dimanche 15 juillet 2012

Redneck zombies


Le redneck c'est un peu la créature fantasmatoire pour tout Européen qui se respecte: c'est un truc qu'on connait ( = un beauf) mais dans une dimension qu'on a du mal à imaginer hors du cadre d'une caméra d'auteur Sundancéisé. Un peu comme la figure du zombie. Alors quand deux personnage fantasmatoires se rencontrent dans un seul film, on a le droit de flipper sa pute ( Jason VS Freddy, Alien VS Predator, the Ring of The Grudge). Heureusement, il s'agit d'un Troma release et donc toute flipette quant à la nullité du scénario s'avère inutile. 

Situation de base simple: un Marine en mission (?) paume un baril de matière radioactive au milieu de redneckland ( il ne regarde pas la route, parce qu'il parle à son chien qui porte des ray-ban)  et se voit contraint de l'abandonner sous la menace d'un tas de gras du cru. Lequel le lâche à ses potos les prolos pour qu'ils puissent y distiller leur prochaine tournée d'alcool maison. Jusqu'ici, que de la finesse et du bon goût: dents noires à moitié pourries,  chapeaux de paille, salopettes en jean et tabac à chiquer. L'alcool distillé est bien évidemment tout vert et rend cette brave portée de consanguins à moitié dingues: ils se mettent à bouffer une gentille - ou pas - troupe de scout qui campe dans le coin. L'alcool étant ensuite livré autour du patelin, on assiste à différentes scènes que l'on peut qualifier de scènes de genre, dans la plus pure tradition naturaliste Zoléenne: un bébé qui prend son bain dans une machine à laver et qui tête la bibine verte au biberon, un boucher et son fils qui matent des films sur l’élevage en batterie de mignons poussins ( avec une fille ligotée et bâillonnée dans le canap', bonne chance à elle!), une vieille qui parle à son bébé cochon, Perky. Les Marines envoyés en renfort pour récupérer le baril se font bouffer la gueule ( le plus gay d'entre eux se jetant dans la foule affamée sur ces mots " This is gonna be fun! Have you seen Deliverance?" - si j'étais dix ans plus jeune, je dirais bien lol) et les scouts trépassent ( non sans avoir trouvé l'arme fatale: le déodorant aux sels d'aluminium (comme quoi toutes ces conneries sur les déo bios, c'est rien qu'une grosse conspiration de zombies ))

Dans l'ensemble, le film est plaisant. Il est cependant complètement différent des deux films précédents: ici, la zombification ne touche qu'une population précise et ne se transmet pas ( un peu comme le redneckisme visiblement). L'accent est donc beaucoup plus mis sur l'aspect crade ( longues scènes de bouffage de crâne, de cerveau, d'organes probablement pas humains) et jouissif du dépeçage - cfr le petit marmot qui barbote un doigt avec une petite mine réjouie. C'est sensuel comme du Bertolucci circa The Dreamers

Mais tout ça nous amène surtout à une première conclusion: il existe deux types de zombifications: 
- la zombification d'une ville ou d'un lieu, dans laquelle ce qui prime est le passage de l'état normal à l'état zombie. On voit donc les personnages passer d'un état à l'autre ( avec les scènes déchirantes d'amis séparés à tout jamais par la non-mort) et les héros ont surtout à coeur d'éviter la contamination et de se tirer de là vite fait. 
- la zombification d'un groupe de gens, au cours de laquelle les héros ne sont pas contaminés, mais tout simplement tués. La zombification fait quelque part écho à la situation initiale de prolétaires de la société dudit groupe. Ce type de film met l'accent sur le caractère binaire de la lutte ( eux contre nous) qui pencherait plutôt pour une résolution marxiste du film. C'est exactement ce qui se passe: la seule héroïne qui survit finit à l'asile (dialectiquement, c'est impeccable, puisque l'opposition de base est dépassée, elle n'est ni morte, ni non-morte, ni vivante mais une sorte de société sans classe d'un point de vue du cerveau. Son esprit, lui, est un os. Amen.) 

Réplique culte: "Shut up boy! I pulled you out of your mother and I'll shove you right back in!"
Personnage fav': la mémère au cochon Perky.
Moment musical: Redneck zombies. Fraiiiiiiis!



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