vendredi 5 juillet 2019

Total conspiration

En cette période de grosse canicule et donc de grosse conspiration, des gentilles séries plein de méchants cachés, de secrets d'état et de types louches qui effacent leur traces derrière eux.

Tchernobyl, je n'avais pas follement envie de la voir, mais j'aime des images vintages et les paysages postpocalyptique post-sovétiques. Alors bon. C'est en somme pas trop mauvais, ça ne verse pas trop dans l'anti-communisme primaire qui semble démanger le cinéma US en ce moment (hasard du calendrier? Je ne pense pas.) Donc ça tape plutôt du côté de la Vérité, cette chère amie que l'on croit toujours tenir au moment où elle nous échappe (c'est beau, je sais). Certes, l'incident de Tchernobyl a l'air d'avoir été un sacré foutoir. Certes, la gestion n'a pas l'air démente. Mais si un truc pareil se produisait aujourd'hui, au hasard, à Tihange, je ne suis pas certaine qu'on s'en sortirait mieux (déjà qu'on a perdu les plans, haha). Mais je m'égare (c'est la chaleur). La série tape donc bien sur l'idée de vérité: tout le monde ment et c'est très mal. A force, on finit par faire des conneries. La narration n'est pas mauvaise en soi, passée à la moulinette d'un Hollywood qui ne comprendra sans doute jamais rien à une société qui échappe à l'idée d'individu et qui place le collectif au-dessus. Du coup, ça héroïse à tout va, ça dramatise par le petit bout de la lorgnette, ça réindroduit la petite histoire dans la grande et tout ça. Ca donne quelque chose de très romantique finalement, avec une fin tragique mais qui s'insère tellement bien dans dans le paysage hollywoodien que c'est un peu gênant: encore un truc cool que les Yankee ont piqué aux Russes! Suffit de voir les hordes d'instadébilos qui se précipitent depuis sur le site afin de faire eux aussi partie de l'histoire mondiale de la connerie. Le réalisme visuel est par contre hallucinant, la recherche documentaire bien faite et semble complète. Un peu dommage du coup de manquer d'imagination à ce point-là au niveau construction, de s'être contenté d'absorber complètement une histoire somme toute très soviétique dans un paradigme hollywoodien pour en faire un tire-larme assorti d'une pseudo sonnette d'alarme du niveau d'une moral d'un épisode de Trotro. 

Aussi avec des conspirations mais beaucoup plus réussi, c'est The patriot, un genre de Homeland écrit par les frères Cohen pour faire court. John est un espion américain qu'on envoie en deux temps trois mouvement dasn une opérations de financement secret d'un candidat iranien. L'idée est assez simple (et expliquée dasn une scène de 5' montre en main), il s'agit de filer du fric au candidat du bien pour éviter un candidat du mal au pouvoir. Fastoche. John doit donc se trouver une couverture et pour ça, se faire engager par une entreprise de tuyau basé dans le Midwest afin de se rendre au Luxembourg pour filer tout simplement un paquet de fric (littéralement) à un mec qui l'acheminera ensuite en Iran. Trop simple me direz-vous, c'est un plan qui tient à peu près 20' dans une série d'espionnage habituelle. Sauf que. John n'est pas super vaillant. Et pas hyper réveillé. Et pas un très bon espion d'ailleurs. Et puis tout foire. Il se fait à moitié griller. On lui pique son sac. Il est nul en tuyaux. Et de fil en aiguille, un truc qui devait être réglé en deux coups de cuillères à pot devient une intrigue complètement délirante, où chaque noeud devient plus noueux au fur et à mesure. Autour de John, on trouve son père, figure assez flippante et bien culpabilisante, limite atroce derrière l'air bonhomme et bienveillant. Son frère, comique pataud un peu mou du genou mais tendre jusqu'à la moelle et fan de training Jackie Chan. Il y a aussi une ribambelle de personnages tous aussi hétéroclites, bizarres, rassemblés là par hasard et qui donnent à l'histoire cet aspect complètement bizarre, désorganisé mais surtout hyper humaine. En fait, c'est une histoire super touchante, probablement la première fois que je vois un truc d'espion qui touche à quelque chose de tellement humain, chacun avec ses imperfections, ses limites et son absurdité. Il y a des frères Coen dedans, dans le genre des personnages de losers un peu mou sans pathos comme on en trouve dans A serious man ou Miller's crossing. Quelque chose aussi de cette inertie de gens trop fatigués par la vie pour faire un geste. De longs plan qui laissent venir les choses sans chercher à presser l'action. Pleins de petits moments drôles dans des détails de l'action, dans des images, des rencontres. C'est parfois contemplatif mais jamais chiant, toujours superbe autant dans l'image que dans le jeu des personnages. Ca tourne beaucoup autour du folk niveau musical mais, surprise, même ça ça n'a pas réussi à me refroidir. Plein d'amour et de gros poutou pour une première saison extra. Je crains un peu la deuxième d'ailleurs (c'est toujours mieux la première fois).


Dernier truc d'espion planqués qui font des mauvais coups, c'est Deep state, qui avait l'air bien cool quoique moins intello mais qui promettait des baston et des heures de supputations délicieuses (et avec Walton Shane-the-Shield Goggins qui joue sans doute un méga ripou). On a honnêtement tenu trois épisodes et on s'est un peu forcés sur la fin. C'est un peu Homeland mais réécrit par Donald Trump (pas pour l'idéologie, pour le côté scénario écrit par un personnage Duplo). Un type qui n'a plus servi depuis perpet et qui coule une vie tranquille en France, aux côtés d'une épouse française qui a un putain d'accent chelou et un frère qui doit sans doute écouter Manu Chao casse-couille à fond, se voit proposer de reprendre du service. Genre. Il accepte mais en fait il veut pas mais en fait y'a son fiston dans l'histoire. Bon. On découvre un genre d'enroule dans les trois première minutes, quelque chose est louche. On est en train de le piéger en fait (bah tiens). Des types en cravate à Washington essaient de couvrir leur cul pour des affaires conclues avec régimes ennemis mais amis du pétrole et vont pour ceci sacrifier de courageux espions qui ne sont au courant de rien et sont des bons gars dans le fond. Pendant ce temps, la pauvre meuf à Bidule fuit le sud de la France car elle est poursuivie par des types qui veulent aussi la buter (genre elle a vu une vidéo, en plus avec son frère Greg-le-chichon) et donc voilà. Pff. Un scénar' cousu à la grosse ficelle bien rouge bien voyante, des personnages d'une épaisseur inversément proportionnelle à la taille des poutres utilisées pour faire marche l'action, un gros tas de muscle rasé comme héros principal: on redira encore Merci à Fox (bah tiens) de nous avoir faire perdre ces heures, à tout jamais envolées.

Tchernobyl, 2019
The patriot, 2018
Deep state, 2019

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