jeudi 1 mai 2014

Loin du Vietnam (1967)

Dans ma série de Resnais, j'ai vu Loin du Vietnam, un film vraiment étonnant qui m'a fait penser au Fond de l'air est rouge. D'une part parce que Marker y participe et d'autre part, parce que ça me semble assez typique d'une certaine naïveté des gauchistes occidentaux par rapport à une série d'événements qu'ils comprennent avec un filtre romantique qui a parfois tendance à décevoir une fois la lumière faite sur ce qui se passe vraiment. Les différents segments se valent en termes de qualité, mais il y en a trois qui ressortent. 

Le segment de Resnais présente un artiste français qui évoque cette prise de parti des intellectuels européens lors de la guerre du Vietnam sous forme d'une série de questions que je n'avais jamais entendue formulée avant (sauf dans La guerre est finie): Pourquoi prendre parti? Pourquoi cette guerre-là en particulier? Que défend-on vraiment? N'est-ce pas un confort d'intellectuels que de pouvoir choisir ses causes politiques? Est-ce que ce n'est pas un luxe de nos sociétés que de se mêler des conflits des autres, quelle que soit la position qu'on défend? Le tout sous forme de long monologue, qui ne réduit vraiment pas la question à l'une ou l'autre position, mais renvoie dos à dos les deux. 





L'autre segment est celui de Godard, qui est plutôt barbant du point de vue du récit (on l'a pas laissé filmer à Hanoi, le pauv'chou) mais visuellement terriblement réussie: on le voit assis derrière une énorme caméra chipoter aux boutons, allumer, éteindre, faire tourner les molettes de direction et je ne sais pas si c'était l'intention, mais c'est hypnotisant, limite sensuel à certains moments. 

Le dernier segment qui m'a frappée est celui de William Klein, qui montre une série d'images des manifestations aux USA, sous forme de "no comment". On prend la mesure de la polarisation au sein même de la société, même si je soupçonne qu'on ait choisi les anti les plus virulemment bêtes, procédé qui me dérange un peu (pour l'avoir beaucoup vu dans les médias français à la suite des manifestations contre le mariage gay, transformant le travail journalistique en chasse au plus gros intégriste et l'analyse politique en micro-trottoir). Il y a par contre ce fameux "A parade is a parade is a parade", lâché par un officiel et sur l'origine duquel je me pose des questions: j'ai déjà entendu cette phrase citée en référence, mais du coup, est-ce en référence à ce film ou le type la cite-t-il lui-même? Et si oui, d'où vient-ce?

Loin du Vietnam, Resnais, Varda, Klein, Godard, Ivens, Lelouch

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