jeudi 11 août 2016

Ecran total

Un petit air de vacances enfin avec trois films genre un peu voyages, voyages plus loin que la vie et le temps. 

February est plutôt un voyage d'hiver les pieds dans la neige - un peu comme un mois d'août à Bruxelles quoi. On y voit Kat et Rose, pauvres petites d'un internat catho chic que leurs parents ne sont jamais venus chercher pour les vacances - haha - attendre en vain et se mettre à voir des trucs pas trop nets, dans le genre plutôt sanglant. Pendant ce temps, Joan se tire de ce qui semble être un HP pour venir chercher sa soeur restée à l'internat (Kat? Ou bien? enfin). Joan n'a pas l'air d'aller trop bien, même qu'on dirait qu'elle télépathise et envoie des messages mystiques à sa soeurette lui enjoignant de jouer avec des ciseaux. Ce résumé est un peu vague, voire flou mais le film l'est aussi d'abord. En fait, très peu linéaire (on suit les trois histoires l'une après l'autre mais avec un entrelacement temporel parfois pas très clair), pas toujours net sur ce qui est vrai ou pas (vision? pas vision? vison?) et pas beaucoup d'explications - du style "pendant ce temps, à Vera Cruz". Cela dit, c'est très beau, justement parce que c'est un peu lent et silencieux, étouffé. Finalement pas si gore que ça, par contre parfois un peu trop Actor's Studio ( "rhaa je souffre de cette vision qu'elle est en mouaaaah"). 

A l'autre extrémité des States, Southbound compile plusieurs récits autour d'un bout d'autoroute dans le désert: des voyageurs qui passent par là et qui ont rien demandé à personne - mais en fait si, parce que comme dans tous les bons films yankee, ceux qui sont punis hé ben y zont que ce qu'ils méritent, d'abord. Amen. Réalisé par le bunch qui avait fait VHS, sur le même principe (des récits entrelacés autour d'une course poursuite à LA, pas mal dans le genre), les récits sont relativement égaux, même si certaines intrigues sont plus sympas, notamment celle de la secte de mangeur de trucs chelous - scène bien lynchéenne avec les jumeaux à table. Ça reprend un ensemble de cliché du genre Deep South (redneck, pickups, chemises à carreaux et poussière entre les dents) du coup, c'est chouette mais ça fait pas non plus sauter en l'air. Les créatures qui flottent sont mimis cela dit.

Et j'ai enfin revu et terminé Kill Bill qui m'a laissée toute émuse mais un peu mouais quand même. C'est une histoire de vengeance, alors c'est chouette, mais c'est un peu fatigant quand même, surtout dans l'auto-citation. On dirait que Tarantino a attrapé la godardite: il se cite lui-même avec assez de verve (mais ne permet pas qu'un autre les lui serve, héhé) mais risque, à terme, de perdre une partie du public - ici, moi. Noyé dans la référence western - parfois prise par le prisme samourai - on trouve un joyeux bordel de films de kungfu, de blaxploitation et de dirty south. C'est chouette, surtout musicalement mais ça tire parfois en longueur. Je suppose qu'il s'est beaucoup amusé - on le sent en tout cas, dans le maniement de la pompe à sang et la surenchère de membres coupés - et parfois nous aussi. Parfois c'était aussi vachement long.  

February, Perkins, 2015
Southbound, Radio Silence, Bruckner, Benjamin et Horvath, 2015
Kill Bill, Tarantino, 2003

mercredi 10 août 2016

Driving miss crazy

Les choix des films de ce batch repose principalement sur la ressemblance au niveau du titre - ils riment mais pas tous, tant pis. 

