samedi 25 janvier 2014

Punishment park (1971)

Punishment park... rien que le titre fait rêver. J'étais déjà tombée sur des mentions de ce film, mais ça m'avait alors évoqué un mix de Van Sant et de Jesse Franco, sur fond de goulag sibérien. Que ne fut pas me surprise quand je le retrouvai dans une des moult listes de films dystopiques que j'ai consultées. 

Punishment park est en fait un film super politique qui parle d'un camp punitif pour communistes américains sous forme de marche ou crève dans le désert texan. Conçu comme un faux documentaire tourné par une équipe de télé anglaise et d'Allemagne de l'Ouest (petit côté Kraftwerk dans la voix off), il suit un groupe de prisonniers politiques, et à ce moment là, ça ratisse large, entre défenseurs des droits civiques, féministes, opposants au Vietnam, ou simplement types à barbes hirsutes (je dois dire qu'un camp de rééducation pour hipsters barbus n'est pas une idée à disqualifier pour toujours), bref, dans les 70's ça tire un peu sur tout le monde. On suit en parallèle ce groupe, qui a été condamné à trois jours dans désert et qui a pour objectif d'atteindre un drapeau américain dans un certain délai sinon, couic, et un autre groupe, dont on voit le procès.

Le volet " course dans le désert" est plutôt bien foutu, filmé caméra à l'épaule, entrecoupé d'interview des condamnés et des policiers qui les suivent. Pas vraiment de surprises dans le déroulement de l'action ( y'en a qui meurent, y'en a qui vivent, tout ça) mais la montée dans la polarisation entre ces deux groupes ( intellos VS rednecks à la chasse au rouge) rend les choses intéressantes, et la présence de la fausse équipe de tournage est évidemment utilisée dans le sens de cet antagonisme.

L'autre partie, intercalée entre les étapes de la progression des fugitifs, renforce encore cette idée d'une division profonde au sein d'un même pays, entre puritanisme, conservatisme et immobilisme et les mouvements progressistes des années 70. Parfois un peu caricaturale dans sa représentation des conservateurs ( comprenez: les méchants, c'est eux, bouh), l'éventails de condamnés jugés est assez représentatifs de la variété des luttes et des profils. 


Il nous reste à expliquer le pourquoi du classement de ce film dans les dystopies. D'une certaine façon, c'en est: ça représente une société imaginaire, obsédée par le contrôle, dans laquelle les droits de certaines personnes sont purement et simplement liquidés pour des raisons d'état. Ça vous rappelle quelque chose? Oui, c'est un peu le paradoxe des contre-utopies: le risque qu'elles se réalisent en partie, du coup, bah faut les supprimer de la liste. C'est ballot.

Punishment park, Watkins, 1971

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