dimanche 24 janvier 2016

Bye bye, Dixie

Voilà, le Sud c'est fini - c'était pourtant bien, on aurait pu vivre plus d'un million d'années etc. - mais qu'avons-nous appris de ces nombreuses heures passées impunément devant la télé?

- à part des garagistes et des prêcheurs, il n'y a pas beaucoup de métiers: on peut aussi devenir prof ou avocat, mais c'est à peu près tout. Sinon, pour une femme il y a, au choix: femme de curé, femme au foyer, folle à demeure ou femme de bootlegger. 

-  il existe une quatrième forme du verbe "to get" qui n'est ni le participe, ni la forme passée, mais un truc qu'on peut visiblement utiliser un peu à la place des trois. Le verbe se décline donc comme suit: to get, got, gotten, git.

- le Sud n'a pas comme nous, un gentil gouvernement qui les menace de devoir payer plus s'ils y vont pas se faire soigner les ratiches. Résultat, si le Sud est connu pour sa gentillesse légendaire, ce sera sans dents, s'il vous plait.

- pas beaucoup de distraction non plus, à part couper les gens en petits morceaux et noyer des révolutionnaires dans les marais. Heureusement qu'y'a la messe.

- du coup, le Sud et la religion, ça fait deux. On sait que les Amerlos sont pas comme nous, ils sont souvent protestants. Mais en plus, ils ont genre 15 sortes différentes de protestations. C'est malin. Du coup, entre les baptistes, les adventistes, les méthodistes et les pentecôtistes, on s'y perd un peu. Pas eux par contre, et comme partout où il y a des micro-factions d'une même religion, chacun soutient la sien avec la dévotion d'un supporter du Standard. Ils ont tous l'air d'être d'accord sur un truc: pour baptiser les gens, il faut les plonger dans le premier cours d'eau boueux à portée de main - comme en parle très bien ce papier.

- en même temps, on comprend que ça prêche à tout va: y'a quand même une ambiance, une atmosphère qui remonte dans les veines, qui vient taper contre les murs du cerveau comme une certaine envie de se pendre. La vie, c'est pas très mignon par là.

A la base, le terme de "gothic" caractérise surtout les histoires fantastiques, tout ce courant de littérature anglo-saxonne du 19e fait d'histoire d'horreur, de fantômes, de revenants et d'apparitions qui s'organise souvent autour de grandes maisons hantées avec plein de gargouilles dans tous les sens ( à ce sujet ici un texte  excellent). Dans le Sud, ça prend une dimension particulière: pas mal de fantômes font partie d'un passé visiblement pas encore tout à fait digéré, les grandes masures gothiques sont des grandes demeures d'avant-guerre pleines d'histoires gore esclavagistes ou de femmes ectoplasmiques baladant leur existence inutile en attendant leur prochain bookclub. Peuplé d'êtres un peu maladifs, pas bien vaillants, toujours un peu au bord du monde - tiens, on dirait des avertis maeterlinckiens héhé - c'est un territoire un peu hors du sens commun, dirigé par des logiques qui échappent au monde moderne, un truc mystico-barbare qui fascine - justement parce qu'un poil crado.

Bref, c'est fini, je suis toute dépitée et un peu chouinasse, alors je laisse une petite liste de ce qu'il resterait à voir (pour les acharnés):
- The Macon county line, 1974
- Thunder road, 1958
- Walking tall, 1973
- The chase, 1966
- Undertow, 2004
- Bernie, 2011
- Wild river, 1960
- The Phenix city story, 1955

Et une petite playlist: y'a pas de raison qu'on ne parle pas de musique.

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