dimanche 23 décembre 2018

Total America

En plein dans la lecture de l'excellente revue America (profitez-en, ça ne durera pas), je fais le plein de héros bien amerlo avec des serial-killer, des astronautes, des ados enragées: weehaa.

First man raconte l’histoire de Neil Amstrong, le premier homme sur la lune donc. Je déteste un peu Chazelle donc j’ai eu du mal à m’y mettre mais j’ai survécu. Le film choisit de raconter surtout l’histoire de l’homme en plus de l’histoire du héros : sa vie de famille, ses enfants trop choux ; sa chère épouse qui reste sagement à la maison – c’est vraiment fa-sci-nant. Comme ça, on sait que lui aussi c’est un homme (c’est con, j’ai toujours cru que c’était un un playmobil géant qu’on avait envoyé en orbite). Bref, Neil est un homme donc, il a ses doutes, ses craintes, il a peur parfois, dans son petit vaisseau spatial, il est triste aussi, quand ses potes se font cramer par un court-circuit, il est heureux, évidemment, quand il sautille sur la surface lunaire, parce que c’est quand même de la balle. Tout est un peu convenu quand même mais c’est mignon de voir une tentative de sortir du film de héros pour retomber dans le cliché du film du héros-que-c’est-un-homme-quand-même-merde. Certaines choses sont intéressantes comme : l’aspect boîte à sardines de certaines navettes (c’aurait été pour des playmobils, à la limite mais là...), le ressenti assez flippant d’un truc qui tourne dans l’espace et surtout, surtout, la tristesse infinie du type qui reste dans la station pendant que les deux autres vont faire joujou sur la lune – c’est à lui qu’on devrait consacrer un film. Demandons à Herzorg tiens. C’est pas mauvais niveau effets spéciaux, il y a beaucoup de musique (un peu trop diront certains et pas toujours très subtile) mais notre cher Chazelle a au moins évité d’en faire une comédie musicale en combi argentée (voilà une autre idée de film. Parlons-en à Werner, tiens).

The house that Jack built est la dernière livraison de Lars von Trier. Gentil film narratif, pas trop contemplatife pour une fois, avec des anecdotes et tout ça : quel bonheur. Jack est un putain de serial killer. Il bute plein de gens, sans distinctions et les range tous dans un grand garde-manger, avec sa réserve de pizzas. On suit son parcours original en 5 petites histoires, plutôt cool, chacune avec son meurtre – franchement pas si gore que ça, faut pas déconner – et sa bonne dose de dialogues chelous, de personnages hyper bizarres et toujours à moitié cinglés. On retrouve certain trucs un peu perdus ces derniers temps (je trouve), un côté Dogme 95 qui s’était un peu effacé : des séquences un peu pêle-mêle, comme un mood-board de schizophrène, des effets de couleurs bizarres, de la musique super hors de propos parfois, une caméra qui gigote un peu ; c’est gai ! Tout est raconté du point de vue confession finale, plutôt beau. La dernière partie est par contre beaucoup trop chiante et retombe un peu dans du contemplatif symbolique un peu lourd et casse-couille. 

Enfin Assassination Nation, pur film Sundance sur des ados enragées. Pas très clair dès le début (à cause de moults dialogues de milenials qui pensent avec leur cerveau et en ont marre du partiarcat), c'est en fait un bon film d'exploitation avec du sang partout et des guns qui dézinguent. Tout commence par une petite tranche de vie innocente de 4 teenage dans une ville super boring (Salem, parce qu'on a jamais assez de symbolisme bien lourd). Nos quatre fifilles qui ont toutes l'air et le discours de meufs de 23 ans pseudos activistes, en ont trop marre du lycée, des mecs trop lourds qui veulent pas sucer et des gens qui ne les apprécient pas vraiment mais seulement des morceaux d'elles (trop profond gros). Un petit malin se met alors à leaker les dossiers secrets et autres dirty nudes d'un puis l'autre, puis de tout ce petit monde qui se la joue bien puritain - des maires, des mères, des ados: on découver avec effroi que les gens ne sont pas vraiment ce qu'ils sont, OMG. Comment cela s'insère-t-il dans la suite? Par un tour de scénario complètement absurde mais qui transforme dès lors notre histoire en nuit vengeresse à la Tarantinouille. Est-ce que c'est bien? L'exploitation est bien faite. On rigole un peu. Par contre, s'il y a une tentative de discours à moitié articulé derrière, c'est complètement inaudible vu l'ange d'approche. Bref, c'est un peu casse-burnes au début mais puis ça devient bien puis ça finit un peu lamentable. Pourquoi vouloir donner du sens quand on veut juste kiffer et faire des films qui dépotent? Beats me.

