dimanche 23 décembre 2018

Total America

En plein dans la lecture de l'excellente revue America (profitez-en, ça ne durera pas), je fais le plein de héros bien amerlo avec des serial-killer, des astronautes, des ados enragées: weehaa.

First man raconte l’histoire de Neil Amstrong, le premier homme sur la lune donc. Je déteste un peu Chazelle donc j’ai eu du mal à m’y mettre mais j’ai survécu. Le film choisit de raconter surtout l’histoire de l’homme en plus de l’histoire du héros : sa vie de famille, ses enfants trop choux ; sa chère épouse qui reste sagement à la maison – c’est vraiment fa-sci-nant. Comme ça, on sait que lui aussi c’est un homme (c’est con, j’ai toujours cru que c’était un un playmobil géant qu’on avait envoyé en orbite). Bref, Neil est un homme donc, il a ses doutes, ses craintes, il a peur parfois, dans son petit vaisseau spatial, il est triste aussi, quand ses potes se font cramer par un court-circuit, il est heureux, évidemment, quand il sautille sur la surface lunaire, parce que c’est quand même de la balle. Tout est un peu convenu quand même mais c’est mignon de voir une tentative de sortir du film de héros pour retomber dans le cliché du film du héros-que-c’est-un-homme-quand-même-merde. Certaines choses sont intéressantes comme : l’aspect boîte à sardines de certaines navettes (c’aurait été pour des playmobils, à la limite mais là...), le ressenti assez flippant d’un truc qui tourne dans l’espace et surtout, surtout, la tristesse infinie du type qui reste dans la station pendant que les deux autres vont faire joujou sur la lune – c’est à lui qu’on devrait consacrer un film. Demandons à Herzorg tiens. C’est pas mauvais niveau effets spéciaux, il y a beaucoup de musique (un peu trop diront certains et pas toujours très subtile) mais notre cher Chazelle a au moins évité d’en faire une comédie musicale en combi argentée (voilà une autre idée de film. Parlons-en à Werner, tiens).

The house that Jack built est la dernière livraison de Lars von Trier. Gentil film narratif, pas trop contemplatife pour une fois, avec des anecdotes et tout ça : quel bonheur. Jack est un putain de serial killer. Il bute plein de gens, sans distinctions et les range tous dans un grand garde-manger, avec sa réserve de pizzas. On suit son parcours original en 5 petites histoires, plutôt cool, chacune avec son meurtre – franchement pas si gore que ça, faut pas déconner – et sa bonne dose de dialogues chelous, de personnages hyper bizarres et toujours à moitié cinglés. On retrouve certain trucs un peu perdus ces derniers temps (je trouve), un côté Dogme 95 qui s’était un peu effacé : des séquences un peu pêle-mêle, comme un mood-board de schizophrène, des effets de couleurs bizarres, de la musique super hors de propos parfois, une caméra qui gigote un peu ; c’est gai ! Tout est raconté du point de vue confession finale, plutôt beau. La dernière partie est par contre beaucoup trop chiante et retombe un peu dans du contemplatif symbolique un peu lourd et casse-couille. 

Enfin Assassination Nation, pur film Sundance sur des ados enragées. Pas très clair dès le début (à cause de moults dialogues de milenials qui pensent avec leur cerveau et en ont marre du partiarcat), c'est en fait un bon film d'exploitation avec du sang partout et des guns qui dézinguent. Tout commence par une petite tranche de vie innocente de 4 teenage dans une ville super boring (Salem, parce qu'on a jamais assez de symbolisme bien lourd). Nos quatre fifilles qui ont toutes l'air et le discours de meufs de 23 ans pseudos activistes, en ont trop marre du lycée, des mecs trop lourds qui veulent pas sucer et des gens qui ne les apprécient pas vraiment mais seulement des morceaux d'elles (trop profond gros). Un petit malin se met alors à leaker les dossiers secrets et autres dirty nudes d'un puis l'autre, puis de tout ce petit monde qui se la joue bien puritain - des maires, des mères, des ados: on découver avec effroi que les gens ne sont pas vraiment ce qu'ils sont, OMG. Comment cela s'insère-t-il dans la suite? Par un tour de scénario complètement absurde mais qui transforme dès lors notre histoire en nuit vengeresse à la Tarantinouille. Est-ce que c'est bien? L'exploitation est bien faite. On rigole un peu. Par contre, s'il y a une tentative de discours à moitié articulé derrière, c'est complètement inaudible vu l'ange d'approche. Bref, c'est un peu casse-burnes au début mais puis ça devient bien puis ça finit un peu lamentable. Pourquoi vouloir donner du sens quand on veut juste kiffer et faire des films qui dépotent? Beats me.

