mercredi 6 janvier 2016

Southern Gothic

J'ai un peu peu dévié de ma liste initiale, résultat, ça commence un peu à ressembler à n'importe quoi - je vois moyen comment les films vus cette semaine entrent dans le genre, mais j'ai bien ri au moins.

Abby est un Exorciste blaxploitation plutôt rigolo dans lequel on apprend que le sexe, dans le fond, c'est mal. Abby est une gentille femme de curé, conseillère conjugale de son état (on apprécie l'ironie) et se sent un jour devenir toute chose. C'est parce qu'en fait, son anthropologue de beau-père vient de libérer l'esprit d'un démon africain pendant une mission d'observation dans une grotte au Nigéria. Comme il avait des miles à échanger, l'esprit s'est donc bougé le cul jusqu'au fin fond du Kentucky pour posséder cette pauvre Abby qui va commencer à faire des trucs chelous avec sa bouche et son utérus. Car le démon en question n'est autre qu'un démon du sexe, *rire diabolique et salace à la fois*. Chauffer le monsieur d'un couple en pleine session, traîner au comptoir des bars avec un regard vicieux, faire des trucs pas catholiques à son mari - Abby est intenable, elle veut du cul et c'est bien évidemment MAL. Heureusement, il y a Findus et on lui trouve vite fait un exorciste pour qu'elle puisse retrouver elle aussi une vie bien rangée à base de missionnaire-sous-les-draps-et-au-lit - magnifique dernier plan. Bon, c'est un film d'exploitation alors faut pas non plus s'attendre à trop. Possession pas inintéressante, pas mal jouée même si la tête du méchant en surimpression, c'est bof, et situations plutôt cocasses. Par contre, ça aurait pu être plus intelligent du point de vue du fond - ça fait un peu bloc dans le puritanisme un peu concon, mais bon.

Dans un genre différent et un peu plus malin par rapport au positionnement, White Lightning est une histoire de bootlegger (visiblement un genre à lui tout seul ) bien du Sud qui ne cherche pas à faire joli mais se révèle nonbstant pas bête. Bobby "Gator" sort de prison avec pour mission de coincer un shérif pourri, trempé jusqu'à l'os dans du traffic de whisky; shérif qui a également noyé son frérot (à Bobby) en passant. Revanche, donc, vieille histoire de règlement de compte à la redneck? Pas que. C'est que, si Gator descend d'une vieille famille de bootlegger, son frangin était lui un gentil, étudiant pas mouillé pour un sou dans le bizness familial. Seulement; 70's oblige, le petit protestait un peu trop au goût du super flic du coin - "si on les laisse faire, y vont se mettre à défendre les pédés, pis les noirs aussi didon" - et plof, vla l'emmerdeur au fond d'un marécage. Gator va donc devoir s'infiltrer dans le milieu du bootleg, qu'il avait pourtant complètement laissé tomber - bah il était en prison, logique - et essayer de coincer le méchant shérif, mais qui est super trop malin - en fait non, il est particulièrement débile - mais comme on est dans le Sud, tout fonctionne un peu à l'albanaise, avec une justice personnelle qui n'a pas grand chose à voir avec le monde moderne. Ça travaille bien sur l'image d'un Sud sauvage qui ne vit que d'après ses propres lois, territoire quasi tribal de consanguins édentés refusant à tout crin la modernité. La position de Gator est par contre intéressante, puisqu'il s'agit d'un crétin qui a vu la lumière et qui décide de combattre le mal. Enfin, combattre le mal: il décide surtout de se venger selon les mêmes lois archaïques qui ont fait de son frère une victime, mais bon. On va pas faire chier non plus, hein. Pleins de courses-poursuites qui vraoum et une chouette partition de Bernstein là-dessus, mi-banjo mi-orchestral.

Je voulais voir Cape Fear, mais j'ai évidemment chopé le remake sans faire exprès (Scorsese, 1991) et pas l'original (Thompson, 1962). Qu'importe, puisque les deux héros du 1 sont dans le 2  (trop malicieux ce Marty). J'ai reconnu Peck, qui a une belle moustache noire - mais des cheveux gris ou l'inverse, en tout cas, un problème de coloration, mais j'ai raté Mitchum - ou peut-être pas reconnu. Pour l'histoire: sorti de taule après 16 ans, un violeur décide de se venger de son avocat - pas sympa, celui-ci a planqué un document aggravant qui aurait pu alléger la peine. Le document en question était un rapport établissant que la victime était "promiscuous". Hé oui, il fut un temps où une femme qui se faisait violer pouvait être qualifiée de "légère" comme élément à décharge du violeur.  Je suppose que ceci n'existe plus au niveau légal même si ça a l'air de rester un argument valable au niveau du café du commerce, mais toujours est-il que, placé dans le contexte des 90's, c'est un peu bizarre. Il semblerait en fait que c'est une vraie question, et qui ne met pas forcément tout le monde d'accord. Scorcese ne s'appesantit pas trop sur le motif de la vengeance pour se concentrer sur la mise en place, le harcèlement, l'impuissance de l'avocat à se défendre - et sur la bêtise de sa gamine de 16 ans, Juliette Lewis quiche à souhait. Du coup, on a un De Niro (l'ex-convict) bien taré, plein de tattoo religieux vengeurs et un Nick Holte (l'avocat), tout chafouin, chopé en plus en train de presque tromper sa femme et pas trop à l'aise avec le sang. Par rapport à d'autres films, c'est plus nerveux, plein de plans courts montés tac-tac-tac - genre rapidement quoi - avec des zoom hop d'un coup et des réactions bing soudaines - ça surprend! Pas aussi moelleux que certains Scorsese, où de temps en temps des longs travelling un peu mégalo/grandioses viennent faire respirer le tout, donnent un peu de fluidité. Ici, c'est du nerf au millimètre, tout en muscles ramassés et accent pointu (pas traînant, tiens). 

Abby, Girdler, 1974
White Lightning, Sargent, 1973
Cape Fear, Scorsese, 1991


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