Possession est un film qui laisse une impression étrange, un peu psychotique sur les bords, avec des mouvements de caméra parfois dans tous les sens pis des gros zoom qui font peur; mais c'est surtout une histoire d'amour en fait. Anna et Mark ont des petits soucis de couple: probablement parce qu'elle déserte le domicile conjugal pour se taper un type à la sexualité floue mais aux cols impeccables et qui fait franchement peur - il s'appelle Heinrich. Simple histoire d'infidélité mais accompagnée d'épisodes plutôt schizo où les époux rivalisent de superbe et d'imagination dans l'utilisation d'ustensiles - belle publicité pour le couteau électrique à rôti par exemple. Leur pauvre gamin n'a pas l'air d'en mener large dans tout ça et heureusement qu'il a une maîtresse trop chou - qui n'est autre que le sosie d'Anna et sera donc à la fois maîtresse et maîtresse, héhé. Pendant ce temps, Anna se fait niquer par un serpent géant qui finit englouti par une végétation rampante dans un appart de Berlin Ouest. Et tout ça. Il y a une belle scène de démence dans un couloir de métro qui fait très Prodigy sans musique. Pas mal. Sinon, c'est assez impressionnant au niveau du roulement d'yeux adjanien - la possession, quoi.

Répulsion est du coup l'inverse exacte de ceci: la pauvre Carol toute pure et meugnonne (Deneuve) sombre dans la folie à cause de l'amant de sa sœur, qu'est un peu dégueu quand même - il laisse sa brosse à dents dans mon verre, heurk. Lorsque sa sœur part en vacances et laisse  Carol toute seule, celle-ci, plutôt que d'organiser une méga-teuf et d'inviter tous ses poteaux, décide de rester enfermée avec pour toute compagnie un lapin faisandé, un violeur imaginaire et des bras qui sortent du mur (et du lit, hiiii). Au final, elle range plus rien et tout ça finit par ressembler à un squat ce qui inquiétera l'un ou l'autre mâle mal intentionné (qu'elle croit). Bref, tout ça finit très mal mais donne un film ultra réjouissant qui joue de nouveau avec l'espace claustro d'un appartement abandonné qui fait parfois penser au Locataire, des murs qui se rapprochent, un plafond toujours trop bas, des couloirs qui rallongent, des pièces qui semblent interminables enfin toute une organicité intérieure d'un espace qui engloutit la raison de son habitant. Deneuve est impressionnante et elle roule moins des yeux que l'Adjani, ce qui est appréciable. 

J'aurais aimé avoir un troisième film en -ion (genre Fatal Attraction) mais j'ai dû me contenter de Der Fan, fable moderne sur le fanatisme des adolescentes et le cynisme des popstars. Comme on s'en doute, il y est question de Simone, une fan trop mais trop fan de R., star new-wave dépressive à crever et trop flemmard pour répondre à ses lettres éplorées (à Simone). Celle-ci va donc finir par prendre son baluchon pour allez voir le R. en chair et en os et là, suspensme, c'est la rencontre! Que va-t-il se passer? L'amour naîtra-t-il, inopiné? Des enfants seront-ils conçus, immaculés? Je n'en dirais pas plus mais attendez-vous à de belles séquences d'amour dévorant. On remarque d'ailleurs toujours le même amour des teutons pour le couteau à rôti électrique. C'est Bosch, c'est bien.

Possession, Zulawski, 1981
Répulsion, Polanski, 1965
Der fan, Schmidt, 1982

mercredi 27 juillet 2016

Ecran total

Toujours dans le désordre et n'importe quoi: des méchants à masques d'animaux, des losers en chemises à carreaux et de l’œdipe au sirop d'érable. 

Déçue par le 1 mais exciteeeey par le 2, je me demandais ce que donnerait le troisième volet de The purge, surtout vu la note sur laquelle se terminait le 2 - un groupe révolutionnaire armé emmené par Michael "Omar" Williams. Le résultat est plutôt mitigé. Groupe révolutionnaire il y a, mais Omar disparu et le lien avec le volet précédent est un peu foireux: on retrouve certains personnages en plus vieux mais ils pourraient tout aussi bien être des nouveaux que ça changerait pas grand chose. Le thème, c'est les élections (parce que nous aussi, on fait du cinéma politique, merde à la fin) avec cette candidate trop cool qui veut changer le système mais par des moyens légaux, svp. Le problème, c'est que pendant 12h, la loi fait dodo, alors bon. On s'est d'ailleurs posés la question de la viabilité d'un tel système dans le fond: si tous les ans, pendant 12h tu laisses tout le monde faire n'importe quoi, je pense surtout que les gens iraient piller les magasins et chourrer des écrans plats, mais je doute qu'ils se fassent chier à buter quelqu'un au passage. Pis bonjour l'impact économique - quand il suffit de fermer le métro à 19h pendant trois semaines pour couler tout le centre-ville, on se dit que bon, ça semble pas si glorieux ce truc de purge. Bon bref: tentative d'assassinat, débat sur la violence nécessaire des révolutions, et la traditionnelle scène un peu dreamy/weird à base de masque de clowns à la Rob Zombie et de scie sauteuse. Pas mauvais, mais un peu neuneu au niveau de la conclusion. On rentre gentiment chez soi, au final.

