dimanche 11 mai 2014

Ecran total

J'avais décidé de finir Moby Dick avant de m'attaquer au film, mais je me traîne un peu alors tant pis pour les spoilers. Vu le style circonvolutionniste du bouquin, on pouvait s'attendre à une adaptation plutôt libre (ou bien à un film-fleuve empêtré de digressions): ici, Huston a réduit et reformaté l'action (ouf) et en a gardé un film somme toute bien foutu, qui ne spoile finalement rien du livre. Quelques passages marquants sont repris tels quels, comme le prêche du prêtre en début de film - avec un Welles étonnant dans une chaire de vérité maritime


et quelques autres monologues d'Achab; une partie du texte est reprise via une voix off plutôt classique. Pour le reste, c'est un film d'aventure à l'ancienne, même s'il se termine mal: le sauvage Quee-queg reste mon personnage préféré et visuellement très réussi, les  vues vertigineuses du mat font mal au coeur et la longue scène d'attente de la baleine blanche est extrêmement bien faite, avec un petit côté hitchkockien en prime.

Je ne sais pas pourquoi, mais je pensais que Robocop était joué par Schwarzenegger, du coup j'étais un peu confuse. J'ai vraiment adoré le film pour une série de raisons: on y retrouve quelques acteurs de Twin Peaks, dont Ray Wise et Miguel Ferrer, il y a des moments de robotiques vraiment mignons (le gros robot pataud qui n'arrive pas à descendre les marches parce que ses pied sont trop gros) et l'une ou l'autre phrase à retenir (Ferrer en pleine séance de swag avec deux putes "Ooooh, being smart is sooooo sexy"). Le robocop est ce qui m'a le plus étonné, puisque je m'attendais à un truc bourré d'effets spéciaux tout pourris et au final, c'est un robot plutôt crédible, avec des mouvements super souples, sans être tout à fait humain et puis toute une histoire d'humanisation progressive qui est assez chou. J'aime bien le concept de pouvoir se dévisser les boulons des tempes.

Tales of ordinary madness est le premier livre que j'ai lu de Bukowski et je ne savais pas qu'il en existait une adaptation. Je me suis donc ruée pour la voir et je crois que je me suis rarement autant fait chier devant un film. J'adore Ben Gazzara, mais je l'attendais en mode Cassavetes et il est finalement un peu soûlant avec son petit sourire placide de loser résigné: trop beau, trop lisse, sans aspérité. Je ne commente pas sur Ornella Mutti, je n'ai toujours pas compris ce qu'elle foutait là. Le cadre, les décors fonctionnent bien avec l'univers bukowskien, rien à dire non plus sur les entremêlements d'histoires (à la base, c'est plutôt un recueil de nouvelles qu'un roman), mais la réalisation foire dans les grandes lignes. C'est mou, ça n'avance pas, et si le but est de montrer l'autodestruction tranquille du vieux Hank, pas de problème, mais alors pourquoi ces violons ridicules quand vient l'heure d'être triste?  Dans l'ensemble, trop lisse, trop propre, un peu dans un esprit antonionien qui n'arrive même pas à être beau. Quelques personnages secondaires sauvent le truc: la blonde hystérique de l'arrêt de bus, la grosse en chaleur sont autant de créatures féliniennes qui auraient dû être le centre de cette errance plutôt qu'une minaudeuse en pyjama qui fait des mines quand on la nique. Bah.

Moby Dick, Huston, 1956
Robocop, Verhoven, 1987
Storie di ordinaria follia, Ferreri, 1981

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