mercredi 9 septembre 2015

The Ecran Total

Pour une fois, j'ai fait dans le simple: cette série ne comporte que des films dont le titre se compose de The+ nom de métier, parce que less is more, simple is complicate et structuralism is the answer.

The Counselor  n'est pas un conseiller conjugal, mais un type ((Fassebender, et la raison du choix de ce film) vaguement avocat - on le voit une fois dans une prison et tout ce qu'il fait c'est amener des clopes à sa cliente. Bref, c'est louche. En plus, il s'embarbouille dans une combine pas possible d'achat/vente de trucs pas légaux via un VRP qui porte un costume blanc et un chapeau de cow-bow, sorte d'Eddy Barclay redneck (Brad Pitt). Il demande évidemment à un associé qui ressemble vaguement à un skater prépubère sous acide ayant abusé du gel (Javier WTF Bardem) de lui filer du blé. Avec une telle équipe de bras cassés, on se demande bien comment ça peut merder, C'est écrit par McCarthy que j'aime d'un amour de steppes arides poussiéreuses depuis sa trilogie Borders, et donc on sait quand même un peu que c'est mal barré (en plus des guignols susmentionnés). On retrouve son univers, la zone frontière faite de bouts de caillasses et de sable qui pique les yeux, de body shop avec des chiens en laisse au bord de la route, de grands espaces vides et de tragédie inéluctable. Il y a un mécanisme qui dépasse le libre arbitre qui se met en place (dès avant le début en fait), sans qu'on en ait jamais complètement confirmation, mais qui laisse peu de possibilités à notre héros . Visuellement, c'est très bien traduit, au niveau réalisation, ça louche déjà plus vers le film d'action avec des courses-poursuites pleine de techno, Cameron Diaz ridicule en pétasse nitezchéenne et des caméras qui bougent un peu trop à mon goût. Sans vouloir rentrer dans le tarkovskisme, le texte aurait sans doute mérité plus de calme, mais je me trompe peut-être: et si McCarthy en avait eu marre du contemplatif catstrophisme et était passé au davincicodisme? Peu probable, mais enfin.

The Machnist est lui bien un machiniste - même si on ne sait pas trop bien à quoi sert sa machine, sauf à bouffer de temps en temps la mimine d'un type qui rêve à son surgelé de ce soir. Le film raconte finalement pas grand chose: un type n'a pas dormi depuis un an et commence à avoir des hallucinations. Pas étonnant, on dira. Mais cette suite de rêves éveillés va finalement le conduire à quoi, à qui, hé bien en toute logique, à achever une longue et douloureuse analyse lui permettant de boucler son signifiant sur son signifié et d'arrêter de nous faire chier. Mais non, en fait, point de psy, il n'y a qu'une serveuse de bar d'aéroport, une pute en RTT et un mystérieux inconnu pêcheur. Ce qui en fait un truc assez radical, c'est la présence spectrale de Christian Bale, dont il ne reste plus grand chose et qui éclipse un peu le reste. Il est hyper intense, c'est certain, en même temps il fait tellement peur physiquement, qu'il n'a pas besoin de jouer grand chose. Tout le monde s'excite sur cette performance, il faut quand même reconnaître qu'il a juste perdu 15 kilos. C'est probablement impressionnant, mais ça n'en fait pas un acteur pour autant. Bon après, c'est Bale, et je l'aime d'un amour fait de cape noire et de collants moulants, mais quand même, quoi hein. Elle aussi, elle a perdu 15 kilos et elle attend toujours sa nomination (enfin, peut-être plus).

The Stranger n'est pas vraiment un métier, puisque notre stranger est en fait professeur, mais finalement, c'est l'aspect stranger qui gagne, puisque comme tout étranger, c'est en fait un nazi caché, bouh! (Théo Francken likes this). C'est donc une histoire de traque de nazi dans l'Amérique d'après-guerre qui mène un agent ave une pipe cassée (du FBI? non, autre chose, mais j'ai zappé) sur la piste d'un mégaméchant (Orson Welles) reconverti en professeur d'histoire (comme quoi on engage vraiment n'importe qui), vivant une paisible vie d'américain moyen, avec une meuf bien bonasse et bien soumise  éduquée.  Il est super bien caché et personne ne sait à quoi il ressemble, sauf son fidèle lieutenant qu'on a laissé filer pour mener l'agent-à-la-pipe jusqu'à lui. A partir de là, il s'agit de le démasquer et de prouver que c'est bien lui, vachement difficile, puisque la seule personne qui le connaît gît dans un bois (le fidèle lieutenant donc, désolée pour le spoiler). Comment qu'on va faire donc? C'est simple: reposons-nous sur sa meuf hystérique, comme le dirait l'enquêteur "son subconscient est notre meilleur allié". Hum. C'est vrai qu'apprendre qu'une personne qu'on vient d'épouser est peut-être en fait un nazi maléfique, ce qui remet en cause à peu près toute une existence est un moment où le subconscient est particulièrement clairvoyant. Le reste est à l'avenant, un peu neuneu, plein de patriotisme et de bons sentiments, avec des cascades de fous qu'on croirait qu'Indy va débarquer, mais non. Reste que c'est excellent au niveau image, avec des lumières impeccables, des ombres fuyantes et des plans qui foutent le vertige. J'aime bien voir Welles jouer, il a un truc super chelou sur la tête, un peu comme si on lui avait enfoncé la partie au-dessus du nez, entre les yeux, là. Ça donne à ses sourcils un truc très Metropolis, particulièrement inquiétant ici. 

The Counselor, Scott, 2013
The Machinist, Anderson, 2004
The Stranger, Welles, 1946

The Border Trilogy, McCarthy, 1992, 1994, 1998.

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