dimanche 10 janvier 2016

Ecran total

Dans la fièvre de la nouvelle années et des prises de décisions hâtives, je me suis laissée tenter par des trucs aussi hétéroclites que l'hiver éclate: des moutons, des womanizer tchèques et une visite chez Papy qui tourne mal. Fieu.

Rams est un film islandais qui raconte une histoire de fraternité compliqué sur fond de fièvre ovine. Ach. L'adjectif islandais nous indique qu'il s'agira sans doute d'un film lent, avec des longs plans de paysages lunaires et des blagues flegmatiques qui soulèvent un peu le coin des lèvres. Des scandinaves, les Islandais sont secrètement mes préférés car ils ont des beaux pulls et des grandes barbes - ce sont de hipsters qui s'ignorent. Sans surprise, le film est fait de longs plans lents qui s'attardent sur le silence et le vide du paysage, la rupture entre deux frères dont on ne sait pas grand chose, sauf qu'en a un qu'a un plus beau bélier que l'autre - il reçoit même un golden globe au milieu d'une assemblée de barbus en pull islandais. L'omniprésence du pull est bien logique - les béliers, tout ça - mais je me demande si c'est pas un peu pour déconner quand même? Bon. Pour le reste, c'est parfois un peu drôle, mais dans le genre sarcastique, une intrigue haletante et un bizarre sentiment d'empathie pour ces miiignons moutons et leurs maîtres un peu quignons. 

Erotikon pourrait fonctionner avec Abby vu récemment, car c'est également un film sur les dangers du sexe et plus si affinités: Andrea, jeune fille de chef de gare esseulée voit un soir, un train, arriver un bel étranger à la moustache fringante et au beau cigare cubain. Elle succombe dans ses bras mous, mais, hélas, l'étranger disparaît et la laisse esseulée - et enceinte, ben tiens. Heureusement, la nature fait bien les choses, et cet enfant de l'amour avorté naît mort-né (c'est beau quand je fais des phrases). Pauvre Andrea, quand même, mais coup de bol aussi, il faut le dire. Pendant ce temps, le bel étranger fait sa vie - il se tape une mégère mariée et déambule, immoral, dans la ville. Et quelques temps plus tard, pif: Andrea, maintenant marié à un gentil comme tout retombe sur le bel étranger. Que faire! Que dire!Où courir! Où ne pas courir! Tout ça. Je ne spoile pas la suite, c'est péché, mais sachez que la vertu gagne et que ceux qui niquent dans tous les sens finissent misérables et morts. Bien fait!

Et pour conclure ce temps merveilleux que sont les vacances, une petite The Visit, que j'avais déjà essayé de voir une fois, sans parvenir à le finir: c'est chose faite. Sous forme de found footage, il raconte la visite de deux petiots à des grands parents estranged qu'ils n'ont pas vus depuis 15 ans. Quelle idée bizarre et quelle belle manière pour une maman de se rappeler qu'elle possède père et mère qui peuvent donc habilement servir de garde-chairds pendant qu'elle se tire en croisière avec Pedro, son nouveau mec. Bravo. Il s'avère que Papy-Mamy sont un peu tarés sur les bords - ils grattent au plancher, se roulent par terre et courent à poil une fois la nuit tombée. Comme d'habitude, le petit garçon est suspicieux mais la grand fille, rationnelle: ils sont tout chelous, certes, mais c'est juste parce qu'ils sont vieux! Voilà! Et bien non. Ils sont chelous tout court et il faut avoir peur des vieux - comme pour les enfants, l'énorme crédit dont ils jouissent ("meuh sont meuugnons") n'empêche pas leurs petites dents pointues de pousser. L'idée n'est pas mauvaise et le film marche plutôt bien au niveau intrigue, Par contre, gros souci de crédibilité pour les "enfants" du film, qui comme d'habitude ont des niveaux de réflexion et de maturité de gens qui ont fini un master en philosophie éthique ainsi que des capacités artistiques et critiques dignes d'étudiants des Beaux-Arts. Non, parce qu'une gamine de 15 ans qui parle de montage alterné et de reconstruction du roman familial, c'est gentil mais ça a lieu dans un autre hémisphère que le mien.

Rams, Hakonarson, 2015
Erotikon, Machaty, 1929
The visit, Night Shyamalan, 2015

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