lundi 5 novembre 2018

Total Netflix

Quoi de neuf sur Netflix ces derniers temps? Hé bien tout un tas de films ultras burnosses, en mode grand silence viril et ellipses subtiles (ou pas).

Il y a d'abord Hold the dark, de ce cher Jeremy Saulnier qu'on a connu en meilleure forme. Rappelez-vous, c'était ce film assez cool sur un barbu hispter qui revient buter les méchants qui ont tué toute sa famille. C'était la belle époque. Hold the dark donc, raconte une histoire sombre de spécialiste de loup venu au fin fond de l'Alaska pour venger un petiot tué par un loup. On voit donc ce bon monsieur arriver chez une mère un peu au bout et partir à la chasse au loup tout seul. Il ne se passe pas grand chose et il finit par revenir. Pour se rendre compte que le meurtrier était ailleurs, tadaa.
Bon, c'est difficile de ne pas trop en raconter, mais tout ce qu'on peut dire c'est qu'à partir de là, ça part en méga-couilles avec très peu d'explications sur le pourquoi du comment. Des mecs complétement cinglés se mettent à buter tout le monde, en mode traqueurs du coeur, des flics se font canarder comme des petits cochons, et ce vieux trappeur de loup zone à la périphérie de tout ça sans qu'on comprenne bien pourquoi il est toujours pas rentré chez lui se faire un chocolat chaud. Bon, ça saigne d'un peu partout, dans de grands paysages blacs paumés et c'est donc pas mal, dans l'esprit. Mais. Il y a un peu trop de trucs qui sortent de nulle part et surtout une fin incompréhensible vu le reste de l'histoire, un forçage sur le côté "nature rebelle et justice redneck de fin du monde". Sinon c'est joli.

Il ya aussi The bad batch, un film dans lequel un orchestrateur en VB6 qui tourne sur un serveur Win2000 se met à envoyer des attestations maléfique à des institutions dans des formats chelous, provoquant mort et destruction dans les administrations belges. Non je déconne. C'est donc un monde dystopique dans lequel les gens pas gentils (ceux qui continuent à développer en VB6 par exemple) sont envoyés dans une zone désertique hors des lois zaméricaines; un endroit un peu foufou donc. Une meuf, dont je n'ai pas retenu le nom vu l'engagement qu'elle met à être une actrice, se retrouve dans ce truc donc et se fait direct choper par des cannibals sanguinaires et fan de body building. On assiste d'ailleurs à une scène super super weird, en mode clip proto gay circa 80's avec du muscle, de l'huile corporelle et des amis torse nu qui font des barbecues dans le désert. La routine quoi. Bon, cette meuf va finir par se tirer et atterir dans un endroit vaguement hippie, plein de freaks qui construisent des abris dans le désert et font des fêtes sous ectasy avec des loupiotes dans tous les sens. Ca vous fait penser à quelque chose? Bah oui, il s'agit donc d'un long clip sur le Burning Man, avec une histoire comme prétexte. C'est franchement fatiguant, de manquer à ce point de scénario, de texture, de dialogues. C'est épuisant de se taper 150 plans hyper bizarres de trucs dans le désert en relecture fluo de Mad Max. On ne comprends pas trop où va tout ça - en fait, nulle part! Et c'est sans doute ça le fond du film! 

Il y a enfin You were never really here, petit film de suspemse pas mal du tout. Présenté comme le Taxi Driver des temps modernes, il faut cependant se calmer. D'accord il y a un vétéran et il est un peu dingo mais on n'est pas non plus à ce niveau. Joe, un type pas commode à grande barbe qui sent les problèmes est un taiseux. On le voit taper sur des gens sans un mot, encaisser des petites enveloppes sans moufter et s'occuper de sa mère sans chouiner. Parfois des flash de désert à peine perceptible. Tout ça est très mystérieux. Arrive un contrat original - récupérer la gamine d'un sénateur qui s'est fait enlever et plus ou moins mettre sur le trottoir. Pourquoi faire appel à Joe qui a l'air assez uncool plutôt qu'à la police, très bonne question. Que se passe-t-il ensuite, va savoir. Tout est très suggestif et pas vraiment expliqué. On comprend deux-trois trucs et on suppute le reste. C'est assez beau dans les images, plutôt intéressant dans le mutisme et l'immobilité; assez stylé. La bande-son est au niveau aussi, très électrique mais plus dans des sons saturés filés et des nappes. Pas mal du tout.