LLewyn Davis est aussi un grand neuneu, à la paupière tombante et au menton mou, qui promène son veston en velours côtelé et sa mélancolie d'artiste raté dans yet another loser movie des frères Coen- Inside Llewyn Davis. A la recherche de la gloire folk, Llewyn dort sur le canapé de ses potes, nique leur femme et perd leur chat. Bravo. Heureusement, il y a Findus, sous la forme d'un trajet blablacar jusque Chicago avec un artiste (Goodman, immense) qu'on sait pas trop ce qu'y fout à part se baver dessus quand y dort et son chauffeur laconico-slammeur. Ce trajet ne changera cependant rien, ni à sa vie (à Llewyn), ni à son oeuvre et il va même abandonner son chaton, pourtant la seule chose trop miiiiignonne de sa triste vie. C'est un peu un anti voyage initiatique, du coup, comme pour beaucoup de film des Coen (des anti-films avec des anti-héros, des anti-auteurs et des vrai branleurs). C'est pas mal, mais il y a beaucoup de folk, ce qui pose un peu problème à certains d'entre nous - en même temps, on peut en profiter pour aller pisser. Alors bon.

C'est le seul Villeneuve que je n'avais pas encore vu mais finalement pas le plus trash. Incendies raconte une histoire de famille compliquée sous forme d'enquête menée par des jumeaux à la recherche de leurs père et frère, une histoire bordélique dans les confins d'un pays bouffé par le désert et les conflits divers - ici des chrétiens contre des musulmans mais parfois pas tout à fait en fait - avec des personnages égarés par la guerre, la poussière et le boxon ambulant. On ne va pas s’appesantir sur les coordonnées œdipiennes (l'abandon, le désert, la reconnaissance, le pied percé) parce que tout peut être lu sans cet arrière-fond et garde une consistance quand même. Toujours un élément aquatique qui revient baigner l'histoire par intervalles, une révélation à la piscine municipale; toujours des plans en contraste de ces grands ensembles bétonnés gris, architecture de masse contre le sable cramé du désert et puis ces personnages officiels qui encadrent, accompagnent cette recherche avec un œil un peu froid, clinique qui contraste avec le truc intérieur très physique, violent, des protagonistes. 

The purge: election year, De Monaco, 2016
Inside Llewyn Davis, Coen, 2013
Incendies, Villeneuve, 2010

mardi 19 juillet 2016

Driving miss crazy

Ma petite pause de juin m'avait éloignée de mes préoccupations ataviques, à savoir les fous dans tous leurs états - au cinéma, dans des saunas ou sur les marches de l'opéra. Toujours dans l'excellente sélection du Nova, j'ai pris au hasard trois trucs plutôt random mais chacun divertissant à sa façon.

Leave her to heaven nous raconte l'histoire d'une dingue assez douce finalement mais dont les yeux métalliques cachent le machiavélisme, mouahaha. Helen, petite jeune à l'air avenant, rencontre Richard, écrivain de son état, dans un train - elle fait un peu groupie, puisqu'elle est JUSTEMENT en train de lire son livre (coïncidence? Mouais.) En deux temps trois mouvements, les voilà mariés et en route pour une maison de campagne au bord d'un lac dans le Vermont comme tout écrivain qui se respecte. Hélas, la madame est un peu bizarre quand même, dans le genre possessive de l'extrême. Des gens se mettent à se noyer comme ça sans raison, y'a de l'arsenic dans le sucre, enfin, il se passe des choses étranges. La fin est plutôt surprenante, un peu dans l'idée de Gone Girl mais en plus radical du coup assez étonnant pour un film de l'époque - c'est du noir à certains égards (récit à posteriori fait par un témoin, femme fatale, grand dadais tout mou et soumis) mais aussi un film de famille, enfin, pas mauvais du tout. 

