En ces temps où l'on attend sous peu un baby-boom affolant des nombreux enfants conçus pendant le premier confinement (lol), petit tour d'horizon des meilleurs films d'horreur pour attendre bébé!
1er trimestre
Le fameux premier trimestre, qui peut être réduit à pas grand-chose si on reste dans l'ignorance (bénie) de sa grossesse pendant un mois ou deux, est la partie la plus étrange de la grossesse: on y est, mais pas vraiment, on ne peut rien dire, on s'endort partout sans raison et on mange pas vraiment plus mais des trucs chelous. Un peu comme l'héroïne de Swallow, qui justement, avale un peu tout et n'importe quoi.
Hunter est une jeune femme à l'air un peu paumée, voire taiseuse comme dirait ma mère. Mariée à un type qu'on pourra à loisir qualifier de connard, elle vit dans une villa ultra chicosse au bord d'un fleuve quelconque, entourée de beaux-parents méga-flippant et du vide intersidéral d'une femme au foyer. Pour se distraire un peu de sa grossesse, elle se met à bouffer des trucs qu'elle trouve: petit bout de métal, épingle à cheveux, bille… pas super tout ça. On finit par s'inquiéter pour la pauvre fille, qui visiblement n'en demande pas tant. A partir de l'histoire d'un manie bien réelle, le pica, qui touche certaine femmes enceintes, on plonge dans très joli film sur la famille névrotique, le couple et les rêves sans imagination d'une gentille fifille. C'est très joli, assez lent, très léché dans la photo qui est parfaite, symétrique et toute en harmonie de métaux glacés et de verre design. En espérant que toutes ces petites lames avalées finissent par percer l'abcès.
2e trimestre
Le deuxième trimestre est celui où on commence à sentir des mouvements, et où on pense très souvent et très fort à Alien. Je ne reviens pas sur la trilogie, mais j'ai eu la chance de voir The Covenant qui est à la hauteur de la daube que fut Prometheux: une merde gigantesque, avec un scénario improbable dont la débilité n'a d'égale que la laideur des alien, devenus des petites choses à papattes vicelardes sans âme. On préférera revoir l'original et pourquoi pas, visiter le musée Giger dans la charmante ville de Gruyère.
3e trimestre
Ca fait un bout de temps que j'ai vu A l'intérieur, mais je me rappelle assez précisément d'un plan qui m'avait marquée – il s'agit d'un gros plan de Nicaolas Duvauchelle qui se prend une flash-ball entre les deux yeux, le regard qui devient noir aussitôt. Bref. Dans cette sympathique comédie des familles, XX, enceinte jusqu'aux yeux, est seule à la maison et se la coule douce en attendant bébé gnangnangnan. Quand tout à coup sonne à sa porte XX une bien sympathique psychopathe qui veut lui piquer son charlot. Pas sympa ça (quoique…) L'horreur s'ensuit ( je me rappelle plus des détails, mais c'est assez graphique).
0 à 3 mois
J'ai attendu un peu avant d'oser regarder Servant - si vous êtes encore dans la phase où vous vous réveillez en panique la nuit parce que votre progéniture dort depuis plus de trois heures, attendez encore un peu. Mini série pondue par ce cher Night M Shymalamalan, ça raconte l'histoire pas du tout glauque d'un couple en deuil de son nouveau-né et dont la poupée 'reborn' - un poupon ultra réaliste destiné à aider le deuil à se faire, je ne sais pas dans quel univers de délire freudien quelqu'un pense que ça peut être une bonne idée, mais bon - se met à vivre à l'arrivée de la nouvelle nounou. Histoire délirante de déni complet, de couple enthousiasmant d'hystérie et de magie noire un peu religieuse sur les bords, c'est extrêmement réussi! Une mère complètement cinglée, jouée et dirigée superbement, une nounou flippante de mutisme, un père à peine en meilleur état et le tout dans une ambiance de demi-mots, traduits par des plans jamais complets, très cut, un montage assez chirurgical. On retrouve joliment cette thématique de précision médicale un peu légiste via l'activité de monsieur Papa, cuistot expérimental qui passe une partie des épisodes à trancher du lard, démotter des entrecôtes ou assommer des anguilles; le tout pendant que Maman (et tous les autres adultes qui passent par là) sirotent du jaja de luxe à tout heure du jour et de la nuit. En voilà une belle famille! Les épisodes déroulent une folie collective qui gagne un peu tout le monde, tout en donnant à voir les circonstances de la mort de l'enfant - parents sensibles s'abstenir. Vu le cliffhanger, il y aura une deuxième saison. Ou pas, ce qui serait bien énervant mais sans doute encore plus génial d'un point de vue narratif.
3 mois et plus
Après trois mois, c'est connu, votre michot est tiré d'affaire: il dort, boit, joue aux cartes et vous ne verrez pas le temps filer qu'il sera déjà en train de passer son permis. C'est ce qui arrive à deux couples, dans deux films sortis quasi en même temps mais pas du même calibre.
The room raconte l'histoire un peu neuneu d'un couple qui achète une maison dans laquelle une pièce permet d'exaucer tous les souhaits. Tarkosvky nous voici! Mais en fait non. A part pour le côté mou du genou, on en est loin. Bidule et Machin (j'ai sincèrement oublié leur nom et tellement peu d'affection pour ce film qu'il m'est déplaisant de vérifier sur wikipédia) vont donc formuler plein de voeux concons - du fric, de la booze, des vêtements de créateur et des tableaux de van Gogh. Convenu. Puis évidemment, quelqu'un va vouloir un enfant - ben tiens. Débarque un poupon bien mignon qu'on voit grandir à vitesse prime, pour la bonne et simple raison qu'il vieillit à la seconde dès qu'on le sort de la maison. Zut alors! S'ensuit.... bah pas grand chose justement. Le gamin grandit. Ses parents vieillissent. Tout le monde aimerait bien déménager, mais ce n'est pas possible. Un bon film de confinement donc!
Vivarium raconte aussi une histoire de bébé tombé du ciel. Gemma et Tom, jeune couple mignon comme tout qui cherchent une maison (encore une) suivent un vendeur chelou qui tient à leur montrer un nouveau lotissement de pavillon de banlieue bien dégueu. Ils y vont un peu pour rire et visitent en ricanant sous cape une maison Thomas et Piron dans un ensemble vert immonde du plus mauvais goût. Au moment de reprendre la voiture, bah ça alors: comment qu'on sort d'ici? Tergiversations après tentatives de fuite n'y font rien et le charmant couple trouve un jour un minot dans une caisse hello fresh devant leur porte. Un post-it collé sur le front: démerdez-vous. J'en raconte déjà un peu trop, mais le reste est absolument génial. Photographiquement superbe, génialement écrit et joué, avec une fin du plus glauque effet: c'est vraiment un film dément. Soyons honnête: c'est un film qui nous a un peu traumatisés, et c'est surtout pour ça qu'on l'a aimé. Avec très peu de moyens et une histoire somme toute banale, sans effet de narration ou de twist de fou, on est scotchés et bien malaisés après l'avoir vu. A éviter si le premier confinement vous a laissé un petit goût de claustrophobie.
Swallow, 2019, Mirabella-Davis
Alien, 1979, Scott
Covenant, 2017, Scott
A l'intérieur, 2007, Bustillo
Servant, 2020, Shyamalan
The room, 2019, Volckman
Vivarium, 2020, Finnegan