First man, Chazelle, 2018
The house that Jack built, Trier, 2018
Assasination nation, Levinson, 2018

samedi 22 décembre 2018

Total Netflix

Un petit bouquet Netflix de films d’ados vu ces derniers temps: deux super-trucs, un truc pas mauvais et une mise à jour à foutre à la poubelle.

Super truc un, c’est Super 8, que je n’avais toujours pas vu. Bon film de famille pour réunir les quadra nostalgiques de 80’s qui n’ont jamais existé à part dans leur imagination et leurs enfants qui ont l’impression de regarder Jurassic Park du coup. Comme dans beaucoup de films du genre, on retrouve Joe, preteen super innocent qui tourne un film de zombie en super 8 avec ses potes et la mignonne Alice, meuf indispensable de la bande-à-vélo-hyper-geek.  Un soir, un train, et c’est la catastrophe. Un déraillement d’un train de marchandise qui ressemble plus à une scène de Cloverfield qu’à autre chose va bouleverser leurs vies à tout jamais – et leur petite ville. Des types de l’armée se mettent à patrouiller. Des trucs tombent en panne. Des gens disparaissent. Des bruits bizarres sortent des buissons le soir. Mystère. Le reste de l’histoire est très très Disney, avec un peu de King derrière (le père alcoolique, le veuf flic super intègre, la famille nombreuse en pagaille), avec une fin très chou (mais complètement inexplicable (mais pourquoi attend-il aussi longtemps pour faire son putain de vaisseau si c’était aussi simple ?)). Bref, un truc à regarder d’un oeil pendant qu’on fait ses courses en ligne.

Supre truc deux, c’est Superdark times, encore un film d’ados mais un poil plus malin celui-ci. Zach et Josh sont super poteaux à la vie à la mort. Ils matent des meufs, se font emmerder par des mecs plus forts qu’eux à l’école, essaient de draguer des filles, crèvent leurs boutons seuls dans leur chambre le soir. La vie quoi. A force de jouer avec le katana du grand frère, c’est l’accident. Finis les blagounettes en cours et les sorties à vélo (décidément), bonjour l’évitement, la paranoïa et les regards en coin  (comme le chien des Simpsons). Pendant tout un moment, on se demande comment va tourner ce truc – il n’y a pas tellement de fins possibles que ça. En fait si ! C’est assez bien fait et ça donne u tour plutôt intéressant au film. Pour le reste : vélo, console, suburb : rien de nouveau sous le soleil des films d’ados.

The gift m’a d’abord fait penser à Harry, un ami qui vous veut du bien, niveau pitch et ambiance – un couple en plein crise, recommence une nouvelle vie dans une nouvelle ville essayant de tourner la page de drame secret dont nous aurons le récit très vite et de façon un peu didactique (le film est visiblement fait pour les gens qui ne regardent ça que d’un œil). Gordo donc, fait retour dans la vie de Simon et Robyn sans crier gare. Ami d’enfance de Simon, il  veut reprendre contact et s’avère être méga relou –le gars creepy qui laisse des poissons rouges sur le pas de ta porte, brrr. Simon finit par mettre les points sur les I mais à Robyn, qui a un petit coeur de beurre, ça ne lui convient pas. A force de compassion, de patience et de bonne grosse manipulation, Simon finit par la persuader que tout va bien. Ou pas. Sur le thème des retours de bâton de l’adolescence et de la vengeance postposée, on découvre de bien bonnes- qu’on ne racontera pas ici, hihi.  Sans grande folie au niveau réalisation, ça se laisse regarder, avec un bon rythme et des acteurs pas mauvais. On sait plus ou moins comment ça va finir assez vite, mais bon – c’est le chemin qui est intéressant pas la destination comme dirait le sage chinois du même.