First man, Chazelle, 2018
The house that Jack built, Trier, 2018
Assasination nation, Levinson, 2018

samedi 22 décembre 2018

Total Netflix

Un petit bouquet Netflix de films d’ados vu ces derniers temps: deux super-trucs, un truc pas mauvais et une mise à jour à foutre à la poubelle.

Super truc un, c’est Super 8, que je n’avais toujours pas vu. Bon film de famille pour réunir les quadra nostalgiques de 80’s qui n’ont jamais existé à part dans leur imagination et leurs enfants qui ont l’impression de regarder Jurassic Park du coup. Comme dans beaucoup de films du genre, on retrouve Joe, preteen super innocent qui tourne un film de zombie en super 8 avec ses potes et la mignonne Alice, meuf indispensable de la bande-à-vélo-hyper-geek.  Un soir, un train, et c’est la catastrophe. Un déraillement d’un train de marchandise qui ressemble plus à une scène de Cloverfield qu’à autre chose va bouleverser leurs vies à tout jamais – et leur petite ville. Des types de l’armée se mettent à patrouiller. Des trucs tombent en panne. Des gens disparaissent. Des bruits bizarres sortent des buissons le soir. Mystère. Le reste de l’histoire est très très Disney, avec un peu de King derrière (le père alcoolique, le veuf flic super intègre, la famille nombreuse en pagaille), avec une fin très chou (mais complètement inexplicable (mais pourquoi attend-il aussi longtemps pour faire son putain de vaisseau si c’était aussi simple ?)). Bref, un truc à regarder d’un oeil pendant qu’on fait ses courses en ligne.

Supre truc deux, c’est Superdark times, encore un film d’ados mais un poil plus malin celui-ci. Zach et Josh sont super poteaux à la vie à la mort. Ils matent des meufs, se font emmerder par des mecs plus forts qu’eux à l’école, essaient de draguer des filles, crèvent leurs boutons seuls dans leur chambre le soir. La vie quoi. A force de jouer avec le katana du grand frère, c’est l’accident. Finis les blagounettes en cours et les sorties à vélo (décidément), bonjour l’évitement, la paranoïa et les regards en coin  (comme le chien des Simpsons). Pendant tout un moment, on se demande comment va tourner ce truc – il n’y a pas tellement de fins possibles que ça. En fait si ! C’est assez bien fait et ça donne u tour plutôt intéressant au film. Pour le reste : vélo, console, suburb : rien de nouveau sous le soleil des films d’ados.

The gift m’a d’abord fait penser à Harry, un ami qui vous veut du bien, niveau pitch et ambiance – un couple en plein crise, recommence une nouvelle vie dans une nouvelle ville essayant de tourner la page de drame secret dont nous aurons le récit très vite et de façon un peu didactique (le film est visiblement fait pour les gens qui ne regardent ça que d’un œil). Gordo donc, fait retour dans la vie de Simon et Robyn sans crier gare. Ami d’enfance de Simon, il  veut reprendre contact et s’avère être méga relou –le gars creepy qui laisse des poissons rouges sur le pas de ta porte, brrr. Simon finit par mettre les points sur les I mais à Robyn, qui a un petit coeur de beurre, ça ne lui convient pas. A force de compassion, de patience et de bonne grosse manipulation, Simon finit par la persuader que tout va bien. Ou pas. Sur le thème des retours de bâton de l’adolescence et de la vengeance postposée, on découvre de bien bonnes- qu’on ne racontera pas ici, hihi.  Sans grande folie au niveau réalisation, ça se laisse regarder, avec un bon rythme et des acteurs pas mauvais. On sait plus ou moins comment ça va finir assez vite, mais bon – c’est le chemin qui est intéressant pas la destination comme dirait le sage chinois du même.

