lundi 5 février 2018

Total love

Dans la joie et l’euphorie de l’approche de la St-Valentin, trois films qui parlent de cette chose gluante et découpable en petit morceaux qu’est l’amour.

Ichi the killer est comme son nom l’indique, l’histoire d’Ichi (sans Scratchy), un tueur solitaire un peu bizarre mais qui est en fait un grand amoureux incompris dans le fond. Au milieu d’une guerre de gang assez impigeable (des yakusas veulent tuer des yakusas qui pensent que les premiers ont tué leur chef et qui se mettent à tuer plein de gens pour se venger et pour le fun un peu aussi). Figures tutélaires de cette foire d’empoigne, un yakusa blondin au sourire modifié et aux petites habitudes amoureuses un peu chelou (on va dire). Il veut d’abord venger son boss, puis veut devenir son propre boss mais du coup doit se venger lui-même (ou un truc du style, je n’ai pas trop bien suivi). L’intérêt n’est de toute façon pas là : il s’agit d’un tueur mystérieux, Ichi, qui agit dans l’ombre et muni d’un super costume en néoprène assez cool et qui aime découper des choses – en mode master chef du couteau à poisson. On entend d’ailleurs plusieurs fois la référence au sashimi – c’est effectivement assez pointu (aha) et affûté (ohoh) comme humour. Ichi n’est cependant pas un vrai méchant, il est tout simplement amoureux. Amoureux d’un souvenir de viol, certes, ce qui peut sembler bizarre, mais qui sommes-nous pour juger ? Le film est franchement bizarre et ressemble parfois plus à une visite d’abattoir qu’à autre chose. On salue l’inventivité des découpes, la modernité de la tranche de cadavre revisité à la sauce fusion et la précision des entailles. Mais franchement, on ne pipe parfois pas grand-chose, si ce n’est que l’amour, ça fait mal mais parfois, le mal, ça fait du bien. C’est beau comme du Rousseau.

Toujours Takeshi Miike, il y a Audition, réputé assez gore mais finalement plus lent, moins sanglant et assez bien foutu. Il commence par une idée géniale. Shigearu, producteur de film, se cherche une meuf. Dur dur quand on a la quarantaine et un ado. Son ami bien intentionné a alors une idée géniale : pourquoi ne pas organiser une audition pour un film bidon et choisir ainsi sa future femme. Progressiste, non ? Tout se passe donc comme prévu, il se trouve une petit Asami, beauté étrange aux réflexions chelous sur la mort et la vie et au regard timide. Mais pas que. En dehors du fait qu’elle semble attendre son coup de fil toute la journée (pas super moderne ma chérie) et qu’elle ment comme un arracheur de dents, elle semble posséder un sac assez grand qui gigote dans son salon. Tiens tiens. L’histoire se construit lentement, sans qu’on sache trop où ça va, avec parfois des retours en arrière ou en avant, qui font qu’on se perd un peu dans l’histoire. Qu’est-ce qui a lieu, qu’est-ce qui tient du fantasme ? Adapté d’un bouquin de Murakami (Ryu, le trashosse des Bébés de la consigne automatique et de Bleu presque transparent) que je n’ai pas lu, ça rend assez bien le style du bonhomme – des jeunes gens modernes pris dans des trips complètement extrêmes avec des grands yeux tristes fixés sur des belles obsessions dégoulinantes de sang et d’amour (dans le fond).

Plus que d’amour, c’est surtout de désir dont il est question dans La region Salvaje film du génial Escalante qui avait déjà commis Heli, dont j’ai dû parler quelque part. C’est un peu une tranche de vie qui réunit différents personnages autour d’un truc venu d’ailleurs qui éveille, concrétise, catalyse leur désir dans une grand embrassade moite et gluante. C’est dommage d’en dire plus parce que le non-dit et la tension qu’il suppose est justement le centre du film – entre les désirs qui s’ignorent, les envies qu’on se cache et les découvertes qui nous déboussolent le ventre, tout se passe sans cris ni violence mais pas sans douleur. Tout est très atmosphérique, lent, pesant, immobile – presque tendre parfois, si ce n’était cette poigne qui enserre jusqu’à l’asphyxie ceux qui cherchent leur désir jusqu’au bout.