Le truc que tu peux baquer tout de suite, c’est Upgrade. Partis pour regarder « un truc un peu bourrin avec de l’action », on a  pensé avoir trouvé un bon petit thriller du samedi, visez plutôt : un homme brisé par la mort de sa femme se voit proposer par un magnat/génie de l’AI une puce à s’implanter dans le dos pour pouvoir remarcher et faire plein de trucs en plus – d’où le titre subtil du film. Alors en dehors des trucs absurdes (on va dire qu’on est dans de la Sci-Fi donc ok), il y a juste des trucs super cons et ridicules à voir : ce pauvre Bidule, dont on n’a pas retenu le nom, gère lui-même son corps sauf lorsqu’il doit se battre contre des méchants auquel cas c’est son AI qui reprend le contrôle. Pour que des gros débiles comme nous comprennent qui commande, Bidule se met à faire plein de mouvements super raides et accompagnés de petits bruits électroniques. Gné ? Il y a aussi la question du tracking et de la prise de contrôle par son propriétaire de l’AI qui gère Bidule. Visiblement, cette puce ne connait pas la commande shut down ou un truc du style. Non, il faut fermer chaque commande à la main. La suite est probablement du même tonneau, mais c’est à ce niveau que j’ai jeté l’éponge : bouh !

Super 8, Abrams, 2011
Superdark times, Philips, 2017
The gift, Edgerton, 2015
Upgrade, Whannel, 2018

vendredi 21 décembre 2018

Ecran Total

Pour nous préparer Nowel en toute sympathie, franchise et amour, trois petits films avec des types tout seuls dans des vies toutes chelou pour pas déprimer.

God’s own country a été qualifié de Brokeback moutain english. Alors d’accord, il s’agit d’une histoire d’amour gay sur fond de farming hardcore mais à part ça , ça n’a rien à voir. Johnny mène une vie pas jojo : entre sa grand-mère et son père pas jouasse, dans une ferme paumée de quelque part en Englisherie, il s’occupe des moutons, répare des barrières et couche entre deux enchères bovines. On dirait du Flaubert parfois. Arrive George, travailleur saisonnier roumain. D’abord pas très sympa avec lui, Johnny finit par s’y faire et c’est le début d’une merveilleuse amitié et plus si affinités. Très beau film dans l’image, la réalisation, les temps de pause – tout est très lent, en retenue, silencieux. Une opposition assez crue entre le monde de brutes de la ferme (parfois un peu cliché) et les petits morceaux d’amour qui surgissent comme ça. Il y a aussi une histoire de transmission difficile et de passage de générations assez intéressante (on va pas dire Oedipienne mais bon).

La nuit a dévoré le monde est un film de zombie hyper super low-key et méga arty – parfois un peu trop. Réveillé après une teuf dans l’appart de son ex ( chez qui il était visiblement venu reprendre ses cassettes (ça vous donne le niveau de hipsterisation du type)), Sam se rend compte que tout est pété et qu’il y a du sang partout. Par la fenêtre, des gens qui courent et qui se bouffent les uns les autres. C’est donc plus un film d’infectés que de zombies (pour les obsédés de la distinction).  Sam, plutôt que de se jeter dehors pour aller faire le foufou (réflexe assez courant dans ce genre de situation et qui m’a toujours confondue tellement c’est con), reste bien au chaud chez lui et s’organise. J’ai tout particulièrement apprécié les rangement du garde-manger, les rations et le petit carnet avec l’inventaire. C’est ce qui m’excite le plus dans l’apocalypse je crois. Dormir, manger, se laver : tout ça c’est très bien mais encore ? On suit donc l’histoire d’un mec seul vraiment tout seul et de ce qu’il en advient. C’est franchement hyper bien foutu. Aussi plutôt lent, sans pathos, sans frénésie, un peu détaché, très silencieux – c’est un peu un anti-film de zombie dans le genre. On aime même la fin en tire-bouchon (il allait enfin se passer quelque chose, merde). Joli bande-son quand il y en a.