Hold the dark, Saulnier, 2018,
The bad batch, Amirpour, 2018
You were never really here, Ramsay, 2018

dimanche 2 septembre 2018

Total netflix

Petite série Netflix, avec de la SF familiale, un petit huis-clos de saison et un truc vaguement mathématique qui se loupe un peu.

Un petit SF familial c’est Extinction. J’avais été refroidie par le pitch qui mentionnait « un père de famille prêt à tout pour  protéger sa famille », parce que ça fait beaucoup de fois le mot famille dans une seule ligne mais on m’a un peu forcée (ça et l’état de mon cerveau après une journée dans les entrailles du services public). Bon, il s’agit donc de Machin dont le nom n’est pas important et qu’on appellera donc le Père de Famille, seule chose à retenir, vit une vie plutôt sympa, entouré de sa femme super bonne et de ses deux gamines trop choues. Parfois, il a des visions chelous mais bon, des petits retours d’acides, ça arrive à tout le monde.  Quand tout à coup, un soir, un train ! Des trucs descendent du ciel en mode attaque de l’enfer. Des streumons tout bizarres avec des casques aux formes étranges et super pas ergonomiques qui ne nous font pas oublier cependant, que sous ces armures se cachent sans doute des êtres humains (on a d’abord cru que c’était par radinerie en termes d’effets spéciaux mais en fait non !). Notre cher PDF va donc se mettre à protéger sa famille à tout va contre des trucs qui ont l’air genre 100 plus forts que lui. Ranafoutre.  C’est pas du gâteau, d’autant plus qu’il doit être pourvu des enfants les plus débiles du monde, qui passent leur temps à vouloir récupérer leur doudou en plein milieu d’explosion dans tous les sens mais qui du coup offrent au PDF autant de façons de montrer qu’il est prêt à tout pour sa famille au QI d’huître. Tout ça en ayant ses visions zétranges qui nous font dire que la vérité est sans doute ailleurs. Le twist est intéressant,  même si soyons honnêtes, en cette période de suçage de Philip K. Dick à tout va, on n’est pas non plus méga surpris. 

Un petit huis-clos c’est Don’t breathe, histoire d’une home invasion qui tourne mal – sujet RTL du moment d’ailleurs. Trois petits jeunots, à la vie à la mort, font des maisons pour se faire des sousous. Il y a la blonde à la vie difficile, fragile mais dure à l’extérieure comme un Kinder Bueno, son meileur-ami-poète-secrètement-amoureux-d’elle et son mec (à elle), futur gros connard débordant de masculinité toxique (parce que les filles préfèrent les connards, comme ça a été prouvé par la science à de nombreuses reprises). Tout ce petit monde fini par préparer son dernier coup (le dernier, promis) chez un ancien marine super badass mais un peu vieux et aveugle. Ca va être du gâteau, tu penses, un ancien soldat à moitié cinglé, avec un chien de 60 kilos, ça ne peut QUE bien se passer. Evidemment, le vioque s’avère être un redoutable ninja sans yeux dès qu’on s’attaque à son magot (il a un magot caché sous son matelas, rapport à sa fille qui s’est fait buter par une pouffe en bagnole). Pim, pam, poum : ça castagne pas mal et au final, on découvre des choses sur ce vieux qui n’est donc pas le vieux monsieur tranquille qu’on s’imaginait. Pas mauvais, mais pas remarquable non plus. On y retrouve le petit jeune super énervant de 13 reasons why qui a sa bête tête d’ado dramatique (même en plein braquage). Pas beaucoup de finesse dans les personnages, quand même un peu cliché (et un peu cons aussi). Le vieux démoniaque est plutôt pas mal. Le chien fait très peur.