Le truc que tu peux baquer tout de suite, c’est Upgrade. Partis pour regarder « un truc un peu bourrin avec de l’action », on a  pensé avoir trouvé un bon petit thriller du samedi, visez plutôt : un homme brisé par la mort de sa femme se voit proposer par un magnat/génie de l’AI une puce à s’implanter dans le dos pour pouvoir remarcher et faire plein de trucs en plus – d’où le titre subtil du film. Alors en dehors des trucs absurdes (on va dire qu’on est dans de la Sci-Fi donc ok), il y a juste des trucs super cons et ridicules à voir : ce pauvre Bidule, dont on n’a pas retenu le nom, gère lui-même son corps sauf lorsqu’il doit se battre contre des méchants auquel cas c’est son AI qui reprend le contrôle. Pour que des gros débiles comme nous comprennent qui commande, Bidule se met à faire plein de mouvements super raides et accompagnés de petits bruits électroniques. Gné ? Il y a aussi la question du tracking et de la prise de contrôle par son propriétaire de l’AI qui gère Bidule. Visiblement, cette puce ne connait pas la commande shut down ou un truc du style. Non, il faut fermer chaque commande à la main. La suite est probablement du même tonneau, mais c’est à ce niveau que j’ai jeté l’éponge : bouh !

Super 8, Abrams, 2011
Superdark times, Philips, 2017
The gift, Edgerton, 2015
Upgrade, Whannel, 2018

vendredi 21 décembre 2018

Ecran Total

Pour nous préparer Nowel en toute sympathie, franchise et amour, trois petits films avec des types tout seuls dans des vies toutes chelou pour pas déprimer.

God’s own country a été qualifié de Brokeback moutain english. Alors d’accord, il s’agit d’une histoire d’amour gay sur fond de farming hardcore mais à part ça , ça n’a rien à voir. Johnny mène une vie pas jojo : entre sa grand-mère et son père pas jouasse, dans une ferme paumée de quelque part en Englisherie, il s’occupe des moutons, répare des barrières et couche entre deux enchères bovines. On dirait du Flaubert parfois. Arrive George, travailleur saisonnier roumain. D’abord pas très sympa avec lui, Johnny finit par s’y faire et c’est le début d’une merveilleuse amitié et plus si affinités. Très beau film dans l’image, la réalisation, les temps de pause – tout est très lent, en retenue, silencieux. Une opposition assez crue entre le monde de brutes de la ferme (parfois un peu cliché) et les petits morceaux d’amour qui surgissent comme ça. Il y a aussi une histoire de transmission difficile et de passage de générations assez intéressante (on va pas dire Oedipienne mais bon).

La nuit a dévoré le monde est un film de zombie hyper super low-key et méga arty – parfois un peu trop. Réveillé après une teuf dans l’appart de son ex ( chez qui il était visiblement venu reprendre ses cassettes (ça vous donne le niveau de hipsterisation du type)), Sam se rend compte que tout est pété et qu’il y a du sang partout. Par la fenêtre, des gens qui courent et qui se bouffent les uns les autres. C’est donc plus un film d’infectés que de zombies (pour les obsédés de la distinction).  Sam, plutôt que de se jeter dehors pour aller faire le foufou (réflexe assez courant dans ce genre de situation et qui m’a toujours confondue tellement c’est con), reste bien au chaud chez lui et s’organise. J’ai tout particulièrement apprécié les rangement du garde-manger, les rations et le petit carnet avec l’inventaire. C’est ce qui m’excite le plus dans l’apocalypse je crois. Dormir, manger, se laver : tout ça c’est très bien mais encore ? On suit donc l’histoire d’un mec seul vraiment tout seul et de ce qu’il en advient. C’est franchement hyper bien foutu. Aussi plutôt lent, sans pathos, sans frénésie, un peu détaché, très silencieux – c’est un peu un anti-film de zombie dans le genre. On aime même la fin en tire-bouchon (il allait enfin se passer quelque chose, merde). Joli bande-son quand il y en a.

