mardi 1 mars 2016

Redneck total

Bon avouons-la, l'idée de ce micro-cycle ne vient pas directement de moi, mais d'un sympathique B to Z au titre alléchant de "Rural terror". Une grosse attaque de flemme m'empêcha de m'y rendre, mais foutre! J'étais déjà tellement mouillée dans ma tête à l'idée de ces films qu'ils ont l'air super chelou que je me les procurai fissa et en route pour un weekend à la campagne. 

Wake in fright est (apparemment) un film culte australien - pour moi, c'est surtout un film australien quoi: y disent "mate", on pige quenouille à leur accent et y butent des kangourous quand y s'ennuient.
dead as a kangoo
Bon. Mais encore. On y voit un jeune instit' gaulé de sa race, blondin comme un petit surfeur bien miam, qui quitte son poste au fin fond de la cambrousse pour partir à la grande ville rejoindre sa surfeuse de copine. Faisant halte dans une ville de bons vieux rednecks, il commence par ricaner des mœurs étranges de ces gens sans dents qui se nourrissent de bière, puis il décide de rigoler un coup et crame toute sa tune en pariant (sur des pile-ou-face, quand même, grand moment de cinéma suspense). Comme il a plus de sous, il continue à se mettre la tête avec des gens qu'ont des tronches pas nettes en se disant que c'est une bonne idée (heeuu). De cuite en partie de chasse sauvage, notre apollon finit par n'être plus qu'une petite chiffe molle imbibée qui dort dans son pipi. Heurk. Il décide de réagir, mais arrivera-t-il à quitter cette ville mauuuudite (*mouahaha*). C'est donc pas vraiment un film d'horreur et même pas une série Z, puisque c'est très bien foutu, avec une progression bien lente et vicelarde dans la violence virile de bouseux en zlip, comme voir un (beau) camion s'écraser au ralenti en sirotant son petit thé. Finalement, c'est quasi du Southern Gothic, avec la même idée d'une zone in bumfuck nowhere, avec ses lois et ses codes, et visiblement pas beaucoup de dentiste. C'est aussi le premier film dans lequel est crédité un kangourou dans le rôle du fighter. Un oscar pour Nelson, un oscar pour Nelson!



Dans la suite directe, The reflecting skin est également filmé dans un espace paumé, hors du monde, limite hors du temps, avec des gens qu'on dirait tous des mennonites et avec des drames plein de lenteur zet de grâce. Ici, il s'agit d'un petiot à l'imagination galopante qui pense que la vieille anglaise d'à côté est un vampire - elle fait un peu sa Tilda dans Only lovers.... A part ça, tout va bien: des types inquiétants se promènent dans une bagnole rutilante et caressent les joues des petits garçons, son père s'immole à la pompe à essence et ses petites potes disparaissent les uns après les autres. Entouré d'une troupe d'adultes patibulaires tous à moitié dingues - sa mère qui le torture à l'eau la nuit, son frère qui se tape un vampire, le shérif qui lui parle de son œil en moins, enfin, normal quoi - notre cher bambin finit par devenir pote avec un fœtus momifié (enfin un truc du genre). Tout ça donne un film bien bizarre aux intrigues parallèles - mais qui se rejoignent à l'infini, comme on le sait - dans une ambiance lente, météorologique, et carrément American Gothic pour le coup.


Y'a pas à chier, c'est vraiment beau, ultra photographié et léché dans la recherche de cadres, parfois un peu fatiguant par contre dans les dialogues - genre un peu trop d'hystérie en jachère, de folles planquées au détour de chemin qui caquettent (toujours pas compris cette scène) et de grenouilles qui explosent. Parce qu'un peu comme Wake in fright, y'a de la castagne de nature animale qui laisse un peu rêveur parfois - la seule violence directe du film en fait. Bah, on s'amuse comme on peut. 

Tout ça est très cohérent, mais comme j'étais en mode "in da wood" depuis la semaine dernière, j'ai enchaîné avec Cabin Fever, encore un petit bijou campagnard de ce cher Eli Roth, qui aime décidément bien partir filmer on location, le fourbichou. Bon, celui-ci par contre est un bon Z assumé jusqu'au bout. Placé sous le patronage de Deliverance (aheum) dès le départ, rien ne nous est épargné: redneck en chemise à carreaux et bretelles, fusil à pompe, shérifette sexy/trashouille et enfant à masque de lapin genre Gummo bricolo. Tout ça pour raconter une histoire somme toute banale, de 5 sémillants jeunes gens, plein d'espoir et d'hormones en folaïe qui partent pour un petit weekend à la campagne et qui se font estourbir par qui donc? Hé ben par un méchant virus qui bouffe la peau et fait des trous pas bien beaux dans leurs jolis abdos. Comme c'est beau comment je cause parfois. Bref du coup, virus, contamination en série, tentative de quarantaine dans l'abri de jardin qui tourne à l'immolation et séance de rasage qui fait une très mauvaise pub à Gillette Venus. Là-dessus, le redneck n'est finalement qu'un accessoire sympa, certes, et bien jovial, mais bon. Y paraît qu'il y a deux suites: ô joie!

Wake in fright, Kotcheff, 1971
The reflecting skin, Ridley, 1990
Cabin fever, Roth, 2002

2 commentaires:

Satanversquoi a dit…

Ted Kotcheff, le réalisateur de Wake In Fright, s'est quand même distingué plus tard en signant First Blood, le premier Rambo !

Le chicon masqué a dit…

Oui, il avait d'abord casté Nelson pour le rôle de Rambo d'ailleurs.