Last but not least, Grizzly man est un documentaire complètement cinglé de ce cher Herzorg. Le docu autant que le sujet, dans son style habituel. Timothy Treadwell est grizzly man, un type sorti de nulle part qui décide de vivre avec des grizzly tout seul dans la forêt, 4 mois par ans, au milieu de nulle part en Alaska. Parce que les grizzly sont quand même des putain de bêtes sauvages de genre 2 mètres de haut et pas loin d’une tonne et pas des gros nounours, il finit par se faire bouffer par ses copains. Le documentaire part de là et reprend l’histoire de Timothy et surtout, des parties choisies des heures de vidéos qu’il a tournées en solo lors de ses expéditions. Le mec est très clairement complètement jeté et ces séquences sont juste hallucinantes. Avec les témoignages des gens qui l’ont fréquenté, les avis de responsables gravitant autour des grizzly, on remonte le cours d’une existence super bizarre mais finalement hyper touchante et plutôt triste. Il y a en plus de ça le commentaire glaçant d’Herzorg, avec son bon accent teuton qui nous livre une lecture filmique des petits films de Tim. Ça fait beaucoup à gérer en une fois et on sort de là un peu sonnés : what the fuck est probablement la meilleure récap de cet objet filmique un peu alien.

God’s own country, Lee, 2017
La nuit a dévoré le monde, Rocher, 2018
Grizzly man, Herzorg, 2005

lundi 5 novembre 2018

Total Netflix

Quoi de neuf sur Netflix ces derniers temps? Hé bien tout un tas de films ultras burnosses, en mode grand silence viril et ellipses subtiles (ou pas).

Il y a d'abord Hold the dark, de ce cher Jeremy Saulnier qu'on a connu en meilleure forme. Rappelez-vous, c'était ce film assez cool sur un barbu hispter qui revient buter les méchants qui ont tué toute sa famille. C'était la belle époque. Hold the dark donc, raconte une histoire sombre de spécialiste de loup venu au fin fond de l'Alaska pour venger un petiot tué par un loup. On voit donc ce bon monsieur arriver chez une mère un peu au bout et partir à la chasse au loup tout seul. Il ne se passe pas grand chose et il finit par revenir. Pour se rendre compte que le meurtrier était ailleurs, tadaa.
Bon, c'est difficile de ne pas trop en raconter, mais tout ce qu'on peut dire c'est qu'à partir de là, ça part en méga-couilles avec très peu d'explications sur le pourquoi du comment. Des mecs complétement cinglés se mettent à buter tout le monde, en mode traqueurs du coeur, des flics se font canarder comme des petits cochons, et ce vieux trappeur de loup zone à la périphérie de tout ça sans qu'on comprenne bien pourquoi il est toujours pas rentré chez lui se faire un chocolat chaud. Bon, ça saigne d'un peu partout, dans de grands paysages blacs paumés et c'est donc pas mal, dans l'esprit. Mais. Il y a un peu trop de trucs qui sortent de nulle part et surtout une fin incompréhensible vu le reste de l'histoire, un forçage sur le côté "nature rebelle et justice redneck de fin du monde". Sinon c'est joli.