Ichi the killer, Miike, 2001
Audition, Miike, 1999
La region salvaje, Escalante, 2016

lundi 29 janvier 2018

Ecran total

Parmi le paquet de film vus récemment, petite tentative de tri thématique avec une première trilogie de films de fantômes, bouh, chacun particulier dans son genre : être bizarre qui jailli dans la cave, fantôme dépressif qui gratte les murs et slime dégueulasse qui sort par la bouche.

The beyond est apparemment la plus grande réussite de ce cher Fulci, que je ne connais pas mais qui m’a l’air plutôt avenant. Liza, une jeune héritière en manque de projet professionnel, hérite d’un hôtel un peu miteux mais plutôt classe dans la ville ultra cool de New-Orleans (qu’on aperçoit vite fait au détour d’un café mais sans plus). Point de vaudou donc, ce qui est bien dommage, mais des trucs bizarres qui se passent dans sa cave – genre il y a au bas mot trois mètres d’eau, c’est effectivement étrange et des plombiers qui meurent comme ça sans prévenir. Liza rencontre alors le beau docteur Mc Cabe qui la prend sous son aile – il va trouver une solution à ce merdier, d’autant plus que les cadavres commencent à se réveiller dans son hôpital et tout ça fait très désordre. Présenté comme un film de zombie, ça risque de décevoir un peu : très peu de soupe au cerveau, pas vraiment de poursuite en mode cadavre, tout ça est très mouais. C’est plutôt bien fait au niveau visuel et musical mais parfois un peu gag au niveau des dialogues. On aime beaucoup le personnage de McCabe, super sceptique et en plus un peu condescendant avec cette pauvre Liza.

A ghost story est un film qui avait l’air de parler de fantôme et de faire peur – comme son nom l’indique. En fait, pas du tout. C’est un film qui pourrait aussi s’appeler « Vertige du plan fixe » car c’est surtout de ça dont il s’agit. En gros, un petit couple tout mignon vit dans une maison qu’il est en train de quitter. Monsieur se tue en voiture- pas vraiment de détails et Madame se retrouve toute seule. Mais c’est sans compter que Monsieur revient d’entre les morts sous forme d’un fantôme, mouahaha. Fantôme littéral d’ailleurs puisqu’il est littéralement recouvert d’un grand drap blanc. Il va dès lors se mettre à zoner dans la maison, à rien foutre, son grand tissu qui traîne dans le chemin, à attendre on ne sait pas trop quoi. On aperçoit aussi quelques flashbacks de la relation entre les deux, sous forme de plans fixes muets dans lesquels il ne se passe rien. Très contemplatif. Quand Madame finit par se tirer, le pauvre chouchou reste là à errer, cette fois-ci sans but. Il essaye bien de faire un peu peur de-ci, de-là, mais on sent bien que le cœur n’y est pas. Cet ectoplasme était en effet beaucoup trop hipster dans la vraie vie pour se contenter d’être un fantôme de base en mode wesh-je-grimpe-au-plafond. Misère. Je ne raconte pas la fin, ce serait gâcher le plaisir des gens assez cinglés pour s’enfiler le film. Pour être honnête, c’est long, lent, pas toujours super beau et parfois un peu complaisant. C’est aussi super triste et vachement déprimant à plein de niveaux, ce qui rattrape la sauce. Restent les questions : un fantôme peut-il se suicider ? Qu’y avait-il sur le petit mot ? Fait-il chaud sous ce gros drap ?

