Cette semaine, plein de films
avec des meufs dans le titre parce que quand, même, quelle consécration, quel
bonheur que d'être des muses de réalisateurs en chaleur, n'est-ce pas mesdames?
Evidemment, un film, une fille, c'est pas toujours win-win, surtout pour la
fille en question: voiture qui tue, AI qui zigouille et alcoolo en vadrouille,
merci pour elles, vraiment.
La bagnole qui tue, c'est Christine, un film à montrer à tous les
mecs qui conduisent leur bagnole comme si c'était la prolongation de leur
phallus: faites gaffe, elle aussi finira par vous la couper! Adapté du roman de
Stephen King, c'est une histoire très King: ado brimé, pauvre nerd qu'on lui
fait tomber ses lunettes meets être surnaturel qui va l'aider à devenir méga
badass et se venger de tout le monde sauf que patatra, l'être en question finit
par être suffisamment nourri de haine pour prendre son indépendance, ouvrir ses
ailes, et voler vers le large comme le bel oiseau qu'il est, snif. C'est
émouvant. Arnie, jeune geek aux parents un peu cathos cinglés sur les bords, se
trouve une bagnole qui va l'aider à devenir un homme: elle est belle, elle
rutile et elle s'appelle Christine. Du coup, Arnie perd ses lunettes et devient
super BG, il s'achète une veste en cuir et se tape la nouvelle méta-bonne qui
suçotte son crayon en bibliothèque. Mais c'est sans compter sur les méchants du
lycée qui comme ils n'ont jamais lu King, ne se doutent pas qu'il faut arrêter
d'emmerder un geek quand celui-ci est en mode revanche sur la vie. Ils s'en
prennent donc, malheur, à Christine, ce qui rend Arnie tout rouge et tout
fâché. La voiture, elle, va bien, puisqu'elle se régénère d'elle-même. Trop
pratique! S'ensuite des courses poursuites, des explosions, des regards qui ne
trompent pas. Le tout est très bien foutu surtout l'aspect musical: il y a une
histoire en sous-main sur le rock'n'roll et son côté entêtant et mortifère
(c'est la zique préférée à Chrichri) dont la conclusion sera sans équivoque
" God, I hate rock'n'roll". La bande-son est d'ailleurs une des
meilleures de Carpenter, toujours dans les bonnes mélodies synthétiques mais
avec un petit truc de rythme qui cogne derrière (pour aller fort dans la
voiture avec les ampli tuning ou quoi?).
L'AI qui tue, c'est Morgan, une petite créée à partir d'ADN
synthétique et élevée dans le plus grand secret dans une super baraque de
bâtard au fond des bois. On se pose plein de questions sur elle: est-elle un
être doué d'émotions? Va-t-elle se remettre à crever les yeux des gens quand
elle n'est pas d'accord avec eux, comme elle en prend le chemin? A quel âge
aura-t-elle ses règles? Qui sont ses amis sur Facebook et surtout, quels sont
leurs réseaux? Pour tout cela, une équipe de scientifique + un spécialiste des réseaux
sociaux diplômé de l'UCL l'encadrent afin de mieux la comprendre. Mais
Corporate, qui est un grand truc très méchant qui n'en veut qu'au fric, se
demande s'il ne vaudrait pas mieux tout simplement éteindre Morgan, un peu
comme moi quand ma VM implose pour la troisième fois en deux heures. Ils
envoient donc une experte super froide et calculatrice afin de faire du risk
assessment. Une mission qu'on aurait dû évaluer au niveau du risque avant de la
lancer (du meta-risk assessment disons), car elle s'avère effectivement risquée.
On traite de beaucoup de choses dans ce film, pas forcément de trucs très
nouveaux (être ou ne pas être un robot? Qui vit, qui ne vit pas? Peut-on
vraiment crever les yeux des gens qu'on aime pas? Et si on était en fait genre
TOUS des robots?) et pas forcément très en profondeur (débat = trois lignes de
dialogue). Mais on est plus là pour la fight que pour se chier un Hamlet bis
donc, pas grave. De ce côté-là, c'est bien, très bien foutu: super bagarres (de
filles! Hiiii!!), chouettes face-à-face tendus, jolis contre-champs et mignonne
atmosphère claustro. Ça va vite, très vite, avec des moments plus mous zet
choux mais dans l'ensemble très gai.
La dernière muse de notre tableau
n'a même pas de nom, puisqu'il s'agit juste de The girl on the train. Non mais ho! Quoi ici? On a des noms, hein.
Bon, ici, le titre mystérieux, c'est parce que c'est une affaire super
énigmatique. Rachel, fraîchement divorcée qui profite un peu trop de la vie, a
le sentiment d'assister, à la fenêtre du train, à un meurtre. Enfin non, à une
bête infidélité mais bon de quoi je me mêle. Le problème, c'est que Rachel est
un peu toujours super bourrée, du coup, pas évident de savoir ce qu'elle a vu
ou pas, c'est ballot. Cependant,
l'esprit d'un alcoolo étant toujours suffisamment monomaniaque pour ne pas
lâcher l'affaire, Rachel va se mettre sur le coup quand un meurtre est commis.
Et va découvrir plein de trucs, dont beaucoup de choses sur elle-même qu'elle
ignorait (pas difficile quand une partie de ta vie se passe pendant des trous
noirs). Suspensme! J'ai vu passer le mot Gone
Girl pour parler de ce film: heu, je sais pas. Alors oui, il y a une girl
et il y a une gone et il y a un truc-qu'on-dirait-pas-que-c'est-ça-mais-en-fait
mais pour le reste, je vois pas le rapport. C'est par contre vachement bien
fait comme adaptation de roman. Suffisamment de voix off pour reprend la voix
narrative, sans que ce soit lourd, suffisamment d'élément visuels sans que ce
soit redondant – ceci dit, je n'ai pas lu le livre, donc difficile à dire.
Christine, Carpenter, 1983
Morgan,
Scott, 2016
The girl on
the train, Taylor, 2016
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