mardi 29 novembre 2016

Cow-boy total

En ce moment, ça fouette le cow-boy à tous les étages ( comme je l’avais bien flairé, entraînée que je suis à humer l’odeur du purin qui s’élève dans la plaine). Il y en a au cinéma, en musique et maintenant aussi en politique, c’est dire.

Young ones, ça fait un moment que je l’ai et que je persiste à le confondre avec The Loved ones, sorte de Carrie taré dans l’outback australien – j’en étais même venue à douter de l’existence de ce film. Mais non ! En faisant des recherches sur M. Shannon, le mec qu’a la gueule la plus flippante du monde, je me suis rendue compte qu’il avait bien joué dans ce thriller postapo avec aussi le joli Nicholas Hoult qui bouffait déjà du sable en prévision de Mad Max. Young ones raconte donc l’histoire d’un monde dans lequel il n’y a plus d’eau (ou presque) avec des gens qui vivent dans le désert et qui ont plein d’engins bizarres faits de bric et de broc (genre MM, quoi). Evidemment cet univers est impitoyable et dominé par des contrebandiers/puitiers (genre des mecs qui creusent des puits) avides de pouvoir et d’alcool. Dans tout ça, un petit fermier tente de survivre entre son fils neurasthénique et sa fille hystéro : il deale un peu, manigance vite faite et aimerait bien qu’on irriguât sa terre. C’est sans compter sur le mec de sa gamine, un petit jeunot aux dents longues et sans grande moralité, monté sur une moto du diable qu’il lance à toute allure sur les pistes (un peu comme MM quoi). Bon en gros, c’est un peu comme Mad Max, mais pas tout à fait : il y a une intrigue et même qu’elle est découpée en plusieurs chapitres, qui suivent le parcours des trois héros – le père, le fils, le gendre, chacun barbare et victime à sa façon. Finalement, l’aspect postapocalyptique joue peu – c’est surtout un prétexte pour se la jouer cuir et moustache dans le sable.

Des vrais cow-boys de vrais de vrais, c’est dans Hell or high water (traduit en français Comancheria, merci beaucoup) qui raconte une virée de braquages qui tourne mal. Deux frères cherchent à sauver le ranch familial du fin fond  du Texas bouffé par les dettes et les arriérés : comme l’un d’entre eux sort justement de taule, il se dit – bingo, braquons des banques ! La bonne idée ! Ils y vont donc, en pur mode desperados des plaines (genre pas super préparés, entre deux burgers, avec des chaussettes sur la tête). Evidemment, braquer des banques dans un état où tout le monde  a son flingue à la ceinture, c’est pas top malin. Mais bon. De l’autre côté du Texas, un pépé ranger, à deux semaines de la retraite, embarque avec un collègue mi-mexicos, mi-comanche pour trouver et faire la peau à ces connauds. A partir de là, c’est de la cowboyerie à tous les étages : deux jeunes gars en roue libre, un vieux sur le départ qui égrène ses blagues racistes et sa sagesse redneck de vieux flic avec un indien des plaines pour tout compagnon de voyage : c’est beau. Non, mais c’est vraiment beau, en fait. C’est beaucoup de bagnoles et de larges paysages, de bande-son « bwwoiiing » (Nick Cave à l’écriture quand même) et de questionnement existentiel sur les nouveaux apaches, les rois des plaines d’un espace qu’on se demande parfois s’il disparaîtra un jour (non, en fait).

Finalement, le cow-boy moderne, c’est Snowden, enfin adapté par Stone dans un film pas mal foutu. On y retrace l’histoire de ce pauvre Edouard, obligé de vivre en Russie jusqu’à la fin de ses jours parce qu’il a fait de la merde. En même temps, quand on voit le degré de sécurité des installations, il devait bien se douter qu’on allait pas lui taper dans le dos après. Bref. On voit l’aspect plus évolutif, la construction lente de la décision de tout balancer. Au départ pas super fan des libéraux et des anti-guerre, Doudou change pourtant : c’est grâce à l’amûûr, c’est sûr, mais aussi parce qu’il se rend compte que la lutte antiterrosisssse, c’est pas toujours super mimi. Hé oui, Ed, la vie, c’est pas rigolo ! Mais là où il se fâche tout rouge, c’est quand on lui pique son joli code qu’il avait écrit tout gentiment et qu’on en fait un instrument du diable. Ha oui mais non. Bref, le récit a peu d’importance et le film est assez classique pour un film politique de Stones : peu d’images d’archives cependant, mais toujours des moments très solennels, avec des roulements de tambour militaire en fond (= le héros est en train de vivre un moment décisif pour lui (= son cœur bat, comme le tambour) mais la nation tout entière aussi (=son tambour bat, comme le cœur quoi)). L’histoire et l’Histoire, tout ça. Enfin.

Young ones, Paltrow, 2014
Hell or high water, Mc Kenzie, 2016

Snowden, Stone, 2016

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