Pour se ravigoter, j’ai vu the Thing, génial truc gluant dans la neige de Carpenter avec une musique de Morricone quand même ! Il y a beaucoup de barbus en veste de ski du coup j’ai un peu de mal à suivre au niveau personnages mais je pense qu’on s’en moque un peu : une équipe de chercheurs fait donc des recherches en Antarctique et se retrouve nez à nez avec un clébard tout mignon poursuivi par des tueurs norvégiens fous. M’enfin. Sauf que. Ce chien est en fait un truc venu de l’espace qui fait semblant d’être un chien. Mazafaka. Cette créature intelligente s’intègre à un système pour le mimer et le remplacer petit à petit. Très finaud. Il y a beaucoup d’Alien dans ce film – une créature qui s’immisce dans l’organisme, se nourrit de celui-ci et sort par la bouche de façon plutôt dégueu, mais aussi un peu de Body Snatchers – sous des façades humaines, des monstres, bouh ! Il y a même certains visuels vus dans It (et dans un bon paquet de film d’horreur d’ailleurs) comme l’araignée avec une tête à l’envers. Tout ça est fort réjouissant et à regarder au coin du feu quand il neige dehors. Musique extra, monstres plutôt cool, cruauté envers son prochain à point.

The beyond, Fulci,1981
A ghost story,Lowery, 2017
The thing, Carpenter, 1982

mardi 9 janvier 2018

Ecran total

Trois histoires d’amour et de vengeance, parce que comme dirait lady Gaga, en amour, when it’s not rough then it’s not fun.

The killing of a sacred deer est un film bien sympa, à voir avant Noël pour se mettre dans l’ambiance : ambiance ultra lourde, musique hyper oppressante, personnages bien chelou et violence en famille : youpi. Steve, chirurgien très chic a relation super bizarre et trop secrète avec un certain Martin, garçon bien chelou qui aime les montres et la tarte aux pommes. On se met à soupçonner des trucs croustillants mais non en fait. Martin n’est pas là pour se taper la cloche mais pour exiger un sacrifice qui lui est dû. C’est dommage d’en raconter plus sans gâcher la surprise. Le truc est super bien foutu par contre : les images sont assez hallucinantes, très métalliques, industrielles, taillées au couteau dans les objets et les décors: par contre très proche du corps et toujours un peu décalées quand il s’agit des personnages. Il y a aussi une musique entre post-indu électronique bien lourde et opéra planant. Les dialogues, les réactions, des plans très fixes : tout ça créé un truc assez indéfinissable qui se tasse le spectateur dans son fauteuil – genre whaaaat – et dont on sort un peu cassé. Mais bien.

Après la revenge, la Prevenge, du nom de ce magnifique film de Alice Lowe, la meuf trop drôle de Sightseers qui est aussi l’héroïne de ce roadtrip vengeur en cloque. Les femmes enceintes sont super hormonales, c’est bien connu. Du coup, elles ont un peu tendance à tuer les gens qui leur cassent un peu trop les ovaires. Ruth, jeune mère en devenir donc, se met donc à buter des gens dans tous les sens. On hésite sur le choix des victimes : des hommes qui ont fait les enculés ? Des ex qui ne l’ont pas rappelée ? Ou bien juste des quidams hétéroclites ? En fait non, et on l’apprendra à la fin. En attendant, on apprécie les meurtres originaux, les commentaires rigolos et le scrapbooking original. Lowe est très bonne dans le genre mère de famille flippée mais pas sans ressources.

Three billboards outside Ebbing, Missouri est aussi une histoire de revanche mais en beaucoup beaucoup plus compliqué – ça part un peu dans tous les sens. Mildred décide un jour de louer trois panneaux publicitaires à la sortie de la ville pour rappeler au shérif local qu’il n’a toujours pas trouvé l’assassin de sa fille. Colère mal placée ou catharsis mal gérée, on ne sait pas trop, mais son geste fout un peu la merde dans la ville qui se dresse comme un seul homme derrière son shérif bien aimé (qui se meurt, le pauvre). Celui-ci n’est d’ailleurs pas bien méchant et on se rend compte que Mildred est un peu cinglée – quand elle se met à mettre des baffes à des gamins pour le fun par exemple. Un truc en entraînant un autre, ça finit par un suicide, des incendies  volontaires et de cocktails molotov. On pourrait dire que c’est parfois un peu tiré par les cheveux, certains dialogues sont un peu étranges, avec une sorte de maniérisme space mais au final, tout le monde s’entend bien pour dire que la violence c’est sympa mais pas que. Assez joli dans l’ensemble, un peu cowboy dans le son. Avec Frances Mc Dormand qui est toujours aussi génialissime.

