mercredi 24 mai 2017

Ecran total

On a souvent dit que les psychopathes étaient ceux qui avaient les meilleures chances d'être super successful – il semble aujourd'hui qu'il suffise d'être simplement demeuré complet et de n'avoir aucun surmoi, comme le prouvent ces deux exemplaires de grosses merdes. Dès lors, que faire de votre existence si vous êtes un gros sociopathe? C'est simple comme une inscription chez Actiris: recyclez-vous! Devenez mathématicien brillant, prisonnier flippant ou encore charpentier gluant!

Coucou
J'avais déjà vu Pi mais je ne m'en rappelais guère – probablement parce que je n'avais rien pipé au film, si ce n'est que le monsieur a beaucoup mal à la tête et un gros complexe de Fibonacci. En le revoyant, on voit mieux d'où viennent certains tics de montage de Requiem et surtout les thématiques qu'on retrouve un peu partout chez Aronofsky – paranoïa, obsession, somatisation et le classique je-suis-trop-génial-pour-être-normal-et-j'en-souffre-sortez-moi-de-là. Pi raconte donc l'histoire de Max, mathématicien/trader qui fait joujou avec son ordinateur trop vintage (il est un peu hipster) pour essayer de trouver des pattern dans les chiffres. Pauvre Max, tout le monde le fait chier – entre des kabbalistes fous qui font de la topologie de la Torah, des responsables RH à grosses épaulettes qui font du recruting sauvage et sa gentille voisine qui le gave de samosa, pas moyen de réfléchir peinard. Vient un moment de crispation où tous ces signes finissent par faire trop pour la tête à Max qui commence à partir en vrille. Belle descente aux enfers qui se termine par un splash sur le miroir avec un putain de rythme, des répétitions en boucle d'images/séquences, des plans très près, très rapides, dans du N/B bien granuleux comme on aime. Parfois un peu hystéro dans le jeu peut-être.

les
Bronson est un truc trouvé par hasard (je crois que j'ai confondu avec Manson en fait) mais que j'ai surtout regardé pour le très succulent Hardy qui passe une bonne partie du film un peu voire beaucoup à poil (film carcéral oblige). Hardy est ici Bronson, prisonnier rosbif super célèbre (ha?) à grosse moustache et psychotique à l'avenant. Raconté comme un one-man show avec flash-back sur un parcours un peu, disons, chaotique, on suit l'histoire de ce type tout chelou – de petit braquage à prison en passant par l'asile, c'est bath. J'avais juré de ne plus rien regarder de Refn après la bouse de Neon Demon mais bon, je me suis dit "Hardy, petit" et voilà. Au final,, c'est pas trop mal, très Drive musicalement, très clippé visuellement – grand espaces vides, plans immobiles, personnages en mode automatique, travail sur la composition des plans comme des tableaux – et ça reste regardable voire joli parfois. Au niveau du jeu, pas mal foutu, assez convaincant niveau grand malade – le dispositif "théâtre" est par contre un peu lourd (on voit pas trop le rapport avec le fond, si ce n'est la manière très immobile de filmer. Mais alors, on aurait même pu aller vers une scène d'opéra (genre)). Bref. C'est pas mal, c'est une histoire et une info intéressante à avoir (il y a des gens tarés en prison et ils ont des belles rouflaquettes).

cinglés!
Le dernier taré est le taré mystère de Savage Weekend, super-slasher/triangle amoureux, à mi-chemin entre Antonioni (pour les couples qui se font et se défont) et Tobe Hooper (pour les tronçonneuses et outillages divers). Marie, fraîchement divorcée, se tire en weekend avec son mec, sa sœur et son pote gay. Des trucs un peu sexuels se passent avec des types locaux, qu'on comprend pas bien et y a du fricotage dans les buissons. Il y a aussi une autre histoire, celle d'Otis, réparateur de bateau à l'air bien cinglé qui semble vouloir se venger d'un truc  (mais quoi?) sur quelqu'un (mais qui?). Tout ça finira dans le sang mais pas forcément comme on croit. C'est pas mal car pas forcément que du gore (même s'il y en a quand même, hein). Ça cherche à créer des tensions à d'autres niveaux notamment entre habitants de la ville et pauvres ruraux, ainsi que des trucs qui enrayent un peu la mécanique des rapports à un niveau amoureux chelou. Jolie idée de scie circulaire et belle attaque à la tronçonneuse.

Pi, Aronoksfy, 1998
Bronson, Refn, 2008
Savage weekend, Paulsen, 1979

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