 Et enfin,The warning, une histoire de thriller mathématique foireux, genre de Pi du Aldi qui fatigue un peu. On s’est laissé avoir un jour de gdb sévère, l’oeil morveux glué à l’écran et le cerveau en grumeaux, y’avait une référence à The fury of a patient man, très bon thriller de vengeance vu il y a deux ans et l’autostart de Netflix a fait le reste. Alors. David est tout content, car il va marier sa meuf. Il raconte tout ça à Jon, son meilleur pote, qu’on comprend en deux minutes qu’il est en fait amoureux d’elle secrètement (décidément) et ils partent acheter des glaces. Et là, pif pam, poum, c’est la cata : le pauvre David se fait canarder et tuer. Jon, mathématicien super fort en calcul mental, se met à chercher une loi des séries foireuse lorsqu’il apprend qu’un autre meurtre a eu lieu au même endroit plus ou moins au même moment. On suit en parallèle l’histoire d’un petit gamin, famille monoparentale qui galère, qui a peur de se faire buter un certain jour dans un certain lieu à cause d’un mystérieux avertissement. Me dis pas que ces deux histoires vont pas se rejoindre didon ! Et bien oui. Jon fait plein de calcul de fou, on voit qu’il devient cinglé car il colle des papiers bizarres sur son mur avec des liens en fil rouge entre les différents papiers. Comme il ne prend pas ses médicaments, il a aussi des insectes en 3D dégueulasse qui lui collent aux yeux, pouah. Tout ce bordel pour débusquer un principe mathématique que même Nabilla aurait pu comprendre. Mouais. Le reste n’est que suspense, et un peu chiant aussi. C’est, comme souvent, honnête dans l’intention. Mais suffit-ce ? Non.

Extinction, Young, 2018
Don’t breathe, Alvarez, 2017
El aviso, Calparsoro,2018

lundi 20 août 2018

Ecran total total

Un peu soupé de Netflix, je suis retournée au cinéma, le vrai, le grand, avec des popcorn et des gens qui se trompent de films. Je me suis fait bien peur et puis je me suis fait bien mettre une claque.

Je n'avais rien lu de précis sur Hereditary mais j'avais bien vu du coin de l'oeil que c'était un de ces film d'horreur malin, ultra calibré un peu intello mais pas trop et que j'allais aimer. Bon, A ghost story aussi et c'était finalement super casse-couilles donc on peut se planter. Mais là pas du tout. J'ai flippé comme une ado de 14 ans, agrippée à mon siège à peu près du début à la fin. Alors le film est plutôt simple: histoire d'une famille finalement assez normale, névroses comprises, en deuil d'une grand-mère dont on sait peu de choses. Annie, fille de et mère de famille, se recompose tout doucement dans cette nouvelle configuration. Ses enfants, un ado rebelle et une fifille pas loin du spectre, font ce qu'ils peuvent pour ne pas se faire trop chier. Le mari suit tout ça avec obédience. Jusqu'à un accident assez dégueu qui fout ce qui restait en équilibre par terre. A partir de là, tout le monde devient un peu cinglé et plus si affinités. Un tas de trucs non-dits qui ont passé la première heure à couver vont se mettre à sortir sans tous les sens et ça fait assez flipper. Le film est vraiment terrifiant et arrive à le faire de deux façon différentes. La première partie est plus de l'horreur immobile, ordinaire, des rapports de famille super glauques, une mère névrosée hyper flippante même si relativement "normale". La deuxième partie fait flipper genre BOUH et c'est super bien fait. Bon, l'aspect grand écran et silence religieux fait beaucoup mais quand même. Il y a toute l'horreur contenue de la première partie plus une montée dans psychose familiale qui double l'horreur visuelle, classique. On sort de là en ayant peur des gens qui font chpoc avec leur pouce dans leur bouche, c'est dire.