Il ya aussi The bad batch, un film dans lequel un orchestrateur en VB6 qui tourne sur un serveur Win2000 se met à envoyer des attestations maléfique à des institutions dans des formats chelous, provoquant mort et destruction dans les administrations belges. Non je déconne. C'est donc un monde dystopique dans lequel les gens pas gentils (ceux qui continuent à développer en VB6 par exemple) sont envoyés dans une zone désertique hors des lois zaméricaines; un endroit un peu foufou donc. Une meuf, dont je n'ai pas retenu le nom vu l'engagement qu'elle met à être une actrice, se retrouve dans ce truc donc et se fait direct choper par des cannibals sanguinaires et fan de body building. On assiste d'ailleurs à une scène super super weird, en mode clip proto gay circa 80's avec du muscle, de l'huile corporelle et des amis torse nu qui font des barbecues dans le désert. La routine quoi. Bon, cette meuf va finir par se tirer et atterir dans un endroit vaguement hippie, plein de freaks qui construisent des abris dans le désert et font des fêtes sous ectasy avec des loupiotes dans tous les sens. Ca vous fait penser à quelque chose? Bah oui, il s'agit donc d'un long clip sur le Burning Man, avec une histoire comme prétexte. C'est franchement fatiguant, de manquer à ce point de scénario, de texture, de dialogues. C'est épuisant de se taper 150 plans hyper bizarres de trucs dans le désert en relecture fluo de Mad Max. On ne comprends pas trop où va tout ça - en fait, nulle part! Et c'est sans doute ça le fond du film! 

Il y a enfin You were never really here, petit film de suspemse pas mal du tout. Présenté comme le Taxi Driver des temps modernes, il faut cependant se calmer. D'accord il y a un vétéran et il est un peu dingo mais on n'est pas non plus à ce niveau. Joe, un type pas commode à grande barbe qui sent les problèmes est un taiseux. On le voit taper sur des gens sans un mot, encaisser des petites enveloppes sans moufter et s'occuper de sa mère sans chouiner. Parfois des flash de désert à peine perceptible. Tout ça est très mystérieux. Arrive un contrat original - récupérer la gamine d'un sénateur qui s'est fait enlever et plus ou moins mettre sur le trottoir. Pourquoi faire appel à Joe qui a l'air assez uncool plutôt qu'à la police, très bonne question. Que se passe-t-il ensuite, va savoir. Tout est très suggestif et pas vraiment expliqué. On comprend deux-trois trucs et on suppute le reste. C'est assez beau dans les images, plutôt intéressant dans le mutisme et l'immobilité; assez stylé. La bande-son est au niveau aussi, très électrique mais plus dans des sons saturés filés et des nappes. Pas mal du tout.

Hold the dark, Saulnier, 2018,
The bad batch, Amirpour, 2018
You were never really here, Ramsay, 2018

dimanche 2 septembre 2018

Total netflix

Petite série Netflix, avec de la SF familiale, un petit huis-clos de saison et un truc vaguement mathématique qui se loupe un peu.

Un petit SF familial c’est Extinction. J’avais été refroidie par le pitch qui mentionnait « un père de famille prêt à tout pour  protéger sa famille », parce que ça fait beaucoup de fois le mot famille dans une seule ligne mais on m’a un peu forcée (ça et l’état de mon cerveau après une journée dans les entrailles du services public). Bon, il s’agit donc de Machin dont le nom n’est pas important et qu’on appellera donc le Père de Famille, seule chose à retenir, vit une vie plutôt sympa, entouré de sa femme super bonne et de ses deux gamines trop choues. Parfois, il a des visions chelous mais bon, des petits retours d’acides, ça arrive à tout le monde.  Quand tout à coup, un soir, un train ! Des trucs descendent du ciel en mode attaque de l’enfer. Des streumons tout bizarres avec des casques aux formes étranges et super pas ergonomiques qui ne nous font pas oublier cependant, que sous ces armures se cachent sans doute des êtres humains (on a d’abord cru que c’était par radinerie en termes d’effets spéciaux mais en fait non !). Notre cher PDF va donc se mettre à protéger sa famille à tout va contre des trucs qui ont l’air genre 100 plus forts que lui. Ranafoutre.  C’est pas du gâteau, d’autant plus qu’il doit être pourvu des enfants les plus débiles du monde, qui passent leur temps à vouloir récupérer leur doudou en plein milieu d’explosion dans tous les sens mais qui du coup offrent au PDF autant de façons de montrer qu’il est prêt à tout pour sa famille au QI d’huître. Tout ça en ayant ses visions zétranges qui nous font dire que la vérité est sans doute ailleurs. Le twist est intéressant,  même si soyons honnêtes, en cette période de suçage de Philip K. Dick à tout va, on n’est pas non plus méga surpris. 

