'en dire plus, le film est hyper bien foutu avec une composante horreur certes mais une longue prépa qui prend la plus grosse partie du film et qui est elle beaucoup plus flippante, grinçante parce pas trop loin de ce qui se passe en sous-main dans les rapports blanc/noir aux States aujourd'hui. Une forme bizarre de mal-être, des relations de surface très normales mais qui craquent un peu au niveau des coutures. Après, ça part en délire pur et plutôt chouette sur un thème que j'adore mais que je ne dévoilerai pas, pour se finir dans un bon bain de sang comme on les aime.


Tarde para la ira, Arevalo, 2016
The white king, Helfrecht & Tittel, 2016
Get out, Peele, 2016

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