Last but not least, Grizzly man est un documentaire complètement cinglé de ce cher Herzorg. Le docu autant que le sujet, dans son style habituel. Timothy Treadwell est grizzly man, un type sorti de nulle part qui décide de vivre avec des grizzly tout seul dans la forêt, 4 mois par ans, au milieu de nulle part en Alaska. Parce que les grizzly sont quand même des putain de bêtes sauvages de genre 2 mètres de haut et pas loin d’une tonne et pas des gros nounours, il finit par se faire bouffer par ses copains. Le documentaire part de là et reprend l’histoire de Timothy et surtout, des parties choisies des heures de vidéos qu’il a tournées en solo lors de ses expéditions. Le mec est très clairement complètement jeté et ces séquences sont juste hallucinantes. Avec les témoignages des gens qui l’ont fréquenté, les avis de responsables gravitant autour des grizzly, on remonte le cours d’une existence super bizarre mais finalement hyper touchante et plutôt triste. Il y a en plus de ça le commentaire glaçant d’Herzorg, avec son bon accent teuton qui nous livre une lecture filmique des petits films de Tim. Ça fait beaucoup à gérer en une fois et on sort de là un peu sonnés : what the fuck est probablement la meilleure récap de cet objet filmique un peu alien.

God’s own country, Lee, 2017
La nuit a dévoré le monde, Rocher, 2018
Grizzly man, Herzorg, 2005

lundi 5 novembre 2018

Total Netflix

Quoi de neuf sur Netflix ces derniers temps? Hé bien tout un tas de films ultras burnosses, en mode grand silence viril et ellipses subtiles (ou pas).

Il y a d'abord Hold the dark, de ce cher Jeremy Saulnier qu'on a connu en meilleure forme. Rappelez-vous, c'était ce film assez cool sur un barbu hispter qui revient buter les méchants qui ont tué toute sa famille. C'était la belle époque. Hold the dark donc, raconte une histoire sombre de spécialiste de loup venu au fin fond de l'Alaska pour venger un petiot tué par un loup. On voit donc ce bon monsieur arriver chez une mère un peu au bout et partir à la chasse au loup tout seul. Il ne se passe pas grand chose et il finit par revenir. Pour se rendre compte que le meurtrier était ailleurs, tadaa.
Bon, c'est difficile de ne pas trop en raconter, mais tout ce qu'on peut dire c'est qu'à partir de là, ça part en méga-couilles avec très peu d'explications sur le pourquoi du comment. Des mecs complétement cinglés se mettent à buter tout le monde, en mode traqueurs du coeur, des flics se font canarder comme des petits cochons, et ce vieux trappeur de loup zone à la périphérie de tout ça sans qu'on comprenne bien pourquoi il est toujours pas rentré chez lui se faire un chocolat chaud. Bon, ça saigne d'un peu partout, dans de grands paysages blacs paumés et c'est donc pas mal, dans l'esprit. Mais. Il y a un peu trop de trucs qui sortent de nulle part et surtout une fin incompréhensible vu le reste de l'histoire, un forçage sur le côté "nature rebelle et justice redneck de fin du monde". Sinon c'est joli.