Toujours dans du film de folie qui tourne au policier, A lizard in a woman's skin est un beau giallo plein de couleurs qui claquent et des seins qui font bouncy-bouncy (faut avouer que ça tétonne en diable). La jeune Carol fait des rêves récurrents dans lesquels elle fait des câlins avec la catin d'à côté, une blonde à l'air pervers qui fait des orgies toutes les nuits. Comme Carol a un bon psy, il lui explique que ces rêves ne sont que des réalisations de désirs inconscients gnagnagna et qu'elle est coincée dans une vie de petite bourge qui aimerait aussi bien voir le loup etc. Mais, quand la perverse en question est assassinée tout pareil que dans le rêve de Carol, ça commence à sentir le roussi psychanalytique. Le Méchand Docteur Lacan a-t-il tout manigancé? Suspensme!  L'ensemble  est très beau, entre couleurs psyché et architecture carrée, avec toujours des scènes de poursuites dans des grands bâtiments abandonnés vaguement religieux, des grandes orgues qui se mettent en route n'importe quand et des animaux bien utilisés: les chiens éventrés, les chauves-souris obsédées par les cheveux, enfin tout ça.

May est probablement le plus bizarre et déroutant et raconte avant tout une histoire d'amour (qui finit mal, on s'en doute). La pauvre May, assistante dans une clinique vétérinaire de son état, tombe raide love d'un grand échalas qu'elle croise parfois dans la rue (how random is that?). Comme elle porte des lunettes, il faut évidemment qu'elle commence par les enlever (comme ça, elle est moins moche et comme elle voit rien, l'empafé zaussi, haha). Devenue méga-bonne par la grâce des lentilles de contact (le plus grand mythe américain après la moumoute de Trump), elle peut enfin faire la connaissance d'Adam qui a de belles mains mais est un peu concon quand même. Hélas! May ne sait pas s'y prendre et pas de Carrie Bradshaw pour la conseiller! Elle va donc tout faire merder mais elle a un super secret: elle coud trrrès bien. Et elle a une super grande glacière. C'est plutôt drôle, ça pourrait presque être un teenage movie gone wrong en fait, mais ça reste encore trop dans une esthétique gore pour être de l'ironie frontale - un peu trop de freaks, en fait. J'ai un peu pensé à Cry Baby, d'ailleurs, le sang en plus. Angela Bettis, excellente dans le rôle-titre, est d'ailleurs visiblement habituée à être la meuf-chelou-à-cheveux-filasses-qui-tue-tout-le-monde-à-la-fin: elle est Carrie, elle est dans The Woman, et elle est dans une chiée d'autres trucs du genre.

Leave her to heaven, Stahl,1945
A lizard in a woman's skin, Fulci, 1971 
May, McKee, 2002

dimanche 17 juillet 2016

Boyz n' da wood

Il y a pas longtemps, je suis tombée sur cet article, pas mal branlé (huhuhu) il faut l'avouer, et qui résume assez bien l'état d'ignorance par rapport à leur sexe où se trouvent beaucoup de jeunes femmes. Je suis à la base plutôt anti-sexiste que féministe: je trouve ça fondamentalement assez con de penser que l'appareil génital de quelqu'un détermine sa manière d'être et je me suis du coup posée la question: quid des conneries qu'on raconte aux garçons? Parce qu'il y en un tas, et pas beaucoup de gens pour s'en offusquer. Loin de moi l'idée de faire une étude sociologique poussée, un article scientifique ou de prétendre à quoi que ce soit d'autre qu'une simple idée, comme ça, du nombre de mensonges dont on gave les hommes quant à leur sexe - très souvent entendus de la bouche de femmes qui, comme on le sait souvent, sont les premières ennemies du féminisme dans le fond.