L'autre bonne surprise, c'est Under the silver lake, de ce cher Mitchell dont on avait beaucoup apprécié It follows. Ici, point de film d'horreur, mais un thriller en forme de film noir un peu post, un peu slacker, un peu hipster, un peu tout en fait. Sam, beau glandeur à la bouche molle devant l'éternel, tombe amoureux de Sarah, sa voisine bimbo neurasthénique à petit chien mais néanmoins blonde comme les blés. Las, à peine rencontrée, Sarah disparaît sans laisser d'adresse. Sam, qui n'a visiblement que ça à foutre, se met à sa recherche en mode chasse au trésor conspirationniste. J'avais vu de loin une critique qui faisait référence à LA Confidential, et c'est effectivement le cas. Je ne sais pas si on faisait référence au film ou au livre, mais en ce qui concerne Ellroy, c'est en plein dedans. Cette errance un peu désabusée, pas loin de l'hallucination, d'un type pas bien droit, tombé amoureux comme par malheur (Cherchez la femme) et qui déroule sa petite enquête entre complot paranoiaque, filles éthérées porteuses d'indices malgré elles, déchiffrages délirants de codes absurdes, figures noires qui attendent au coin des parcs: c'est tout ça. Avec par contre un truc tout à fait contemporain, une sorte de "meh attitude", un genre de nonchalance qui rend tout équanime et rien important. Comparé au héros Ellroysien qui est loser mais toujours bien attaqué, intense dans son rapport à plein de trucs névrotiques (Dieu, le bien, le mal, l'amour), notre petit Sam est complètement génération Y pour le coup: amoureux mais en passant, parano mais après 18h seulement, à moitié à la rue mais sinon ça va. Comme je tiens toujours à mon hypothèse que le double maudit d'Ellroy n'est autre que De Palma, j'ai beaucoup pensé à Body Double et à Blow-out.  Il y a aussi plein d'ironie, de petites vacheries contre Hollywood et la pop culture, des références en pagaille à plein de films, des clins d’œil d'amoureux en somme. Ce film tient à tellement de niveaux, c'est absolument fabuleux. 

Hereditary, Aster, 2018
Under the Silver Lake, Mitchell, 2018

vendredi 17 août 2018

Total nanard

Du beau, du chaud, du vrai de vrai nanard, avec des morceaux de terreur ménagère, des flic à perruque sauvage et des skieurs norvégiens con/gelés.

Après la Bricosploitation (== la déclinaison à l'infini de films d'horreur basés sur des power tools), la Cleansploitation, à savoir l'horreur bien connue du ménage. Ouuuh. The vacuum killer, de ce cher Dr Chris (dont la bio un peu mégalo fait pressentir un destin à la Wiseau), parle donc d'un tueur au bras en forme d'aspirateur. Dit comme ça,on dirait un pitch pour une campagne de Bxl Propreté. Hé bien c'est pire. Dans ce film belge comme on n'en fait plus, on voit le jeune Chris, aspirant laborantin chez un savant fou et musicien jim-boum à ses heures perdues, se muer en tueur assoiffé de sang et de moutons sous les lits après le suicide de sa pauvre mère, poussée à bout par l'infâme producteur de musique jim-boum qui l'emploie (et qui refusera d'ailleurs à Chris un contrat juteux qu'il mérite, parce la vie est trop dure pour un artiste incompris). Alors un bras en forme d'aspirateur, ça ne fait pas si peur que ça, mais ça permet de se mettre de grande quantité de drogue dans le nez en une fois et c'est finalement assez létal. Sans compter la musique (angoisse!), les dialogues (effroi!) et les effets spéciaux (OMG!). C'est un nanard très sincère, sans vraiment de second degré et ce genre d'interview nous fait éprouver la même tendresse à son égard que pour un The Room. Mention spéciale à des seconds rôles assez épiques: le facteur ignoble, le père sac-à-vin, le meilleur ami neurasthénique, le dealer italo-disco en peignoir léopard et caleçon lurex (je crois), l'ami artiste/scientifique qui peint des filles avec des composés chimiques (on n'a pas bien compris non plus, mais l'essentiel était là: BOOBS!).