Il ya aussi The bad batch, un film dans lequel un orchestrateur en VB6 qui tourne sur un serveur Win2000 se met à envoyer des attestations maléfique à des institutions dans des formats chelous, provoquant mort et destruction dans les administrations belges. Non je déconne. C'est donc un monde dystopique dans lequel les gens pas gentils (ceux qui continuent à développer en VB6 par exemple) sont envoyés dans une zone désertique hors des lois zaméricaines; un endroit un peu foufou donc. Une meuf, dont je n'ai pas retenu le nom vu l'engagement qu'elle met à être une actrice, se retrouve dans ce truc donc et se fait direct choper par des cannibals sanguinaires et fan de body building. On assiste d'ailleurs à une scène super super weird, en mode clip proto gay circa 80's avec du muscle, de l'huile corporelle et des amis torse nu qui font des barbecues dans le désert. La routine quoi. Bon, cette meuf va finir par se tirer et atterir dans un endroit vaguement hippie, plein de freaks qui construisent des abris dans le désert et font des fêtes sous ectasy avec des loupiotes dans tous les sens. Ca vous fait penser à quelque chose? Bah oui, il s'agit donc d'un long clip sur le Burning Man, avec une histoire comme prétexte. C'est franchement fatiguant, de manquer à ce point de scénario, de texture, de dialogues. C'est épuisant de se taper 150 plans hyper bizarres de trucs dans le désert en relecture fluo de Mad Max. On ne comprends pas trop où va tout ça - en fait, nulle part! Et c'est sans doute ça le fond du film! 

Il y a enfin You were never really here, petit film de suspemse pas mal du tout. Présenté comme le Taxi Driver des temps modernes, il faut cependant se calmer. D'accord il y a un vétéran et il est un peu dingo mais on n'est pas non plus à ce niveau. Joe, un type pas commode à grande barbe qui sent les problèmes est un taiseux. On le voit taper sur des gens sans un mot, encaisser des petites enveloppes sans moufter et s'occuper de sa mère sans chouiner. Parfois des flash de désert à peine perceptible. Tout ça est très mystérieux. Arrive un contrat original - récupérer la gamine d'un sénateur qui s'est fait enlever et plus ou moins mettre sur le trottoir. Pourquoi faire appel à Joe qui a l'air assez uncool plutôt qu'à la police, très bonne question. Que se passe-t-il ensuite, va savoir. Tout est très suggestif et pas vraiment expliqué. On comprend deux-trois trucs et on suppute le reste. C'est assez beau dans les images, plutôt intéressant dans le mutisme et l'immobilité; assez stylé. La bande-son est au niveau aussi, très électrique mais plus dans des sons saturés filés et des nappes. Pas mal du tout.

Hold the dark, Saulnier, 2018,
The bad batch, Amirpour, 2018
You were never really here, Ramsay, 2018

dimanche 2 septembre 2018

Total netflix

Petite série Netflix, avec de la SF familiale, un petit huis-clos de saison et un truc vaguement mathématique qui se loupe un peu.

Un petit SF familial c’est Extinction. J’avais été refroidie par le pitch qui mentionnait « un père de famille prêt à tout pour  protéger sa famille », parce que ça fait beaucoup de fois le mot famille dans une seule ligne mais on m’a un peu forcée (ça et l’état de mon cerveau après une journée dans les entrailles du services public). Bon, il s’agit donc de Machin dont le nom n’est pas important et qu’on appellera donc le Père de Famille, seule chose à retenir, vit une vie plutôt sympa, entouré de sa femme super bonne et de ses deux gamines trop choues. Parfois, il a des visions chelous mais bon, des petits retours d’acides, ça arrive à tout le monde.  Quand tout à coup, un soir, un train ! Des trucs descendent du ciel en mode attaque de l’enfer. Des streumons tout bizarres avec des casques aux formes étranges et super pas ergonomiques qui ne nous font pas oublier cependant, que sous ces armures se cachent sans doute des êtres humains (on a d’abord cru que c’était par radinerie en termes d’effets spéciaux mais en fait non !). Notre cher PDF va donc se mettre à protéger sa famille à tout va contre des trucs qui ont l’air genre 100 plus forts que lui. Ranafoutre.  C’est pas du gâteau, d’autant plus qu’il doit être pourvu des enfants les plus débiles du monde, qui passent leur temps à vouloir récupérer leur doudou en plein milieu d’explosion dans tous les sens mais qui du coup offrent au PDF autant de façons de montrer qu’il est prêt à tout pour sa famille au QI d’huître. Tout ça en ayant ses visions zétranges qui nous font dire que la vérité est sans doute ailleurs. Le twist est intéressant,  même si soyons honnêtes, en cette période de suçage de Philip K. Dick à tout va, on n’est pas non plus méga surpris. 