Un petit huis-clos c’est Don’t breathe, histoire d’une home invasion qui tourne mal – sujet RTL du moment d’ailleurs. Trois petits jeunots, à la vie à la mort, font des maisons pour se faire des sousous. Il y a la blonde à la vie difficile, fragile mais dure à l’extérieure comme un Kinder Bueno, son meileur-ami-poète-secrètement-amoureux-d’elle et son mec (à elle), futur gros connard débordant de masculinité toxique (parce que les filles préfèrent les connards, comme ça a été prouvé par la science à de nombreuses reprises). Tout ce petit monde fini par préparer son dernier coup (le dernier, promis) chez un ancien marine super badass mais un peu vieux et aveugle. Ca va être du gâteau, tu penses, un ancien soldat à moitié cinglé, avec un chien de 60 kilos, ça ne peut QUE bien se passer. Evidemment, le vioque s’avère être un redoutable ninja sans yeux dès qu’on s’attaque à son magot (il a un magot caché sous son matelas, rapport à sa fille qui s’est fait buter par une pouffe en bagnole). Pim, pam, poum : ça castagne pas mal et au final, on découvre des choses sur ce vieux qui n’est donc pas le vieux monsieur tranquille qu’on s’imaginait. Pas mauvais, mais pas remarquable non plus. On y retrouve le petit jeune super énervant de 13 reasons why qui a sa bête tête d’ado dramatique (même en plein braquage). Pas beaucoup de finesse dans les personnages, quand même un peu cliché (et un peu cons aussi). Le vieux démoniaque est plutôt pas mal. Le chien fait très peur.

 Et enfin,The warning, une histoire de thriller mathématique foireux, genre de Pi du Aldi qui fatigue un peu. On s’est laissé avoir un jour de gdb sévère, l’oeil morveux glué à l’écran et le cerveau en grumeaux, y’avait une référence à The fury of a patient man, très bon thriller de vengeance vu il y a deux ans et l’autostart de Netflix a fait le reste. Alors. David est tout content, car il va marier sa meuf. Il raconte tout ça à Jon, son meilleur pote, qu’on comprend en deux minutes qu’il est en fait amoureux d’elle secrètement (décidément) et ils partent acheter des glaces. Et là, pif pam, poum, c’est la cata : le pauvre David se fait canarder et tuer. Jon, mathématicien super fort en calcul mental, se met à chercher une loi des séries foireuse lorsqu’il apprend qu’un autre meurtre a eu lieu au même endroit plus ou moins au même moment. On suit en parallèle l’histoire d’un petit gamin, famille monoparentale qui galère, qui a peur de se faire buter un certain jour dans un certain lieu à cause d’un mystérieux avertissement. Me dis pas que ces deux histoires vont pas se rejoindre didon ! Et bien oui. Jon fait plein de calcul de fou, on voit qu’il devient cinglé car il colle des papiers bizarres sur son mur avec des liens en fil rouge entre les différents papiers. Comme il ne prend pas ses médicaments, il a aussi des insectes en 3D dégueulasse qui lui collent aux yeux, pouah. Tout ce bordel pour débusquer un principe mathématique que même Nabilla aurait pu comprendre. Mouais. Le reste n’est que suspense, et un peu chiant aussi. C’est, comme souvent, honnête dans l’intention. Mais suffit-ce ? Non.

Extinction, Young, 2018
Don’t breathe, Alvarez, 2017
El aviso, Calparsoro,2018

lundi 20 août 2018

Ecran total total

Un peu soupé de Netflix, je suis retournée au cinéma, le vrai, le grand, avec des popcorn et des gens qui se trompent de films. Je me suis fait bien peur et puis je me suis fait bien mettre une claque.

