samedi 20 mai 2017

Ecran total

Histoires de famille, trucs cosmiques et gros comiques; n'importe quoi et dans le désordre.

Je poursuis ma découverte de Dolan et je suis déjà un peu déçue (bouh) par Juste la fin du monde qui me laisse un peu meh. Ça raconte le retour difficile de Louis, écrivain réussi dans une famille un peu plouc qu'il pensait avoir laissée derrière lui. Retour d'autant plus compliqué qu'il est le dernier puisque Louis va mourir (nous aussi, et on n'en fait pas une tartine pour autant, hein). 12 ans de silence, de frustrations, de questions sans réponse et de cartes postales comme des petits cailloux: c'est pas grand chose et difficile à dire en 2h. Tout est un peu hystérique, criard, tendu et parfois difficile à regarder. Il y a ce style de Mommy qu'on retrouve dans la surenchère qui laisse parfois un peu dérouté mais avec une écriture différente, théâtrale puisqu'il s'agit d'une adaptation d'une pièce de Lagarce, texte éponyme que je n'ai jamais lu mais où on reconnait le dramaturge à cent à l'heure, que ce soit dans la forme ou dans le fond. C'est beau à lire mais parfois dur à entendre, ici, ça tire un peu, ça pèse parfois. C'est aussi très beau à plein de moments - en fait c'est difficile à comprendre, une émotion compliquée à décrire qui plane comme ça. Photographie géniale par contre, avec parfois ce côté clipesque de sale gosse. Beau mais aussi.

Famille pourrie, c'est par ici: Maps to  the stars qui me réconcilie un peu avec Cronenberg que j'avais lâché après l'adaptation bousesque de Cosmopolis - pas tenu plus d'une demi-heure - et qui refait un truc un peu bien: y a des déformations corporelles, des trucs organiques qui pointent sous les névroses même si ça reste un peu fade par rapport à ce qu'il a pu faire. L'intrigue est difficile à résumer sans trop en raconter: Agatha débarque à Hollywood pour y faire on se sait pas trop quoi et son monde rentre en collision avec celui de quelques exemplaires d'humains névrotiques qui y vivotent - actrice vieillissante, gamin grandi trop vite, mère maquerelle et psy tendance pipeau/new age. Tout ça n'est pas par hasard car il plane une histoire de famille, de feu et de secret honteux qui se vit dans la chair cramée. C'est parfois un peu lourd, parfois énervant, mais globalement ça tient la route et c'est un bel ensemble de cinglés, plutôt joli à regarder. 

Encore un peu plus près du ciel et de la perfection: Paradise/Hope, troisième volet de la trilogie de Seidl, observateur génial de la difformité, des anormaux, des trucs chelous un peu gluants qui traînent dans les coins de la conscience collective. Ici, on suit Mélanie, petite boulotte de 13 ans envoyée en camp d'amaigrissement au milieu de la verte Autriche pendant que sa mère se tape la cloche au Kenya. Le reste est une tranche  de vie d'une adolescente banale en somme - amour un peu incestueux, première cuite, discussion sur la pipe (pour ou contre et quoi faire après) et coup de fil en détresse à Môman (qui visiblement s'en cogne complètement). C'est toujours sublime dans l'image, un travail sur des plans immobiles, découpés à la hache avec des lignes partout, souvent verticales, un travail d'architecture de chaque plan qui se fait sans donner l'impression de poser. Pas de commentaires, peu d'explications comme souvent, pas de bande-son pour savoir où on en est dans l'émotion, c’est de l'enregistrement qui se fait dans du frontal parfois à la limite du malaise tellement c'est complètement freak ET normal en même temps, en jouant sur ce petit point de réel qui perce l'image et qui vient titiller l’œil. Voilà quoi.Mention spéciale au mulet du prof de gym: Monsieur, votre courage vous honore.
Das groß mulet
Juste la fin du monde, Dolan, 2016
Maps to the stars, Cronenberg, 2014
Paradies: Hoffnung, Seidl, 2013

Aucun commentaire: