mardi 25 août 2015

Ecran total

Quand on voit la gueule de Jack "Legs" Diamond, on sait que ça va mal finir. Comme en plus le film s'appelle The rise and fall of Legs Diamonds, on se dit qu'il va bien monter mais finir aussi par tomber, comme dans un bon Zola. "Classique" film de gangster noir autour de l'ascension puis de la chute d'un méchant, on est comme d'habitude face à un truc difficile à faire du point de vue adhésion du spectateur: le gentil est en fait un méchant et finit par devenir méchant, avec des méchants qui vont apparaître gentils tellement le gentil devient méchant. Il y a une série de films de gangster des années 30-40 qui s'essayent à l'exercice, dont Angel with dirty faces auquel j'ai pensé en voyant ceci. Tout le problème du film de gangster est de sauver la morale avec des fins souvent tragiques mais en demi-teinte parce qu'il faudrait quand même pas qu'on pleure un truand. Dans le film d'Ortiz, le caïd joué par Cagney se repent au dernier moment, même si on ne sait pas trop si c'est pour déconner ou pour faire plaisir au curé - finalement, l'interprétation reste ouverte, ce qui est pas mal joué. The public enemy est à cet égard plus classique puisqu'il condamne la pègre dès le départ. The rise and fall fait partie d'un ensemble différent, puisqu'il est beaucoup plus tardif alors quoi? Si on suit sympathiquement ce cher Jack dans sa prise de pouvoir - c'est fait avec un certain humour, une sorte de nonchalance finalement- on voit cependant très vite pointer sa sale gueule via le personnage principal féminin, une gentille fifille toute moite à l'idée de se faire calcer par un Grand Méchant Loup. On pourrait dire qu'elle est finalement tellement con qu'elle ne mérite que ça - se faire utiliser et user par un type totalement machiavélique - et le reste des personnages féminins attestent que c'est probablement l'opinion de l'auteur - "zont que c'qu'elles méritent, ces morues vénales". On se met donc à détester Legs, tout en ayant envie de baffer sa gonzesse, ce qui s'annule un peu finalement. Le film se partage par contre à partir du  moment où Legs abandonne son frère phtisique dans un sanatorium au fin fond du Colorado: traiter l'ensemble de la gent féminine comme de la merde, passe encore, mais son frère, alors là non, Legs doit quimper. Du point de vue formel, c'est bien foutu, sans forcément de morceaux de bravoure et Ray Danton est excellent.

En regardant The Funeral, je me suis rendue compte que Walken avait une tête un peu en forme de fraise. Après examen approfondi, je me suis dit que c'était une question de rapport géométrique entre menton pointu et pommettes saillantes. Pommettes se dit d'ailleurs "jagodica" en serbe, ce qui veut littéralement dire "petite fraise". C'est trop mignon et on s'en fout, mais j'étais rien contente de moi, alors voilà. Du coup, je n'ai pas fait suffisamment attention au film pour en dire une chose un peu intelligente. Il y a là un bunch de bitch au niveau acteurs qui fait frétiller mon Ça, surtout Benicio Del Toro, sémillant en diable. Certaines scènes sont surprenantes: celle du règlement de compte et le dénouement en particulier, mais il faudrait que je le revoie pour démêler tout ça.

Io non ho paura n'est pas vraiment un film de mobsters, même si c'est en italien et qu'il y a un enlèvement. Un enfant découvre au fond d'un trou un autre mioche, visiblement là pour une raison pas trop nette et se noue un truc étrange qui finira (allez on peut le dire) bien, pour une fois. L'idée de partir du point de vue du protagoniste est pas idiote, puisqu'on complète les infos via des conversations tardives entre adultes entre-entendues et des morceaux de JT. Le cadre est vraiment bien pensé, avec une idée d'insularité, d'un truc au milieu de nulle part au bord du monde, et puis tout est fait autour de cette atmosphère, des méga-travelling dans les champs de blés, des plans géants d'un ciel quasi jaune enfin, quelque chose entre la petite maison dans la prairie et l'imminence d'un fin du monde qui s'insinue entre les sauterelles/

The rise and fall of Legs Diamonds, Boetticher, 1960
The Funeral, Ferrara, 1996
Io non ho paura, Salvatores, 2003

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