Je n'avais rien lu de précis sur Hereditary mais j'avais bien vu du coin de l'oeil que c'était un de ces film d'horreur malin, ultra calibré un peu intello mais pas trop et que j'allais aimer. Bon, A ghost story aussi et c'était finalement super casse-couilles donc on peut se planter. Mais là pas du tout. J'ai flippé comme une ado de 14 ans, agrippée à mon siège à peu près du début à la fin. Alors le film est plutôt simple: histoire d'une famille finalement assez normale, névroses comprises, en deuil d'une grand-mère dont on sait peu de choses. Annie, fille de et mère de famille, se recompose tout doucement dans cette nouvelle configuration. Ses enfants, un ado rebelle et une fifille pas loin du spectre, font ce qu'ils peuvent pour ne pas se faire trop chier. Le mari suit tout ça avec obédience. Jusqu'à un accident assez dégueu qui fout ce qui restait en équilibre par terre. A partir de là, tout le monde devient un peu cinglé et plus si affinités. Un tas de trucs non-dits qui ont passé la première heure à couver vont se mettre à sortir sans tous les sens et ça fait assez flipper. Le film est vraiment terrifiant et arrive à le faire de deux façon différentes. La première partie est plus de l'horreur immobile, ordinaire, des rapports de famille super glauques, une mère névrosée hyper flippante même si relativement "normale". La deuxième partie fait flipper genre BOUH et c'est super bien fait. Bon, l'aspect grand écran et silence religieux fait beaucoup mais quand même. Il y a toute l'horreur contenue de la première partie plus une montée dans psychose familiale qui double l'horreur visuelle, classique. On sort de là en ayant peur des gens qui font chpoc avec leur pouce dans leur bouche, c'est dire.

L'autre bonne surprise, c'est Under the silver lake, de ce cher Mitchell dont on avait beaucoup apprécié It follows. Ici, point de film d'horreur, mais un thriller en forme de film noir un peu post, un peu slacker, un peu hipster, un peu tout en fait. Sam, beau glandeur à la bouche molle devant l'éternel, tombe amoureux de Sarah, sa voisine bimbo neurasthénique à petit chien mais néanmoins blonde comme les blés. Las, à peine rencontrée, Sarah disparaît sans laisser d'adresse. Sam, qui n'a visiblement que ça à foutre, se met à sa recherche en mode chasse au trésor conspirationniste. J'avais vu de loin une critique qui faisait référence à LA Confidential, et c'est effectivement le cas. Je ne sais pas si on faisait référence au film ou au livre, mais en ce qui concerne Ellroy, c'est en plein dedans. Cette errance un peu désabusée, pas loin de l'hallucination, d'un type pas bien droit, tombé amoureux comme par malheur (Cherchez la femme) et qui déroule sa petite enquête entre complot paranoiaque, filles éthérées porteuses d'indices malgré elles, déchiffrages délirants de codes absurdes, figures noires qui attendent au coin des parcs: c'est tout ça. Avec par contre un truc tout à fait contemporain, une sorte de "meh attitude", un genre de nonchalance qui rend tout équanime et rien important. Comparé au héros Ellroysien qui est loser mais toujours bien attaqué, intense dans son rapport à plein de trucs névrotiques (Dieu, le bien, le mal, l'amour), notre petit Sam est complètement génération Y pour le coup: amoureux mais en passant, parano mais après 18h seulement, à moitié à la rue mais sinon ça va. Comme je tiens toujours à mon hypothèse que le double maudit d'Ellroy n'est autre que De Palma, j'ai beaucoup pensé à Body Double et à Blow-out.  Il y a aussi plein d'ironie, de petites vacheries contre Hollywood et la pop culture, des références en pagaille à plein de films, des clins d’œil d'amoureux en somme. Ce film tient à tellement de niveaux, c'est absolument fabuleux. 