1: Etre un homme, c'est niquer des meufs (beaucoup, des bonnes, bien, souvent et sans les mains).
Alors qu'une femme d'une trentaine d'années qui n'a eu que quelques partenaires, c'est plutôt normal, l'inverse n'est pas vrai pour un homme: il a peu d'expérience, il est bizarre ("fais gaffe, c'est soit un puceau soit un psychopathe"). Un type qui fait ceinture pendant un, deux trois, ans: mais noooon?! Et ce type de réaction n'est pas qu'un truc de macho entre eux, c'est aussi quelque chose qui est renvoyé par les femmes elles-mêmes dans certaines situations: on considère normal qu'un mec ait plus baisé qu'une femme ce qui rend bizarre, chelou et puceau tous ceux qui ont eut autre chose à faire de leurs années collège (genre étudier).

2: Toute façon, un mec ça a toujours envie.
C'est bien connu, un mec pense au sexe toutes les 2 secondes, il a le cerveau entre les jambes, il pense avec sa bite; en gros, ils sont pas comme nous. Comme bien pointé dans l'article cité, ce truc ne représente pas qu'une oppression pour les femmes, mais pour les hommes également. Et alors que ça fait quelques années déjà qu'on commence (certes, pas partout et pas dans tous les milieux) à accepter le désir des femmes et que celuci s'exprime, c'est le silence absolu sur l'éventuel non-désir des hommes. Bah oui, et si il a pas envie? Bah rien. De même qu'une femme a le droit d'avoir beaucoup envie sans être une nympho, un homme a le droit de n'avoir pas plus envie que ça sans pour autant être bizarre, moins viril, moins mec. L'absence de désir de la part d'un mec plonge parfois les femmes dans des abîmes de perplexité: pourquoi? Et pourquoi pas, en fait? 

3: Mais c'est parce que les mecs, c'est plus simple.
Parce que nous, femmes, avons une sexualité mystérieuse, complexe,avec des orgasmes à plusieurs étages, des points G, des fantasmes, des trucs cérébraux; enfin, une pléthore de façon de faire du sexe, d'en parler, d'y penser et une littérature sur le sujet qui ressemble parfois à une diarrhée de Bukoswki au réveil (mou et odorant mais poétique pour ceux se demandent). Les hommes, par contre, c'est fastoche: bander, rentrer, juter et c'est réglé! Pas besoin de sentiments, c'est connu, pas un gramme de subtilité (bander=désirer, pénétrer=baiser, éjaculer=jouir), pas de complication; quand monsieur a son compte il s'endort et on n'en parle plus. Parce que les hommes, c'est un peu des animaux, c'est certain. Ils n'ont donc pas le droit d'avoir eux aussi des façons diversifiées d'aimer, de jouir et de désirer, non, ça c'est "un truc de fille", on se pose peu la question de l'orgasme masculin et on ne s'intéresse à la sexualité masculine que lorsque celle-ci tombe "en panne" (comme une petite machine qu'on répare à coup de pilules avalées honteusement). En dehors du fait que ça cantonne l'homme dans une position de brute épaisse et de chien lubrique peu enviable, ça oblitère l'idée d'un territoire sexuel aussi immense que celui d'une femme et d'une sexualité qui va largement plus loin qu'une sexualité génitale.

4: Quand c'est non, c'est non
Celle-là, je l'aime bien et elle va être un peu casse-gueule. Alors oui, il faut bien rappeler au genre masculin qu'une femme qui dit non dit non et pas autre chose. Mais si on pouvait par la même occasion arrêter ce petit sexisme ordinaire qui consiste à faire croire que les femmes ne disent pas ce qu'elles pensent et disent toujours le contraire parce qu'elles ont plein de sentiments à l'intérieur et de trucs bizarres et complexes et qu'elles sont toute pleines de sensibilité et d'émotion et que tout ça, ben c'est compliqué. Alors que les hommes, quand ils disent non, c'est non, oui, c'est oui, gné, c'est gné. D'ailleurs ces trois mots composent à eux seuls la totalité de leur vocabulaire. Les hommes ne savent pas parler de leurs sentiments, ils sont incapables de sensibilité, de poésie et dans la lignée du point précédent, sont finalement des genres de bœufs aussi subtils d'un tweet de Bart de Wever (encore un mec, tiens). Pour répondre à cette idée au-delà de la connerie, je n'aurai qu'un mot: Proust (et le premier qui ose me dire que "c'est parce qu'il est pédé en fait", je lui mets une mandale littéraire dans la face). 