J'avais déjà tenté de regarder Samouraï cop mais sans succès (c'est assez laid). J'y suis enfin parvenue, à force de ténacité et de Duvel tiède. L'histoire de ce Z assez historique et hystérique, est simple: Joe AKA Samourai Cop, est un flic qui a l'air normal, aves son maillot string et sa crinière de poney Panthène, mais il n'en est rien. Il a été entraîné par les plus grands maîtres ninja (ou samourai, enfin un truc avec des nouilles dedans) et est donc carrément balèze. Il arrive donc comme une étoile au milieu de la nuit dans un petit commissariat de LA afin de contrer une histoire sombre de gang japonais. Flanqué de son sidekick noir à l'humour ravageur, ils vont faire régner sur le crime une odeur de pure terreur. Tout ceci est très drôle mais parfois un peu fatigant: des courses poursuite dans tous les sens, des histoires de fesses intenses, des roulé-boulé dans la poussière à s'en décoller la perruque: waouh. Le tout en version française, parce que c'est encore meilleur.

Pour finir, Cold Prey (Fritt Vilt en VO), dont le titre ressemble à un mauvais groupe de pop, est un mauvais film pop. Survival en mode en mode congèle, il nous raconte la mésaventure de cinq beaux et jeunes novégiens partis faire du snow-board en mode hors-piste. Fatalement, quand Morten_Tobias se pète un tibia, les voilà bien dans l'embarras. Le reste, on connaît: un chalet isolé, une présence inquiétante, une hache et un garde-manger assez grand pour contenir un Tobias. Pas aussi mauvais que les autres, il y a un bel effort et ça fait même parfois peur. C'est assez mou dans le gore par contre, un peu guimauve dans les sentiments parfois. Et puis si peu de détails croustillant sur le sémillant tordu qui poursuit nos petiots! Ca nous manque un peu, cette présence rassurante d'un serial killer fou avec une backstory consistante. Mais bon.

Vacuum killer, Dr Chris, 2006.
Samourai Cop, Shervan, 1991.
Cold Prey, Uthaug, 2006


mardi 31 juillet 2018

Total Netflix

Des films avec des mecs mégas burnés et des meufs complètement inexistantes: merci les recommandations Netflix !

How it ends, enfin un film qui répond à tes questions existentielles. Il y a ce bon vieux Forrest (Whitaker) qui n’a pas changé de rôle depuis The Shield (il est très bon, mais ça commence à bien faire), à savoir celui du mec pas jouasse mais droit dans ses bottes, qui a l’air de rien comme ça mais qui peut te briser la nuque rien qu’avec son éthique de fer. Au final, il est gentil en fait. Mais c’est toujours un peu suspicieux. Bon ce bon Forest donc, est l’heureux père un peu œdipien quand même, d’une charmante jeune fille qui a visiblement toujours 10 ans dans puisqu’elle envoie son mec demander à son père (à elle donc) sa main et son autorisation de se marier avec elle (avec la fille, pas avec la main). Très moderne donc. Pendant que tous ces gens s’engueulent à l’autre bout du pays, il se passe quelque chose. On ne sait pas quoi, mais ça sent le merdier. Que faire quand tout va à vau-l’eau ? On prend sa bagnole, son flingue et son gendre et on traverse le pays - réponse à tout problème global. La paire va donc se retrouver coincée dans une bagnole, à vivre mille aventures plus fofolles les unes que les autres, et à partager leur nombreux fous rires et leur nouvelle entente sur Insta. Entre autres rencontres, celle d’une Indienne ambiguë plutôt couillue mais qui redevient une petite chose fragile dès qu’il s’agit de tuer quelqu’un (bah bravo). Comment cela se finit-il ? Hé bien il vous faudra se farcir ce film pour le savoir, qui, admettons-le est assez basique et plutôt mauvais. Le rôle du gendre, dont j’ai oublié le nom, est assuré par un bellâtre avec le charisme d’une moule de Zélande, Forest.... est Forest donc, tout ce qui se produit est plutôt prévisible et finalement un peu convenu. En plus, la porte est ouverte pour une suite. Si ça devient une franchise, ça sera au moins ouvertement risible (How it ends 2, 3, 4... How it started, the prequel etc.)