Hereditary, Aster, 2018
Under the Silver Lake, Mitchell, 2018

vendredi 17 août 2018

Total nanard

Du beau, du chaud, du vrai de vrai nanard, avec des morceaux de terreur ménagère, des flic à perruque sauvage et des skieurs norvégiens con/gelés.

Après la Bricosploitation (== la déclinaison à l'infini de films d'horreur basés sur des power tools), la Cleansploitation, à savoir l'horreur bien connue du ménage. Ouuuh. The vacuum killer, de ce cher Dr Chris (dont la bio un peu mégalo fait pressentir un destin à la Wiseau), parle donc d'un tueur au bras en forme d'aspirateur. Dit comme ça,on dirait un pitch pour une campagne de Bxl Propreté. Hé bien c'est pire. Dans ce film belge comme on n'en fait plus, on voit le jeune Chris, aspirant laborantin chez un savant fou et musicien jim-boum à ses heures perdues, se muer en tueur assoiffé de sang et de moutons sous les lits après le suicide de sa pauvre mère, poussée à bout par l'infâme producteur de musique jim-boum qui l'emploie (et qui refusera d'ailleurs à Chris un contrat juteux qu'il mérite, parce la vie est trop dure pour un artiste incompris). Alors un bras en forme d'aspirateur, ça ne fait pas si peur que ça, mais ça permet de se mettre de grande quantité de drogue dans le nez en une fois et c'est finalement assez létal. Sans compter la musique (angoisse!), les dialogues (effroi!) et les effets spéciaux (OMG!). C'est un nanard très sincère, sans vraiment de second degré et ce genre d'interview nous fait éprouver la même tendresse à son égard que pour un The Room. Mention spéciale à des seconds rôles assez épiques: le facteur ignoble, le père sac-à-vin, le meilleur ami neurasthénique, le dealer italo-disco en peignoir léopard et caleçon lurex (je crois), l'ami artiste/scientifique qui peint des filles avec des composés chimiques (on n'a pas bien compris non plus, mais l'essentiel était là: BOOBS!).

J'avais déjà tenté de regarder Samouraï cop mais sans succès (c'est assez laid). J'y suis enfin parvenue, à force de ténacité et de Duvel tiède. L'histoire de ce Z assez historique et hystérique, est simple: Joe AKA Samourai Cop, est un flic qui a l'air normal, aves son maillot string et sa crinière de poney Panthène, mais il n'en est rien. Il a été entraîné par les plus grands maîtres ninja (ou samourai, enfin un truc avec des nouilles dedans) et est donc carrément balèze. Il arrive donc comme une étoile au milieu de la nuit dans un petit commissariat de LA afin de contrer une histoire sombre de gang japonais. Flanqué de son sidekick noir à l'humour ravageur, ils vont faire régner sur le crime une odeur de pure terreur. Tout ceci est très drôle mais parfois un peu fatigant: des courses poursuite dans tous les sens, des histoires de fesses intenses, des roulé-boulé dans la poussière à s'en décoller la perruque: waouh. Le tout en version française, parce que c'est encore meilleur.

Pour finir, Cold Prey (Fritt Vilt en VO), dont le titre ressemble à un mauvais groupe de pop, est un mauvais film pop. Survival en mode en mode congèle, il nous raconte la mésaventure de cinq beaux et jeunes novégiens partis faire du snow-board en mode hors-piste. Fatalement, quand Morten_Tobias se pète un tibia, les voilà bien dans l'embarras. Le reste, on connaît: un chalet isolé, une présence inquiétante, une hache et un garde-manger assez grand pour contenir un Tobias. Pas aussi mauvais que les autres, il y a un bel effort et ça fait même parfois peur. C'est assez mou dans le gore par contre, un peu guimauve dans les sentiments parfois. Et puis si peu de détails croustillant sur le sémillant tordu qui poursuit nos petiots! Ca nous manque un peu, cette présence rassurante d'un serial killer fou avec une backstory consistante. Mais bon.

Vacuum killer, Dr Chris, 2006.
Samourai Cop, Shervan, 1991.
Cold Prey, Uthaug, 2006