5: Un pervers, c'est masculin.
Probablement ce qui m'énerve le plus, c'est l'impunité totale dont bénéficient les femmes sur ce terrain. On peut avancer que les statistiques montrent que dans une écrasante majorité des cas, les actes d'attouchement sont le fait d'hommes mais je pense qu'il y a quelque chose qui se situe en deçà de ces statistiques. Les femmes sont aussi perverses que les hommes dans leur gestion de la sexualité infantile et parfois plus parce que jamais inquiétées. Non, c'est de l'amour maternel: donner le sein jusqu'à 4 ans, dormir dans le lit matrimonial avec un chiard de 10 ans, présenter son fils en disant l"homme de ma vie", non, c'est pas de l'amour, c'est bizarre et à la limite de l'inceste, en tout cas symboliquement. Et qu'on le veuille ou non, ces comportements ont un impact réel et profond sur la sexualité adulte. Qu'on essaye d'imaginer la situation inverse (avec un père), et on voit tout de suite où se situe l'inégalité flagrante. 

6: Plus c'est gros, mieux c'est
Celle-la je l'aime: non, c'est pas un truc de mecs qui font entre eux le concours de celui qu'a la plus grosse, c'est AUSSI un truc que les femmes entérinent et dans lequel elles jouent. On ne parle pas forcément de phallus réel mais aussi de trucs symboliques: mon mec a une plus grosse bagnole, un plus grand appart, un plus gros compte en banque, il m'achète des plus gros bijoux et des pompes de plus grosses grognasses que les tiennes d'abord. Et pour revenir à l'engin à proprement parler, il suffit de se rappeler des minauderies de cette décérébrée de Bradshaw et de ses crétines de copines finies à la pisse dès qu'elles parlent gros zizi pour se rendre compte que ça ne vient pas que des mecs. Mise à part récemment dans Broad City, je n'ai JAMAIS vu une évocation ouverte, décomplexée et décomplexante de cette histoire de taille. Ben non, contrairement à la politique de la gauche française, plus c'est gros, plus ça passe pas en fait. 

Bon, y a encore un paquet de trucs qui ne concernent pas directement le sexe mais qui sont tout aussi drôles: les femmes sont plus propres (haha), plus soigneuses (houhou), moins bruyantes (heuuu) et façon générale, plus polie et gentille (aheum). On est bien d'accord que c'est une question d'éducation mais c'est qui qui fait cette éducation, huuum? Comme on le couine à tout bout de champs, 80% du temps, ce sont les femmes qui éduquent les enfants à la maison et comme on s'en aperçoit assez facilement, le corps enseignant, en tout cas jusqu'au moins au secondaire inférieur est massivement féminin. Sans en tirer des conclusions hâtives, on peut quand même se poser des questions.

lundi 4 juillet 2016

Ecran total

Je me rends compte que j'ai été peu assidue et un peu vilaine ces derniers temps - pas que je n'ai pas regardé des trucs succulents mais le temps magnifique du mois de juin incitant à la promenade baignade a fait que voilà. Quelques trucs ont surnagé cependant:

Gone girl, thriller impeccable de Fincher qui nous tient encore une fois plus de deux heures sans nous faire chier une minute - il est trop fort. Histoire qui pourrait être improbable de l'entube du siècle qui démonte pas mal de trucs et qui prouve que les femmes maléfiques sont quand même plus classes quand il s'agit de vengeance. Nick, mari un peu mou et dépressif, rentre le jour de son anniversaire de mariage pour trouver sa chère et tendre Amy disparue: où, quand, quoi, comment? Il s'inquiète, on enquête et on découvre, en alternance les carnets intimes de la gourgandine qui nous raconte une histoire trop merveilleuse qu'elle est belle et qui donne parfois un peu envie de vomir. Pas longtemps, car il s'avère que Nick est pas si jouasse que ça et surtout, erreur ultime, joue à la fessée avec une de ses étudiantes. On ne le répétera jamais assez: arrêtez de croire que vous êtes plus malin qu'une paranoïaque obsessionnelle, si vous la trompez, elle le sait et sa vengeance sera aussi froide qu'un mois de juin à la Côté. Le film passe à mi-cheminn du film classique policier à un truc complètement taré dont on ne racontera rien - ça fait un peu le même effet que " A la folie, pas du tout", excellent petit truc qui te prend sans te demander ton avis et te laisse tout pantois à répéter " La salope. Laaa saloooooope. Laaaaa saaaaloooooooooopeeeee" (etc ad lib).

En cette période de festivals, on ne parle pas assez de tous ces petits groupes qui galèrent, qui jouent sur des scènes pourries, dorment dans des camions et qu'on paye de cacahuètes (parfois lancées par le public en guise de distraction). Green room nous montre à quel point la musique, c'est trop galère quand même. Un sympathique groupe de rock (garago-neo-punk on va dire) se voit proposer un gig à un festival de néo-nazi. Ils chouinent un peu ( rapport aux nazis), mais l'appât du gain est plus fort (parce que la musique, c'est pas pour le fric, tu comprends) et filent s'enterrer au milieu d'une forêt dans un bar bien louche. Evidemment ça va merder, évidemment, y'a pas de réseau, évidemment, y'a un type avec des chiens super méchants qui traînent dans le coin et en plus, ils se font jeter des cailloux pendant leur set. Les rednecks, ça suck vraiment. Mi Calvaire, mi Ex Drummer, le tout dans la pure lignée de Blue Ruins, le précédent de Saulnier: images lentes, saturées de silence parfois, violence immobile et pas forcément dans l'amour du détail gore, une sorte de tension sans hystérie qui fait super classe au final. On s'est d'ailleurs laissés aller à rêver à un remake belge du truc, avec un groupe de petit minots flamands débarquant dans un bunker quelque part dans les Fagnes ( et tout ce qui s'ensuit logiquement dans ce type de config').

Last but not least, j'ai ENFIN vu Sisters, film dont j'ai longtemps cherché le titre - je me souvenais juste d'un film dans lequel il y avait un méchant qui s'appelait le méchant docteur Lacan, ce qui m'a beaucoup fait glousser à l'époque. Sisters raconte donc la classique histoire de jumelles, une sympa mais frappée, l'autre tout aussi dingue mais en plus méchante. Deux Lou Doillon pour le prix d'une donc, ça fait beaucoup de dents (Lou Doillon a plus de dents que la moyenne je crois). Le méchant docteur Lacan est en fait le docteur Philip Lacan (hihihi) qui a une relation bien bizarre avec les fifilles et tente de les contrôler et de cacher des trucs à cette jeune journaliste qui dort dans sa voiture (Sévigny, sur tous les coups foireux du cinéma indé) et qui va finir par découvrir la vérité, arrgh. Franchement, j'ai tellement attendu que je m'attendais à un truc dément (ou au moins à un méga Z super drôle) mais ce n'est ni l'un ni l'autre. C'est un peu mou du genou, pas franchement dans l'esthétique mais pas non plus dans le gore, psychologisant gnangan et surtout, surtout, ça manque cruellement de phallus. Déçue.

Gone girl, Fincher, 2014
Green room, Saulnier, 2015
Sisters, Buck, 2006

samedi 28 mai 2016

Driving miss crazy

Sans l'avoir forcément exprès, voilà trois films pile de la même époque à quelques années près, preuve que l'hystérie est féminine de longue date - depuis aussi longtemps que la psychiatrie est phallocrate, c'est dire. Faut quand même rappeler qu'à une époque, on pensait que les crises d"hystérie étaient provoquées par l'utérus, considéré comme un organe pas bien fixé et qui en se promenant dans le corps de la femme, la chatouillait jusqu'à la rendre folle ( Big up à Platon). Bref, les années 60 ne sont pas tendres donc, et on se retrouve avec une belle brochette de nanas rendues cinglées par ce qu'elles ont entre les jambes (ou pas, comme dirait le méchant docteur L.)