Un petit huis-clos c’est Don’t breathe, histoire d’une home invasion qui tourne mal – sujet RTL du moment d’ailleurs. Trois petits jeunots, à la vie à la mort, font des maisons pour se faire des sousous. Il y a la blonde à la vie difficile, fragile mais dure à l’extérieure comme un Kinder Bueno, son meileur-ami-poète-secrètement-amoureux-d’elle et son mec (à elle), futur gros connard débordant de masculinité toxique (parce que les filles préfèrent les connards, comme ça a été prouvé par la science à de nombreuses reprises). Tout ce petit monde fini par préparer son dernier coup (le dernier, promis) chez un ancien marine super badass mais un peu vieux et aveugle. Ca va être du gâteau, tu penses, un ancien soldat à moitié cinglé, avec un chien de 60 kilos, ça ne peut QUE bien se passer. Evidemment, le vioque s’avère être un redoutable ninja sans yeux dès qu’on s’attaque à son magot (il a un magot caché sous son matelas, rapport à sa fille qui s’est fait buter par une pouffe en bagnole). Pim, pam, poum : ça castagne pas mal et au final, on découvre des choses sur ce vieux qui n’est donc pas le vieux monsieur tranquille qu’on s’imaginait. Pas mauvais, mais pas remarquable non plus. On y retrouve le petit jeune super énervant de 13 reasons why qui a sa bête tête d’ado dramatique (même en plein braquage). Pas beaucoup de finesse dans les personnages, quand même un peu cliché (et un peu cons aussi). Le vieux démoniaque est plutôt pas mal. Le chien fait très peur.

 Et enfin,The warning, une histoire de thriller mathématique foireux, genre de Pi du Aldi qui fatigue un peu. On s’est laissé avoir un jour de gdb sévère, l’oeil morveux glué à l’écran et le cerveau en grumeaux, y’avait une référence à The fury of a patient man, très bon thriller de vengeance vu il y a deux ans et l’autostart de Netflix a fait le reste. Alors. David est tout content, car il va marier sa meuf. Il raconte tout ça à Jon, son meilleur pote, qu’on comprend en deux minutes qu’il est en fait amoureux d’elle secrètement (décidément) et ils partent acheter des glaces. Et là, pif pam, poum, c’est la cata : le pauvre David se fait canarder et tuer. Jon, mathématicien super fort en calcul mental, se met à chercher une loi des séries foireuse lorsqu’il apprend qu’un autre meurtre a eu lieu au même endroit plus ou moins au même moment. On suit en parallèle l’histoire d’un petit gamin, famille monoparentale qui galère, qui a peur de se faire buter un certain jour dans un certain lieu à cause d’un mystérieux avertissement. Me dis pas que ces deux histoires vont pas se rejoindre didon ! Et bien oui. Jon fait plein de calcul de fou, on voit qu’il devient cinglé car il colle des papiers bizarres sur son mur avec des liens en fil rouge entre les différents papiers. Comme il ne prend pas ses médicaments, il a aussi des insectes en 3D dégueulasse qui lui collent aux yeux, pouah. Tout ce bordel pour débusquer un principe mathématique que même Nabilla aurait pu comprendre. Mouais. Le reste n’est que suspense, et un peu chiant aussi. C’est, comme souvent, honnête dans l’intention. Mais suffit-ce ? Non.

Extinction, Young, 2018
Don’t breathe, Alvarez, 2017
El aviso, Calparsoro,2018

lundi 20 août 2018

Ecran total total

Un peu soupé de Netflix, je suis retournée au cinéma, le vrai, le grand, avec des popcorn et des gens qui se trompent de films. Je me suis fait bien peur et puis je me suis fait bien mettre une claque.

