samedi 6 février 2016

Noir total

Je sais pas si c'est l'hiver mais, à l'instar de pas mal d'obsessionnels-compulsifs, je n'arrive plus à regarder les films autrement que par groupe de trois-du-même-genre. Bon, ceci dit, ça donne un côté réflechi à la démarche qui fait un peu frime. Ce coup-ci , c'est encore du néonoir - et il est temps que ça s'arrête.

Bloodwork est un film qui raconte à peu de choses près exactement la même chose que The Pledge: un flic à la retraite poursuit un tueur fou après avoir fait une promesse à la con à une jeune femme un peu hystérique. Il a mal au cœur, tout le monde en a marre de ses simagrées, il a du mal à courir plus de cinq minutes mais il récupère quand même une bonnasse dans l'affaire qui va devenir son officielle et vivre avec lui dans l'endroit chelou qu'il a choisit pour passer sa retraite - ici , un bateau. C'est d'ailleurs aussi un film d'acteur (Eastwood) sorti juste un an après The Pledge - probablement juste une coïncidence? En tout cas, il a du souffrir de la comparaison, parce qu'il est largement en dessous. Si le personnage de flic n'est pas mauvais (Clint himself), les personnages secondaires sont plutôt nazes - la bonne par exemple, où on ne sait pas si c'est le rôle qui est mal écrit ou simplement l'actrice qui joue comme une clenche - l'intrigue est un peu courue d'avance, cherche à faire du spectaculaire hollywoodien qui fait tache et a l'audace de nous proposer un happy-end complètement crétin. Clint n'est pas mauvais cela dit, bien décrépi comme il faut, il fait un peu pitié - voire rire. Peut-être l'intention de base en fait?

Frantic est un film qui fait franchement rire- je ne sais pas si c'était l'idée, mais bon. Dr Walker (Harrison Ford, sans son fouet et son chapeau) et sa femme vont en vacances à Paris. La femme disparaît,qui reste? Une valise qui n'est pas à elle et une gourmette sur le trottoir. Ici, de nouveau, la Loi ne sert à rien - pire encore, la Loi n'en a juste rien à foutre. La police française est présentée comme une bande d'ignares complètement incompétents, linguistiquement impotents et finalement plutôt inutiles. Walker va par contre se révéler super dégourdi et travailler en Solo (haha). Il croise au détour de son enquête une petite pute à gros sourcils - Emmanuelle Seigner, introduite ici par Polanski, qui s'est lui-même d'ailleurs aussi introduit à et dans elle quand il ne tripotait pas encore les petites filles en Californie - un peu con sur les bords mais charmante avec sa moue et son appart sous les toits. Il y a plein de clichés de films noirs détournés: des ratages un peu gag, des chutes du toit vaudevillesques - un côté un peu Pierre Richard qui fait du bien.

Toujours de Polanski, il y a l'immense Chinatown, jumeau maléfique de Frantic: magnifique, second degré mais d'un noir absolu jusqu'au bout sans aucune consolation. Gittes (Nicholson) est un privé minable, comme souvent dans les films et se voit confier une mission banale de surveillance de mari infidèle - qui s'avérera plus tordue que prévu, avec des embrouilles qui s'enchaînent et n'en finissent pas: corruption, reventes illégales, détournement aquatique et spéculations mafieuses, c'est tout un merdier qui lui tombe dessus. Dès le générique, on est dans du noir revu: typo vintage, générique entier au début, entrée dans le vif dans le quotidien pathétique d'un détective cynique et miteux. Dans la suite, plein de petites scènes qui reprennent le genre mais avec des effets comiques aussi un peu slapstick mais qui font plus pitié pour les héros que rire - genre je m'effondre en larme sur mon volant et déclenche par inadvertance le klaxon - et surtout, la présence de John Huston en vieux proprio véreux, incestueux, menteur et globalement evil. Il y a aussi l’immense Faye Dunaway, encore jeune de visage, mais filmée de suffisamment près pour qu'on voit les coutures qui commencent à tirer sur le lifting. La fin n'est pas loin, et c'est pas bien drôle.

Blood work, Eastwood, 2002
Frantic, Polanski, 1988
Chinatown, Polanski, 1974

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