Suddenly last summer nous raconte une histoire qu'on a du mal à démêler qui est la plus dingue: une vieille (Hepburn) sur le retour demande à un jeune médecin fringuant de lobotomiser sa nièce (Liz Taylor, avant sa chiée de maris), devenue subitement dingue l'été dernier. Sauf que. Elle est plutôt normale ( et en plus, elle est bonne), la nièce en question, ce que note notre chirurgien fougueux qui va se la jouer analyste aventurier et essayer de savoir ce qu'il a bien pu se passer l'été dernier: elle a pris sa première cuite, sa première bite, ou bien elle a juste tué un pêcheur en ciré suspect sur le bord d'une route en rentrant de boîte? Bizarrement, l'été dernier, c'est aussi celui durant lequel est mort le fils unique de la vieille qui a visiblement des chaleurs dans le cerveau quand on lui en parle. Alors quoi, qui qu'est la plus dingue, hein? Tous, un peu. C'est toujours drôle de voir des gens discuter lobotomie comme on parle d'une opération d'amygdales, et puis il y a une performance de Hepburn vraiment géniale, complètement givrée mais dans un registre un peu plus fin que Taylor qui joue surtout avec ses seins son cœur. On ne s'étonne pas trop, le script est tiré d'une pièce de Tennessee Williams dont on peut lire tous les livres sur le même sujet: celui de femmes rendues folles par le désir d'hommes qui ont visiblement du mal à accepter le leur ( à elles donc) - des femmes qui en ont face à des mecs qui en cherchent, enfin tout ça.

J'avais déjà vu Marnie, mais c'était avant tout ça alors je me le suis remis et quelle idée qu'elle était bonne. Hitchcock est un autre réalisateur qui aime bien les nanas un peu barges - que ce soit des mères, des filles ou des poneys, franchement, on se demande bien qui qui lui a touché le phallus pour qu'il leur en veuille comme ça. Enfin. Marnie est une escroc badass qui monte des arnaques dignes d'un bouquin Jim Thompson et qui se tire avec la caisse quand tout le monde a le dos tourné. Et puis elle change de couleur de cheveux et recommence ailleurs. Malin. Mais c'est sans compter sur un type plus finaud que les autres qui a Facebook et qui la reconnaît. Pas de printemps pour Marnie, du coup. Mark (Sean Connery, quand il ne courait pas en zlip dans un film de Boorman) va donc engager la Marnie pour voir comment elle va l'entuber. Hélas, elle est tellement meuugnonne qu'il se met en tête de la sauver (en la forçant à l'épouser, merci). Mark, super bon psy tendance Cosmo ( "si tu as vachement peur, des chiens, affronte un pitt à mains nues, ça ira mieux fifille!") finira-t-il par sauver cette pauv' Marnie? Suspensme! En tout cas, c'est du grand du genre, avec toujours ce sens de l'objet agrandi, zoomé, grossi à l'extrême, cet amour des vieilles mères acariâtres qui gâchent la vie des jeunes en leur gardant leur secret pour eux, non mais. 

Seance on a et afternoon a un peu un titre de film porno, mais déception, pas de fesses à l'horizon dans ceci. Myra, médium de son état, convainc son chouineur de mari de kidnapper une petiote -pourquoi, toujours pas compris, mais elle est folle alors- fille d'un type vaguement tycoon. à qui elle réclame du fric mais sans vraiment en faire quoi que ce soit, puisqu'elle veut surtout se faire de la pub comme médium - bah oui, elle peut genre prédire où est la gamine, finaud. Y'a des histoire d'enfants morts et de mère trépassée, et tout le monde a l'air un peu à l'ouest. Le mari est assez génial, en grand poireau existentiel bouffé par sa dingue de femme et la Myra pas piquée de vers. Il y a aussi une très jolie bande-son dont le final n'est qu'une petite pluie  au xylophone. Bien.

Suddenly last summer, Mankiewicz, 1959
Marnie, Hitchcock, 1964
Seance on a wet afternoon, Forbes, 1964.