The killing of a sacred deer, Lanthimos, 2017
Prevenge, Lowe, 2016
Three billboards outside Ebbing, Missouri, Mc Donagh, 2017

mardi 2 janvier 2018

Ecran total

Des films plutôt sonores, avec des bruits bizarres dans tous les sens, es musiques bien épaisses qui flottent, et une histoire d’enquête au micro.

The berberian sound studio est un film carrément space, plutôt génial dans la forme et très cool à voir – à entendre surtout. Gilderoy, un gentil british un peu chafouin est envoyé en Italie bosser sur la sonorisation d’un film d’horreur. Entre pastèque écrasée et explosage de chou au marteau, on découver les dessous des bruitages de films d’horreur : c’est rigolo et très légumineux. L’ambiance au studio est un peu chelou, entre grand moment de déconne et relations tendues agressives passives. Gilderoy commence un peu à l’avoir mauvaise quand on le balade un peu trop avec ses notes de frais. Jusqu’à la phrase que tout le monde a envie d’entendre «  Mais si vous aimiez vraiment ça, vous le feriez gratos ». Bah oui tiens. S’ensuit une confusion bizarre entre les sons du film et ceux de la vie, le tout rythmé par des injonctions au silence subliminales et la recherche du cri parfait. Certains sont vraiment bien, d’autres franchement… C’est très joli pour la progression très lente, imperceptible sans que ce soit du fantastique tout à fait, toujours à la frontière. Il y a cette ambiance film italiens d’épouvante avec des couleurs partout et des grandes filles qui crient en chœur.

Un film qui te met plein les oreilles et dans les yeux, c’est le Blade runner 2049 mazafaka ouais. Alors bon, d’accord Villeneuve mais bon : qu’en penser ? Honnêtement, le film est joliment foutu, l’idée est un peu téléphonée sur pas mal de plan  sauf quelques petits twist mais pas trop mal dans l’ensemble. C’est sonorement plutôt beau, repartant un peu des ambiances synthés du premier mais en plus épais on va dire. Niveau images, pas mal du tout, très pluvieux, très poussiéreux, très post-soviétique. Chic. Il y a Ryan Gosling qui m’énerve assez passablement et qui est pareil à lui-même, jeu tout en moue, regard énigmatique, veste à col relevée. Mouais. Quelques idées pas mauvaises mais peut-être un peu didactique (le plan à trois holographique heu ?) – ceci dit, pas de ruptures de rythme et pour un film qui dure quasi trois heures, c’est déjà pas mal.

Blowout est un film trop bien de sa mère qui me confirme mon hypothèse première concernant De Palma – il est bel et bien le jumeau maléfique de James Ellroy. Encore un film avec un type qui passe par hasard, encore un meurtre avec un politicard qu’on veut mettre au placard, encore une fille fragile sauvée des eau mais pas que. C’est tout toi ça. C’est aussi un hommage à Antonioni mais en carrément moins chiant – au moins il y a John. Il y a aussi des scènes de meurtres par erreur un peu gore, des flics pas très compétents et un héros un peu minable qui reste impuissant à sauver sa belle. Ici aussi, on recherche le cri d’horreur parfait et ici aussi on se venge à coup de bandes démagnétisées. Quand même vachement plus visuel qu’un ficher mp3 effacé sur une clé, non ?

Berberian sound studio, Strickland, 2012
Blade runner 2049, Villeneuve, 2016
Blowout, De Palma, 1981

jeudi 14 décembre 2017

Ecran total

Des histoires de meurtres et d’amour parce qu’à l’approche de Nowel on a surtout envie de se rappeler que c’est la seule chose qui vaille la peine finalement.

