C’est un peu une sélection au hasard cette semaine mais
toujours avec des types rendus à moitié fous par la recherche de la vérité, l’absolution
et surtout l’obsession de l’innocence.
M’étant récemment remise à Ellroy – la trilogie Hopkins, pas
foudroyante du point de vue style mais assez géniale du point de vue trame – je
fus bien aise de découvrir que Stone avait fait un film sur JFK et les
nombreuses zones d’ombres qui constituent le fonds paranoïaco-complotiste de la
trilogie Underworld America. JFK se centre sur le personnage du
procureur Garrison, ce cher Harrison Ford*sans son fouet mais avec son chapeau,
qui flaire qu’y a anguille sous roche. On suit alors toute l’enquête minutieuse
faite afin de démonter la théorie du tireur unique – vachement peu crédible si
on en croit Harrison/Garrison. C’est un peu étrange car ça ne sert finalement
pas à grand-chose : tout le monde est un peu trempé dedans mais personne n’a
vraiment tiré, enfin si, mais bon. On retrouve bien les point sur lesquels
Ellroy brode dans son roman : Cuba, les syndicats, la mafia, Hoover, Nixon
en fond, le Vietnam et les mouvements des civil
right ; tout est lié parfois via des alliances super chelous comme
les USA en ont le secret. Stone prend le parti d’un récit relativement suivi,
avec quelques images d’archives mais intercalées presque comme une réalité
subliminale qui ferait irruption dans le film. Il aime toujours autant le
roulement de tambour militaire (ratatata), calé un peu partout et parfois à la
nimp on dirait ; et on retrouve également cet amour du climax émotionnel
et visuel avec des zooms dramatiques, des montages épileptiques, enfin tout ce
qui peut rendre un truc dans le réel plutôt chiant (4 clampins qui vérifient des alibis,
interrogent des témoins et contemplent des blows up d’un film de 45 secondes)
en truc carrément ouaouh quoi. Ça marche car malgré ses 3 bonnes heures, on s’est
pas fait chier, dis donc !
Comment suis-je tombée sur Bringing out the dead en faisant des recherches sur JFK, mystère. Mais le titre était trop
drôle (cfr cette scène
géniale du Holy Grail) et puis j’aime les ambulanciers et leur dégaines de
taxi blancs. Comme dans beaucoup de Scorsese, il y est question d’un homme qui
perd pied et qui s’enfonce dans une
logique de défonce accélérée à laquelle on assiste comme à un accident au ralenti
(en fermant un peu un œil mais en matant quand même). L’épave en devenir, c’est
Frank, paramedic en burn-out imminent qu’on refuse de virer tant qu’il a pas vu
son médecin conseil. Frank fait ce qu’on appelle le graveyard’s shift, terme
intéressant qui veut dire service de nuit, pour un hôpital qui récupère tout ce
que vomit la nuit new-yorkaise – tarés, clodos, alcolos, drogués, femmes de vie
ou de mort, bébés en vadrouille, arrêts cardiaques et crises existentielles. Ça
fait beaucoup pour un seul homme qui n’a en plus pas l’air d’avoir beaucoup de
distractions en dehors du boulot, le pauvre, il n’a même pas Facebook. Du coup,
il se met à voir des fantômes et à parler à des demi-morts, puis pour aller
mieux, il ajoute un petit coup de benzédrine à son whisky matinal pis de xanax
dans son bourbon vespéral. Mouais. Tout ça va mal finir, on le sent mais on
rit, parce que c’est une dégringolade pas loin de la pantalonnade et que les
cadavres, les vieux qui se chient dessus et les mecs en OD, tout ça, c’est
finalement business as usual et Frank ne se prive pas de rigoler un coup quand
l’occasion se présente. Le tout est montré dans une frénésie nocturne un peu
sous crack, en alternance avec des moments très doux et contemplatifs,
desservis de façon exemplaire par Nicholas Cage qui a eu, un jour, le secret de
ces rôles de grands malades aux yeux tristes. Bande-son excellente, comme
souvent chez Scorsese, et toujours la tentation du sauveur de la veuve et de l’orphelin,
du protecteur de l’innocence urbaine et de la rédemption. Ach.
Toujours avec Cage et toujours dans la descente lente et
inexorable vers un crash retentissant et sanglant, on a Bad Lieutenant, Port of call New-Orleans qui n’a donc rien à voir
avec l’autre, même si on y voit un lieutenant de police s’enfoncer dans des
magouilles de plus en plus ingérables au rythme de paris sportifs foireux sur
des matchs de base-ball et d’arrestations arbitraires de petits culs fermes
avec pipes à l’arrivée. Bon. D’après Herzog, ça n’a rien avoir avec le Ferrara,
d’ailleurs il l’a même pas vu (bravo Werner, belle culture) et donc bah c’est
une coïncidence on va dire, et finalement, c’est pas très important puisque le
film tient tout seul. Il y a la touche d’Herzog, un peu absurde, avec des
visuels hallucinatoires rigolos – très jungle entre les alligators, les iguanes
et le reste – et une petite musique à la Dexter qu’on n’a pas bien compris par
contre. Cage donne aussi un ton très différent
à l’ensemble avec son côté cocker, son regard de grande désespérée et sa
quête de la pureté.
JFK, Stone, 1991
Bringing out the dead, Scorsese, 1999
Bad lieutenant, Port of call New Orleans, Herzog, 2009
*Edit: Oui en fait c'est Keviiiin Costner et pas Harrison Ford, lapsus révélateur qui fera plaisir à mon psy.
*Edit: Oui en fait c'est Keviiiin Costner et pas Harrison Ford, lapsus révélateur qui fera plaisir à mon psy.
2 commentaires:
C'est Kevin Costner dans JFK, pas Harisson Ford...
Pas du tout le même pédigré ;-)
Mais j'ai fait exprès pour voir si quelqu'un suivait, hein :-)
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