mardi 2 février 2016

The King total

The mouth of madness m'avait plongée dans un nouvel abîme thématique: celui des adaptations de Stephen King au cinéma - méga-bon filon s'il en est. Y'a pas à chier, le vieux est productif - en fait, on dirait même qu'il écrit ses livres comme des films, ce qui est un peu le cas quand même, hein. Après, fastoche à mettre à l'écran, les scènes sont déjà découpées, les plans quasi définis et les coupures de pub au bon moment. Ceci dit sans mépris ni pour l'auteur - que j'adore, même si j'ai un peu chouiné sur le Doctor Sleep, moyen bof - ni pour les moult réalisateurs qui s'y sont attaqués - pas tous avec le même talent par contre.

J'ai un peu commencé par le top, donc ça va être simple!

Il y a The Mist, adaptation d'une nouvelle bien classique: une ville, quelque part dans une région rurale quelconque, avec un camp militaire dans le coin, est en un coup envahie par un brouillard vachement épais avec des trucs dedans qui font sluuuurp et crooounch. Bouh. Pris à partir du point de vue d'un type normal comme il faut qui fait ses courses au supermarché du coin, on vit le développement d'une situation fantastique à partir d'un cadre ultra réaliste: se retrouvent enfermés dans l'enfer des surgelés et de la litière en promotion tout un petit échantillon d'humanité yankee de base, des types un peu redneck, des soldats en goguette, des citadins prétentieux en vacances et bien sûr, des tarés cathos en furie. Tout ce petit monde va donc s'organiser pour survivre face à un ennemi invisible et on va vite voir (original!) que l'enfer, en fait, c'est les autres. Bah ça. Bon, c'est un truc très kingien - l'interruption de l'anormal sous forme atmosphérique qui se transforme petit à petit en horreur de plus en plus précise, l'isolement dans un lieu clos où toute une petite société improvisée va se révéler être une belle bande de bâtards sous la pression. Je n'ai pas eu le texte en main, donc c'est difficile de juger, mais j'ai trouvé que ça entrait vite dans du visuel gore très concret - tiens, une grosse tentacule! oh, des moustiques géants! ça alors, des araignées mutantes! - alors qu'on aurait pu rester dans le brouillard, justement, un peu plus longtemps. C'est Fred Darabont qui signe ça, et dieu sait s'il aime travailler les dynamiques sociales post-apocalyptiques, du coup cet aspect là est très bien foutu. La dernière demi heure est aussi ultra-scotchante et très belle, avec des belles idées de monstres - le gros truc à mille pattes de la fin genre, mais WOW - un  morceau magnétique qui pique l'échine et une fin sublimissime de désespoir. Il faudrait voir The Fog pour voir c'est quoi cette histoire de brouillard, dans le fond. Et relire Lovecraft, sans doute.

J'avais l'impression d'avoir déjà vu Dead Zone, mais c'est à cause des Simpsons, comme d'hab. C'est un des rares Cronenberg qu'il me reste à voir et j'étais toute chose, mais en fait, je reste un peu sur ma faim: où sont les trucs organico-gluants qui poussent sur les gens? Les épidémies ontologiques? Les massacres à coup de gros Dasein? Bah pas trop ici, zut alors.L'histoire est simple: Johnny se fait un gros coup sur la tête en conduisant n'importe comment. Tellement gros qu'il reste 5 ans dans le coma et que sa copine se tire avec un concon républicain. Par contre, il est devenu médium dans l'entre-deux, et peut désormais voir le futur en touchant les gens (oh la technique de drague de fou!). Mais comme Johnny est trop coule, il ne l'utilise qu'à bon escient alors que ça le fait un peu chier son don - tout le monde veut savoir des trucs et passe son temps à lui tapoter les mimines, ce qui le rend un peu chafouin. On retrouve des obsessions des deux compères: le milieu médical qui fait un peu joujou avec les gens, l'idée de traitement spécial et le rapport corps/esprit pour Cronenberg; les visions fulgurantes, le sens "en plus" et la bizarre excitation sociale que ça soulève pour King. Alors, tout le monde est content? Moui. Y'a quand même Walken, ma tête de fraise préférée, alors ça va. 

J'ai fini avec Creepshow, petit film à sketch de ce cher Romero qui se fait un bon kif tendance comics ultra graphique et sans prétention ni prise de tête deleuzienne - pour changer, haha. Creepshow est donc une bande-dessinée jetée à la poubelle un soir de tempête et qui nous raconte des petites histoires, comme ça - on va pas toutes les résumer, tout est . J'ai bien aimé l'histoire du redneck qui trouve une comète dans son jardin - qui s'avère être une sorte d'entité extra terrestre ou un engrais superpuissant, va savoir. On y trouve une illustration de l'ultime hipster organique: la barbe bio

Posé!
Ça relance aussi la vieille querelle : à partir de quand c'est redneck/clodo et plus hispter. Abstrus.
Il y a aussi un chouette morceau sur un genre de Howard Hughes obsédé par les cafards qui a la malchance de vivre dans un vieil immeuble roumain. Très jolies scènes de cafards qui se répandent - même moi, j'ai couiné - et parfois un petit côté Fassbinder dans les décors.

Ach! Das jukebox!
L'idée de comics est travaillée à fond, dans les raccords entre scènes, les ellipses et les interludes, avec un chouette sens du détail, comme par exemple ce courrier des lecteurs, la creepy correpondence - trop chou, non?



The Mist, Darabont, 2007
Dead zone, Cronenberg, 1983
Creepshow, Romero, 1982

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