En ce moment, ça fouette le cow-boy à tous les étages ( comme
je l’avais bien flairé, entraînée que je suis à humer l’odeur du purin qui s’élève
dans la plaine). Il y en a au cinéma, en musique et maintenant aussi en
politique, c’est dire.
Young ones, ça fait un moment que je l’ai et que
je persiste à le confondre avec The Loved
ones, sorte de Carrie taré dans l’outback
australien – j’en étais même venue à douter de l’existence de ce film. Mais non !
En faisant des recherches sur M. Shannon, le mec qu’a la gueule la plus flippante
du monde, je me suis rendue compte qu’il avait bien joué dans ce thriller
postapo avec aussi le joli Nicholas Hoult qui bouffait déjà du sable en
prévision de Mad Max. Young ones raconte donc l’histoire d’un monde dans lequel il
n’y a plus d’eau (ou presque) avec des gens qui vivent dans le désert et qui
ont plein d’engins bizarres faits de bric et de broc (genre MM, quoi). Evidemment
cet univers est impitoyable et dominé par des contrebandiers/puitiers (genre
des mecs qui creusent des puits) avides de pouvoir et d’alcool. Dans tout ça,
un petit fermier tente de survivre entre son fils neurasthénique et sa fille
hystéro : il deale un peu, manigance vite faite et aimerait bien qu’on irriguât
sa terre. C’est sans compter sur le mec de sa gamine, un petit jeunot aux dents
longues et sans grande moralité, monté sur une moto du diable qu’il lance à
toute allure sur les pistes (un peu comme MM quoi). Bon en gros, c’est un peu
comme Mad Max, mais pas tout à fait : il y a une intrigue et même qu’elle
est découpée en plusieurs chapitres, qui suivent le parcours des trois héros –
le père, le fils, le gendre, chacun barbare et victime à sa façon. Finalement,
l’aspect postapocalyptique joue peu – c’est surtout un prétexte pour se la
jouer cuir et moustache dans le sable.
Des vrais cow-boys de vrais de vrais, c’est dans Hell or high water (traduit en français Comancheria, merci beaucoup) qui raconte
une virée de braquages qui tourne mal. Deux frères cherchent à sauver le ranch
familial du fin fond du Texas bouffé par
les dettes et les arriérés : comme l’un d’entre eux sort justement de
taule, il se dit – bingo, braquons des banques ! La bonne idée ! Ils
y vont donc, en pur mode desperados des plaines (genre pas super préparés,
entre deux burgers, avec des chaussettes sur la tête). Evidemment, braquer des
banques dans un état où tout le monde a
son flingue à la ceinture, c’est pas top malin. Mais bon. De l’autre côté du
Texas, un pépé ranger, à deux semaines de la retraite, embarque avec un collègue
mi-mexicos, mi-comanche pour trouver et faire la peau à ces connauds. A partir
de là, c’est de la cowboyerie à tous les étages : deux jeunes gars en roue
libre, un vieux sur le départ qui égrène ses blagues racistes et sa sagesse
redneck de vieux flic avec un indien des plaines pour tout compagnon de voyage :
c’est beau. Non, mais c’est vraiment beau, en fait. C’est beaucoup de bagnoles
et de larges paysages, de bande-son « bwwoiiing » (Nick Cave à l’écriture
quand même) et de questionnement existentiel sur les nouveaux apaches, les rois
des plaines d’un espace qu’on se demande parfois s’il disparaîtra un jour (non,
en fait).
Finalement, le cow-boy moderne, c’est Snowden, enfin adapté par Stone dans un film pas mal foutu. On y retrace l’histoire de
ce pauvre Edouard, obligé de vivre en Russie jusqu’à la fin de ses jours parce
qu’il a fait de la merde. En même temps, quand on voit le degré de sécurité des
installations, il devait bien se douter qu’on allait pas lui taper dans le dos
après. Bref. On voit l’aspect plus évolutif, la construction lente de la décision
de tout balancer. Au départ pas super fan des libéraux et des anti-guerre,
Doudou change pourtant : c’est grâce à l’amûûr, c’est sûr, mais aussi
parce qu’il se rend compte que la lutte antiterrosisssse, c’est pas toujours
super mimi. Hé oui, Ed, la vie, c’est pas rigolo ! Mais là où il se fâche
tout rouge, c’est quand on lui pique son joli code qu’il avait écrit tout
gentiment et qu’on en fait un instrument du diable. Ha oui mais non. Bref, le
récit a peu d’importance et le film est assez classique pour un film politique
de Stones : peu d’images d’archives cependant, mais toujours des moments
très solennels, avec des roulements de tambour militaire en fond (= le héros
est en train de vivre un moment décisif pour lui (= son cœur bat, comme le
tambour) mais la nation tout entière aussi (=son tambour bat, comme le cœur quoi)).
L’histoire et l’Histoire, tout ça. Enfin.
Young ones, Paltrow, 2014
Hell or high water, Mc Kenzie, 2016
Snowden, Stone, 2016