Les garçons sauvages est une adaptation du roman de Burrough qui aime les choses un peu confuses (dans tous les sens du terme d’ailleurs). On pourrait parler de roman d’initiation même si je ne l’ai pas lu mais bon. Des jeunes garçons un peu foufous se voient accusés du meurtre de leur professeure de français,  quadra un peu étrange qui leur enseigne la littérature dans un champs en été à grand renfort de rhum. Pas très Pacte d’excellence, tout ça. Enfin bref. Après un procès un peu expédiés, les voici en route vers une île bizarre à bord d’un bateau avec un capitaine super chelou et bien oedipien. L’île se révèlera une révélateur (ben tiens) pour leurs sens zengourdis et leur libido pas bien claire. Faut pas en raconter plus parce qu’il se passe un truc de fou (que tout le monde avait vu venir sauf moi mais bon). Visuellement c’est très joli,  assez trippé, avec des sous-entendus parfois un peu gras mais bon. J’ai un souvenir un peu vague de la fin mais c’était bien. En gros. La BO est très jolie par contre.

Dans La vérité on retrouve cette chère Brigitte (Bardot) avec sa moue et son jeu d’actrice tout en fesses et choucroute capillaire : mais qu’elle est jolie. Le film raconte une histoire d’amour qui tourne mal et pris à partir du procès de cette histoire dont on connaît donc la fin dès le début. A coup de flashback et de témoignages on reconstruit l’histoire d’une petite paysanne montée à Paris en mode live-fast-die-young-bad-girls-do-it-well et qui décide donc qu’elle a autre chose à foutre que de gagner sa vie, se chercher un taf et devenir une dadame convenable.  Tout ça finit évidemment dans des cafés avec des étudiants en littérature qui comme on le sait sont des agents provocateurs de la mort (lol) et voilà notre amie en mode couche-toi-là-que-je-te-pousse , tout ça avec beaucoup d’élégance. Jusqu’à la rencontre avec un type un peu bizarre – hé oui – qui finit par lui voler son petit cœur de beurre.  Ça donne un beau film de procès, pas chiant du tout même si on sort sans avoir trop de conclusion :  les portraits dressés évoluent au fil du récit et on aurait bien de mal à se décider. Très noir, très jazz déjà, prudent sur le traitement réservé aux femmes à cette époque pas si lointaine où l’égalité n’existait pas encore (re).

Darling est un film que je possède pour une raison inconnue (un oubli un soir de cuite ? une envie subite ? une confusion avec un autre titre ? tout est possible). Toujours est-il que je le regardai afin d’en savoir plus. Il s’agit donc d’une histoire de maison hantée et de concierge qui tourne au drame. Une petite jeunette se retrouve à garder une grande maison qu’on lui déclare hantée. Pas de bol. Mais bon. Avec des grands yeux flippés comme les siens faut bien faire un métier qui colle à l’attitude et finalement, concierge psychotique est un taf comme un autre. Alors on ne sait pas très bien pourquoi  ni comment  cette pauvre devient cinglée mais elle le devient, petite à petit et à coup d’image subliminales ( ?) à moitié épileptiques glissées entre deux plans fixes un peu chiant (très belle fixette sur un plan de ce qu’on appellera une bite d’escalier, donc le truc qui se met au-dessus de l’endroit où la rampe fait un angle). Beau plan donc. Tout fonctionne un peu par montée, attente de climax puis rien. Un peu décevant donc. Un traitement du son u peu Godard – les conversations sont tuées par une musique angoissante qui n’annonce rien de bon puis finalement qui n’annonce rien du tout en fait (littéralement rien). Quelques coups de couteau amateurs pas dégueus et une technique de scie à métaux pas encore rodée.

Les garçons sauvages, Mandico, 2016
La vérité, Clouzot, 1960
Darling Keaton, 2015

samedi 25 novembre 2017

Ecran total

Un peu en vrac entre clown –chaton et pirate de banlieue: que des films bien bizarres encore.

