mercredi 14 mai 2014

Tiens, vlà la pluie...

Aujourd'hui il pleut. Une bonne grosse pluie bien pourrie, celle dont on voit pas le bout, qui semble s'épaissir à chaque instant, creuser des nouvelles flaques à des endroits pourtant plats et qui transforme la ville en succession de rivières invisibles en temps normal. Une putain de pluie qui fait peur à voir, qui devient un murmure de fond continu et qui accroît, aiguise les bruits de la rue.

Des pluies comme ça, bizarrement, ça me plonge dans un état perplexe. J'ai grandi avec un père agronome, que j'ai souvent entendu prononcer la phrase " C'qui pleut aujourd'hui, ça pleuvra pas demain". Donc toujours eu l'idée vague d'une certaine quantité de pluie à tomber qui, une fois épuisée, devrait se tarir. J'aurais dû apprendre, 23 ans en Belgique, que la pluie n'a jamais réellement "fini" de tomber, que s'il existait ne fût-ce que la possibilité d'un quota pluvial à liquider, celui-ci n'était sans aucun doute pas belge. 

Mais non. Alors les jours qui commencent sous la pluie, j'aime ça. Je suis au fond de mon lit, j'écoute, j'attends. Sortir sous la pluie, ça me fait ni chaud ni froid. Je mets mon imper, je m'équipe, je vis ma vie. Mais quand ça dure. Quand à midi il fait gris comme à 16h en hiver. Au fur et à mesure de la journée, je me poste à la fenêtre et je regarde, anxieusement, la pluie qui ne cesse pas, le ciel qui n'est toujours pas vidé. Et quand il faut allumer les lumière à 17h parce qu'on n'y voit plus rien, je commence à douter. Et si ça ne s'arrêtait JAMAIS?


Pour tout le monde, il pleut. Pour moi, c'est à chaque fois une sorte de découverte ontologique: celle de ma propre finitude, de ma propre dissolution dans l'illimité. De ma propre disparition sous des rideaux compacts de trombes dévalant du ciel. 

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