Calibre est un peu dans la veine de The ritual : des mecs burnés à mort qui partent faire des trucs de mecs burnés et pour qui ça tourne mal. Le tout dans des décors bien paumés et entourés de rednecks bien flippant. Vaughn et Marcus partent donc dans montagne chasser le caribou. Bon, disons que c’est surtout Vaughn qui mène la danse, l’autre ayant plutôt la gueule du meilleur –ami-doux-mais-qui-le-supporte-parce-qu’on-a-vécu-plein-de-trucs. Leur arrivée dans un petit patelin bien sympathique se passe plutôt bien, même si ça et là, des signes funestes se présentent à nos deux compères, qu’ils saisiraient s’ils n’étaient pas tellement occupés à être complètement cons. Bref un accident de chasse plus tard, et c’est l’embardée. Les choses se mettent alors à partir en couilles assez rapidement, mais pas forcément pour les bonnes raisons. Le reste est plutôt pas mauvais, avec une fin pas trop convenue. L’ambiance pesante, les lumières glauques, les consanguins sanguinaires, tout ça est fort sympathique.

Enfin, une histoire de vengeance qui tourne aussi mal, avec des gros rednecks, des types patibulaires et des gros drônes en fond sonore, c’est Sweet Virginia. Histoire d’un mec qui bute d’autres mecs. Et puis on veut pas lui filer ses sous. Et puis il se fait poteau avec un mec du cru mais de son coin. Et puis plein de trucs se passent comme ça, entre deux épisodes ultras violents. Y’en a qui ont trouvé ça lent, personnellement, j’ai trouvé ça pas mal intéressant. Entre l’histoire des meurtres, il y a quasi comme une tranche de vie, d’une communauté à un moment donné, avec un ensemble de détails qui ne sont pas forcément pertinents pour l’action mais qui en font partie d’une certaine manière. C’est dans une veine complètement différente d’un film du genre, et ça change un peu. Belle atmosphère aussi, plutôt lente et immobile, avec des grillages sonores qui prennent bien de l’épaisseur à certains moments. Pas de longueur dans l’ensemble et Christopher Abbott, qui fait super bien le mec hyper vénère.

This is how it ends, Rosenthal, 2018
Calibre, Palmer, 2018
Sweet Virginia, Dagg, 2018

mardi 24 juillet 2018

Ecran total

Une petite trilogie de drames dans des endroits un peu paumés – vous aussi passez vos vacances dans un endroit vert loin de tout !

The strangers raconte une histoire classique d’un jeune couple dans une maison isolée qui se fait embêter par des jeunes en manque d’imagination. On pense à Funny games, on s’emballe un peu et voilà. Un jeune couple donc, rentre d’un mariage un peu pompette et un peu fâché, pour une raison qu’on apprend assez rapidement. Le retour au chalet est donc un peu glauque vu les circonstances. A ceci s’ajoute des trucs bizarres – des bruits, des meufs chelous qui sonnent, un silence bien pesant et des silhouettes qui se meuvent sans bruit. Monsieur part conduire pour se vider la tête, c’est malin et laisse madame toute seule, pas bien. Petit à petit, des intrus s’introduisent mais pas vraiment franchement. Ils foutent surtout les boules à tout le monde et finissent par leur faire faire des bricoles. C’est franchement pas super excitant par rapport à ce que ça pourrait être : peut-être pour faire plus subtil et moins Funny Games justement, tout est dans la suggestion et le hors-champs, avec très peu de présence, de substance. Du coup ça traîne un peu parfois, on entend un bruit, un murmure peut-être (ou pas) et ça devient un peu gavant à la longue. Acteurs pas foufous non plus, à moitié catatoniques.