J’ai enfin vu It, le nouveau qui m’a semblé familier jusqu’à ce que je me rends compte que je l’avais vu (l’autre, pas celui-là) il n’ya pas si longtemps en fait, d’où une sensation de déjà vu. Ca est un film qui m’a bien traumatisée quand j’avais 17 ans et que je n’ai revu qu’avec beaucoup de précautions – mais finalement rien. La nouvelle version faisait des promesses – Fukunaga au scénario – mais finalement, bah pas grand-chose. Il y a bien une descente plus profonde dans l’univers de King, avec plus de détails sur les personnages et leurs histoires, dans la grande tradition du pauvre gamin qui en chie à la maison/ à l’école mais qui a des amis en or tout plein qui l’aiment de ouf. On se dit parfois un peu mais quelle bande de losers – entre fils d’alcoolo père incestueux, mère Munchausen et famille déglinguée, y’en a pas un pour rattraper l’autre. Au niveau visuel c’est pas mal, plutôt joli. Certaines scènes sont quasi des reprises plans à plans mais avec un côté u peu actualisé, dans la sursaturation des couleurs quelques chose d’un peu plus photographié et lent (le film est plutôt long d’ailleurs). Comme il ne s’agit que d’un chapitre 1, on reste dans les 80’s, en surfant bien sur la vague Stranger things du coup. A voir ce que la suite réserve.

Un autre méchant qui fait peur, c’est Candyman qui m’a bien fait flipper en fait. Helen, une doctorante à la cuisse ferme, enquête sur les légendes urbaines. Elle entend au détour d’une conversation parler d’un Candyman, fantôme d’un type à qui on a coupé le bras et qui sort du miroir quand on répète son nom 5 fois. Brrr. Ces récits tournants toujours autour du même espace urbain, à savoir des blocs de logement sociaux, elle décide de se risquer dans ses lieux périlleux, non sans avoir embarqué sa copine black (street cred’ oblige). Les découvertes se font à plusieurs niveaux – un espace, une population complètement à part, un truc d’ethnographe en vacances en banlieue. Du point de vue du Candyman, il y a évidemment un truc qui se passe mais qu’on ne racontera pas. C’est plutôt intéressant pour le sous-texte pas forcément clair, sur le rapport banlieue/ville, savoir universitaire/populaire, sur cette sorte de zone dangereuse que deviennent certains coins – même si je ne suis pas certaine que le film ait été fait dans ce sens là directement. Du point de vue gore, c’est fun, avec des gros crochet, du sang qui gicle et des meurtres dans les chiottes plutôt beurk. Très très jolie bande-son, très jolis plans aériens verticaux aussi, plutôt planants dans une perspective qui déstabilise un peu la vision de la ville.

Et j’ai enfin vu Primer, film de science-fiction (Wikipédia nous dit « hard sci-fi », pour ce que ça vaut). C’est effectivement hyper hard, en tout cas à comprendre et à suivre. En gros on voit des types qui construisent un truc dans un garage. Le truc a l’air bien cool et semble les étonner eux-mêmes (nous aussi si on pouvait comprendre de quoi il s’agit). Oh ! Ah ! Ça marche, mais c’est fou! Après avoir relu le synopsis en ligne, on se rend compte qu’ils construisent en fait une machine qui permet de remonter le temps (ah ! oh ! ). Bref. S’ensuite toute un tas de paradoxes temporels auxquels on ne comprend toujours rien. On dirait qu’il y a plusieurs exemplaires d’une personne mais qu’ils ont tous le même numéro de téléphone – c’est ballot. Je ne sais plus comment ça finit, j’ai rien pipé de toute façon. Reste que c’est très joli dans l’image, les acteurs sont choupinous (et en double !), on sent un effort arty pour aller dans de la science-fi un peu genre cool. Je suppose que c’est pour ça qu’on entrave que dalle – le vrai chic ne pose pas de question. Ach.

It, Muschietti, 2017
Candyman, Rose, 1992
Primer, Carruth, 2004

mardi 21 novembre 2017

Mauvais total

Vus il y a fort longtemps mais trop dommage de ne pas en parler: des films de série Z qui font zizir.

