mardi 1 octobre 2013

Ecran total

Les ados sont vraiment tout pourris. Par une sorte de hasard qui fait bien les choses, je me suis farci quelques teenage movies cette semaine qui tous semblent pointer vers cette conclusion.

Dans The bling ring, adaptation d'un fait divers plutôt rigolo (= des stars se font piquer leurs bagouzes par une bande de petits-bourges en manque de sensations fortes), on rigole parfois un peu en voyant séquences clipesques ( sur du Sleigh Bells, haha) de jeunes pouffes en porsche qui planquent leur butin sous leur lit. Le culte de l'image, l'idée d'une richesse obscène étalée sous les yeux des petiots et une certaine fascination pour l'esthétique gangsta sont autant d'éléments qui collident sans jamais vraiment chercher à donner des réponses - ni même à poser de questions d'ailleurs. Il y a quand même la "famille" qui homeschool ses gamines à base de spiritualité bien bizarre et Israel Broussard ( comme les gâteaux?) qui tirent les épingles du jeu (du film?).

Même sujet, mais dans un autre style, Springbreakers est la réponse white trash/indé de Korine. Les mêmes obsessions, les mêmes longues séquences de jeunes beaux amerlos en plein lâchage d'hormones sur les plages, la même violence ordinaire et plus ou moins banale, mais avec des rappeurs ratés en plus. La première demi-heure laisse un peu perplexe, insiste peut-être un peu trop sur la fascination d'un pays pour sa propre jeunesse clipée, huilée et en pleine débauche dans un espace-temps qui échappe aux règles d'une société par ailleurs hyper-puritaine, mais James Franco en rappeur flanqué du duo de jumeaux immondes transforme l'essai en pur fantasme dément de cul-terreux obnubilé par Scarface et par les flingues. Les cagoules roses, le piano au bord de la piscine et le soleil couchant, les gros fusils à pompes et les tentatives poétiques de James font passer le film dans une quatrième dimension, quelque part du côté de Gummo.

Y paraît qu'un remake de Carrie est imminent, alors je me suis enfin penchée sur l'original. Comme dans les deux films précédents, grosse présence d'une spiritualité bien bizarre et bien oppressante: le retour de ce thème dans pas mal de films liés à l'adolescence donnent un peu froid dans le dos quant à la façon dont ces pauvres gamins sont traités dans la société américaine. Sissi Spacek est putain flippante, ainsi que Piper Laurie, déjà evil malgré une fin toute christique.

Et last but not least, une sorte d'anti-Carrie, The loved ones fait des gros mégas clins d’œil au genre ( "promxploitation"?), mais avec plein de petits perks qui en font un bon film des familles. Un ado tout méchant avec une chemise à carreaux ( vu que c'est en Australie, on sait pas très bien s'il s'agit d'un revival Cobain ou s'ils en sont restés là ( ou s'ils ont une quantité anormale de bois à couper?)), une ado flippante au regard vide, une perceuse et des lobotomisations à la bonne franquette, le tout en forme d'apothéose œdipienne que Bauchau lui-même n'aurait pas rechigné à appelé "Œdipe in da bush".

The Bling Ring, Coppola, 2012
Springbreakers, Korine, 2012
Carrie, de Palma, 1976
The loved ones, Byrne, 2010

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