Incident in a ghostland raconte aussi un homejacking qui tourne mal. J’aime beaucoup Laugier mais il est parfois facétieux dans ses films qui sont tantôt démentiels tantôt meh. Celui-ci est vraiment entre les deux. Une petite famille monoparentale (menée par Mylène Farmer, rien de moins) se retrouve à emménager en pleine campagne suite à un héritage. Pas top pour les deux ados, sauf pour Beth, qui aime les trucs un peu dark et qui veut devenir écrivaine. A peine arrivée, les voilà victimes d’un gang au candy truck fou, qui n’a pas l’air de déconner. Fin du prologue. On les retrouve toutes les trois  ans plus tard avec le sentiment que quelque chose ne s’est pas passé comme prévu. Suspensme. En dire trop c’est péché donc je m’arrête là. Ce film est bizarre à suivre, on reste un moment dans un flottement à ne pas trop comprendre ce qui se passe et à se demander ce qu’on nous veut. Le truc devient intéressant dans la dernière demi-heure et là, on s’amuse. On est parfois pas loin du cliché (les poupées, le candy truck, les clowns maléfiques tout ça) mais tout ça est rendu avec une belle conviction qui fait plaisir à voir !

Un peu moins gore mais tout aussi paumé, Child of God est adapté d’un livre de Cormac Mc Carthy, que je ne connais pas. Le pitch parle d’un serial killer reclus dans les bois mais e vous y trompez pas : en fait de tueur fou, on voit surtout l’histoire d’un mec un peu cinglé qui finit par le devenir complètement. Un film d’apprentissage donc. Lester Ballard est donc un enfant de Dieu, un type un peu bizarre avec la gueule de travers et les dents en vrac. On finit par lui piquer ce qui lui reste de terres et le voilà paumé au fond des bois dans une cabane. Tout seul, comme ça, sans parler à personne, ça pèse un peu à Lester, qui va finir par se faire une amie cadavérique qui lui tiendra compagnie. Un peu glauque, certes, mais que dire des animaux en peluche géants qui regardent tout ça sans rien dire, hein ? Ce n’est pas vraiment un film de serial killer avec une enquête et des types qui font des plans sur un mur de motel avec une carte géante et des fils rouges partout. C’est plutôt l’histoire d’un mec pas super normal qui glisse doucement sans qu’on s’en aperçoive. Très peu de détails sur ses activités obscures, on le voit surtout se débattre, brailler dans tous les sens et montrer les dents (un peu d’abus dans le chicot d’ailleurs). 

The strangers, Bertino, 2008
Incident in a ghostland, Laugier, 2018
Child of God, Franco, 2013

lundi 23 juillet 2018

Total Batman

L’été et ses longues soirées au coin du feu aidant, je m’abreuve de trilogie. Cette semaine : Batman – la trilogie de Nolan, que j’ai enchaîné avec la grâce d’un type qui tape dans un ballon (je ne connais pas assez le foot pour faire une jolie métaphore).

Batman donc. Je connaissais déjà le jeu Lego et le film Lego, que j’avais bien aimé et que je comprends beaucoup beaucoup mieux. J’aimais déjà Christian Bale qui est pas mal (et qui joue le rôle de Bateman dans American psycho, je ne pense pas que ce soit une coïncidence mais bien un des multiples effets de l’ingérence russe dans nos affaires). Bref, j’étais parée.