SSSSSS est un film qui parle de serpents (tiens, comme c’est fin) et plus précisément, d’homme-serpent. Le Dr Stoner (huhu) est un scientifique renommé, fan de serpouze et qui propose au gentil Blake de devenir son assistant, le temps d’un été. Il avait bien un assistant l’été dernier, mais voilà celui-ci est parti, en voyage, quelque part (mystère !). Blake, qui a un peu de l’eau de Javel dans le cerveau visiblement, accepte et part donc joyeusement faire des mamours à ses amis reptiliens. Arrivé chez le professeur, il découvre un univers bizarre et inquiétant plein de serpents (bah oui) mais aussi de Kristina (non, le parallèle femme-serpent n’est PAS du tout grossier) fille bien avenante du professeur Dujoint (qui elle aussi s’inquiète vaguement de la disparition de l’assistant de l’été dernier mais bon).  Blake apprend alors à s’occuper des serpents tout meugnons, leur changer leurs croquettes, leur prendre leur venin tout ça. De temps en temps, il se fait injecter des trucs dans le bras par le doc et ne se pose visiblement aucune question – c’est pour son bien. L’idylle naît évidemment entre Kristina et ce cher Blake, tandis que celui-ci commence à sentir des trucs bizarres se passer dans son corps (sous l’effet du serpent-femme et des injections chelous). Qu’est-il en train d’arriver à Blake ? Il devient tout froid, sa peau est toute dégueu : il aurait bien besoin d’une bonne séance au hammam. Je n’en raconterai pas plus, c’est péché. Film pas mauvais mais un peu fatigant. On se pose aussi des questions sur les motivations du Pr Stoner : a-t-il bien réfléchi à son plan diabolique pour sauver le monde, mhhh ?

Bug est encore plus fort dans le genre insectes dégueus qui font peur. Un jour, dans une petite ville du Texas, des insectes genre cafards volants se mettent à s’abattre avec véhémence et force flammes sur des pauvres paroissiens en train de se prémunir de l’enfer (pas de bol !). On se rend compte que ces créatures maléfique sortent d’un genre de fosse ouverte dans le sol et semblent être en fait des trucs quasi immobiles car trop gros pour galoper comme le font si bien les cafards en général mais que leur pression intérieure extrême est ce qui leur permet de faire des flammes par le cul quand on le touche. On est donc bien devant un film d’horreur à base de cafards peto/pyromanes. Ach. Après moult morts et trucs sanglants, ces créatures finissent par rentrer dans le sol dont ils étaient sortis. Sauf que. Un type décide qu’en fait il veut comprendre d’où viennent ces trucs et va donc en conserver un ou deux dans un bocal pour les étudier. Et les cultiver. Pas très malin donc. C’est de nouveau un trip savant fou mais ici c’est quasi le sujet du film – l’histoire de l’invasion et de la disparition des cafards sataniques étant finalement circonscrite à une petite partie de l’histoire. Assez bizarre donc mais tellement sympa – surtout pour les fans de blattes.

Dans le genre mauvais mais alors très mauvais, on a le Nailgun massacre, film qu’on pourrait qualifier de Bricoxploitation (= des films d’horreur à base de tooling de supermarché). On attend encore Massacre à la ponceuse, Massacre à la décapeuse à chaleur, Massacre à la scie sauteuse. Celui-ci est très clairement assez atroce. On y voit d’abord un viol, somme toute banal et relativement vite troussé. Sans transition apparaît un être vengeur, pourvu d’un casque de moto et d’un voocoder qui fait Mouahahah ainsi que d’un superbe pistolet à clous qui part à la recherche d’une vengeance – enfin ça on le sait grâce au synopsis parce que c’est pas super clair. Une vendetta qui ne dit pas son nom, est-ce bien utile ? Mais bref. Ce Daftpunk DIY psychopathe a une force de persuasion assez extrême puisqu’il parvient à tuer un homme avec un simple clou dans l’épaule : il est très fort. On découvrira à la fin le vrai visage du tueur (surprise !) et en attendant, on peut compter les morts et tenir une statistique du pourcentage d'innocent bystander dans le tas (surtout la meuf en plein milieu).

SSSSSSSS, Kowalski,1973
Bug, Szwarc, 1975
Nailgun massacre, Lofton  Leslie, 1985