mardi 23 février 2016

Lost in the woods

Peut-être parce que l'hiver finissant me donne des envies de fuite dans les bois et de batifoler dans les arbres avec des écureuils facétieux et des tueurs primesautiers, peut-être parce que mon côté scout rejaillit en temps de crise,  toujours est-il que je me suis dénichée un petit baluchon de films forestiers plein de malice et de tripes bios qui volent dans tous les sens que je vous raconte pas comment c'est trop de l'évasion à portée de main (coupée).

Preservation est plein d'acteurs-dont-la-tête-nous-dit-quelque-chose-mais-dans-quoi-il-a-joué-merde, enfin des acteurs de série quoi, mais qui font genre vrais acteurs, et qui nous font dire "ça rigole pas, ceci est un vrai film, pas une grosse blague destinée au public de Nanarland". Un sympathique trio (un couple et son beauf) se fait un petit weekend dans le parc national de leur enfance (aux frères donc) histoire de prendre un peu le temps de se retrouver - c'est à dire de régler le PTSD du frère qui dort dans sa voiture depuis son retour d'Irak, de permettre à l'autre de se rendre compte qu'il ferait bien de s'occuper de sa femme et de trouver un moyen pour celle-ci d'enfin oser avouer qu'elle est en cloque. Tu parles d'un weekend de détente! Bon, dans tout ça, arrivent des mystérieux prédateurs (houuu) furtifs et silencieux, sur des vélos de sales petits cons et qui ne communiquent visiblement que par textos - même quand ils sont genre à 50 cm l'un de l'autre. Ces types ont beau être à l'âge où on découvre seulement ses premiers poils, ils n'en sont pas moins pas méga lol et vont donner du fil à retordre à notre brave fifille - (attention spoiler) qui va tous nous les enterrer - parce qu'être enceinte, c'est connu, ça donne des envies de meurtres. C'est franchement pas mal foutu, niveau rythme, image, tortures sympas et très joli dans les couleurs, les teintes sableuses, les plans lents bordés d'une bande-son toute en douceur de vivre électronique dans les bois, à la fraîche. Huum, envie de grandes étendues et de fusil à pompe, tiens.

Toujours dans la forêt, mais dans un style plus classique, une livraison de ce cher Eli Roth qui s'est visiblement levé un matin en se disant "Putain, après les films de zombies, que ressusciter cette année? Les films de cannibale, bien sur!" Quelle idée de génie, tiens. The green inferno est donc un pur cannibalxploitation (?) digne de ce nom, avec des beaux contrastes rouge sang sur vert pétant (car oui, l'Amazonie est hyper vert, haha). Le prétexte est ici fort risible, à l'instar des nombreux petits plaisirs livrés par les Lenzi et autres macaronis sauce tomate des 80's: un groupe de jeunes activistes part dans la forêt pour stopper un chantier afin de protéger une pauv' population d'indigènes qui n'en demandait pas tant, mais qui va du coup faire un bon miam-miam 100% bio - l'écolo est souvent nourri au grain issu de l'agriculture organique. Ils pourraient d'ailleurs probablement faire certifier leurs techniques d'abattage par Ecocert en se donnant un peu la peine - franchement, c'est beau, c'est bio du début à la fin. Le film n'a (en tout cas j'espère) visiblement pas la prétention de faire "vrai" mais plutôt "genre" - avec des trucs un peu WTF. Bon, on l'a compris, le but de ce type de config', c'est de montrer comment les blancs, y sont pas gentils et puis, si les autres, ils les boulottent, ben c'est parce qu'y zont commencé d'abord. D'où une série de réactions bien débiles de gringos en terre inconnue (" trop beau ce guépard, c'est trop mon prochain tatouage") et de vague hésitation éthique entre  le Bien, le Mal, le Juste et  le Bon temps de cuisson. Il y a par contre un truc qui, avouons-le rend l'intrigue plutôt bancale: c'est ce personnage central qui est censé être le-leader-charismatique-que-tout-le-monde-suit mais-qui-se-révèle-être-un-enculé-en-fait. Alors bon Eli, le principe, c'est de faire un truc genre subtil  - "est-ce un enfoiré ou juste un mec intense? Un enculé ou un bel incompris rebelle?" - et de balancer petit à petit l'enculade une fois les mains dans les tripes de ses potes. Présenter un type qui est dès le départ ultra antipathique, complètement crétin, absolument ridicule et qui a en plus le charisme d'une huître géorgienne, ça rend très difficile pour nous, public, de comprendre mais putain POURQUOI toute cette bande de gentils-tout-plein le suit au fin fond d'une forêt qu'ils savent à peine situer sur une carte du monde pour sauver des indigènes qui sont même pas sur facebook? Hum, pourquoi? Bref. On n'a pas tout compris, mais on a bien aimé - surtout la thématique de fond, l'excision, amenée avec tact et délicatesse, comme il se doit. Eli est une femme comme les autres, yeah!

Last but not least, The forest, dont on a un peu parlé récemment en redécouvrant à quel point le Japon, parfois ça fait peur. Il y existe effectivement une forêt dans laquelle nos amis ponais aiment à se suicider - les arbres ont de bonnes branches latérales, il est facile de se dénicher une petite souche qui servira de chaise et en plus, un type vend des cordes à l'entrée, pratique. Plus sérieusement, c'est en fait un bois où traditionnellement on conduit ses petits vieux pour les perdre à l'automne de leur vie - un peu comme les chiens à l'approche de l'été. Ne soyons pas fourbes, nous aussi, on aimerait avoir autant de courage que ces braves nippons, un bon nettoyage des +80, voilà qui relancerait l'économie. En attendant, voyons ce que donne cette forêt, cadre d'un film qui se défend pas mal -finalement. Sarah se réveille une nuit avec la conscience nette que sa sœur jumelle est paumée dans une forêt en train de courir. Elle prend donc un avion pour le Japon et Bingo! Sa sista est bien perdue au fond d'une forêt pleine de pendus et d'écolières flippantes. Accompagnée d'un journaliste australien ( sera-t-il psychopathe? Ou juste complètement con? Suspense!) qui veut faire un scoop - on aimerait mieux avoir des nouvelles des Brangelina, mais bon - elle va partir à sa recherche avec sa bite et son couteau pour tout bagage. Tout ça avec des visions, des souvenirs d'enfance, des complexes qui se dénouent et des chutes dans des grands trous - Lacan est caché dans un coin, avec son grrros symbolisme à la main. Y'a un peu d'abus de vieux trucs moisis qui  apparaissent en faisant Bouh! et d'ombres qui fuient entre les arbres. Mais comme je suis un super bon client du "bouh", je vais dire allez quoi, on se fiche un petite trouille quand même. et on se voit bien retourner faire un petit tour de ce côté là, tiens.

Preservation, Denham, 2014
The green inferno, Roth, 2013
The forest, Zada, 2016

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