Le premier volet est le plus frais, un peu mignon, fiat très naturel. Sous forme de récit initiatique avec des bouts d’enfance traumatisants, une rencontre avec le mal précoce, un exil qui finit évidemment en Chine et chez des moines chelou et une décision, celui d’être un mec trop bien. Après, ça va un peu vite – même si on apprécie les débuts un peu hésitants de Batman, ses premiers costumes, ses chutes farfelues le long des gouttières, huhu, tout ça est un peu gag. Mais la learning curve est ultra rapide parce qu’en deux temps trois mouvements, notre héros se retrouve avec un homme à gadget, une bagnole trop cool, et un ennemi digne de ce nom, à savoir son ancien boss (schocking). Bon on comprend parfois mal les motivations des protagonistes, surtout les méchants, qui ont l’air d’être méchants pour le pur plaisir d’être méchant. Ou bien parce qu’ils refusent à tout crin de réévaluer leur proposition de base, alors que bon, franchement, c’est bancal. Bon après, c’est un film d’action, avec des courses-poursuites, des bagarres de fou et de l’amour contrarié. Pas mal, mais sans plus.

Le deuxième remonte carrément le niveau, avec un méchant beaucoup plus sympa et beaucoup plus cohérent. Le tout prend une teinte carrément plus noire, avec moins de truc un peu love/neuneu, sauf la fin, et plus d’explosions. Certains trucs sont carrément pas logique du point de vue scénario mais il paraît qu’il faut arrêter de poser des questions. Suspension of belief, que ça s’appelle. Bon. On va plus loin dans les gadgets, avec des trucs très impressionnants (mais encore une fois, peu crédibles) et une moto qui fait Vroum. Les revirements Bien/Mal sont aussi spectaculaire qu’un kehre heideggérien – à savoir beaucoup d’effet pour un déplacement pas si grand au final. Le grand à fossette au menton m’a toujours semblé louche, et plutôt basique, je n’étais donc pas étonnée pour un sous de ce que son exosquelette éthique fût aussi malléable. Merci d’essayer de nous faire croire que Rachel est la même meuf que dans le premier film alors qu’elle est non seulement pas hyper ressemblante mais en plus assez mauvaise.

Le troisième redescend un peu parce qu’il retombe sur des trucs un peu facile : des espions russes, une prison paumée, un défi humain contre soi-même et sa propre peur (ça ne vous dit rien ? Bah si c’est le premier épisode hein), un méchant super méchant sans vraiment de raison. La différence, c’est le quota #meetoo puisqu’il y a deux femmes fortes et fort méchantes dans cet opus. On croit à mort aux levers de jambe de Catwoman (au moins autant qu’à la mort de l’autre) mais bon. Des meufs, wé. Le méchant n’est autre que Tom Hardy, que je n’ai reconnu qu’à la fin mais qui aime décidément beaucoup le concept gag-ball ou autre camisole de bouche (remember Mad Max). C’est dommage, il a une belle bouche. Encore un qui veut réussir avec son cerveau plutôt qu’avec sa grosse lippe. Bravo.  J’aime le méchant de cet épisode mais pas autant que l’autre. Celui-ci dit essaye d’avoir un discours qui ressemble à quelque chose de logique mais c’est juste bizarre – on dirait un peu Trump à un dîner russe. Bref. Des trucs de scénario hyper bizarres – pourquoi n’essaye –t-on de sauver qu’un bus de petits garçons ? Les autres peuvent aller se faire foutre ? Bon voilà.

En gros, on peut dire que le Batman est à la hauteur de son méchant : à très bon méchant, très bon Batman. A méchant moyen, Batman coquin. Bizarrement, ce sont les méchants sans vraie intention qui sont les plus réussis : ceux qui ont des trucs à dire, des machins à défendre, qui prennent trois plombes à t’expliquer la life que t’as pas compris avant de te zigouiller ton héros font un peu chier à la longue, un peu comme un vieux qui te chope à un arrêt de bus pour te parler de son clébard. OSEF, comme disent les jeuns. 

Batman begins, 2005
The dark knight, 2008
The dark knight rises, 2012