Je n'avais rien lu de précis sur Hereditary mais j'avais bien vu du coin de l'oeil que c'était un de ces film d'horreur malin, ultra calibré un peu intello mais pas trop et que j'allais aimer. Bon, A ghost story aussi et c'était finalement super casse-couilles donc on peut se planter. Mais là pas du tout. J'ai flippé comme une ado de 14 ans, agrippée à mon siège à peu près du début à la fin. Alors le film est plutôt simple: histoire d'une famille finalement assez normale, névroses comprises, en deuil d'une grand-mère dont on sait peu de choses. Annie, fille de et mère de famille, se recompose tout doucement dans cette nouvelle configuration. Ses enfants, un ado rebelle et une fifille pas loin du spectre, font ce qu'ils peuvent pour ne pas se faire trop chier. Le mari suit tout ça avec obédience. Jusqu'à un accident assez dégueu qui fout ce qui restait en équilibre par terre. A partir de là, tout le monde devient un peu cinglé et plus si affinités. Un tas de trucs non-dits qui ont passé la première heure à couver vont se mettre à sortir sans tous les sens et ça fait assez flipper. Le film est vraiment terrifiant et arrive à le faire de deux façon différentes. La première partie est plus de l'horreur immobile, ordinaire, des rapports de famille super glauques, une mère névrosée hyper flippante même si relativement "normale". La deuxième partie fait flipper genre BOUH et c'est super bien fait. Bon, l'aspect grand écran et silence religieux fait beaucoup mais quand même. Il y a toute l'horreur contenue de la première partie plus une montée dans psychose familiale qui double l'horreur visuelle, classique. On sort de là en ayant peur des gens qui font chpoc avec leur pouce dans leur bouche, c'est dire.

L'autre bonne surprise, c'est Under the silver lake, de ce cher Mitchell dont on avait beaucoup apprécié It follows. Ici, point de film d'horreur, mais un thriller en forme de film noir un peu post, un peu slacker, un peu hipster, un peu tout en fait. Sam, beau glandeur à la bouche molle devant l'éternel, tombe amoureux de Sarah, sa voisine bimbo neurasthénique à petit chien mais néanmoins blonde comme les blés. Las, à peine rencontrée, Sarah disparaît sans laisser d'adresse. Sam, qui n'a visiblement que ça à foutre, se met à sa recherche en mode chasse au trésor conspirationniste. J'avais vu de loin une critique qui faisait référence à LA Confidential, et c'est effectivement le cas. Je ne sais pas si on faisait référence au film ou au livre, mais en ce qui concerne Ellroy, c'est en plein dedans. Cette errance un peu désabusée, pas loin de l'hallucination, d'un type pas bien droit, tombé amoureux comme par malheur (Cherchez la femme) et qui déroule sa petite enquête entre complot paranoiaque, filles éthérées porteuses d'indices malgré elles, déchiffrages délirants de codes absurdes, figures noires qui attendent au coin des parcs: c'est tout ça. Avec par contre un truc tout à fait contemporain, une sorte de "meh attitude", un genre de nonchalance qui rend tout équanime et rien important. Comparé au héros Ellroysien qui est loser mais toujours bien attaqué, intense dans son rapport à plein de trucs névrotiques (Dieu, le bien, le mal, l'amour), notre petit Sam est complètement génération Y pour le coup: amoureux mais en passant, parano mais après 18h seulement, à moitié à la rue mais sinon ça va. Comme je tiens toujours à mon hypothèse que le double maudit d'Ellroy n'est autre que De Palma, j'ai beaucoup pensé à Body Double et à Blow-out.  Il y a aussi plein d'ironie, de petites vacheries contre Hollywood et la pop culture, des références en pagaille à plein de films, des clins d’œil d'amoureux en somme. Ce film tient à tellement de niveaux, c'est absolument fabuleux. 

Hereditary, Aster, 2018
Under the Silver Lake, Mitchell, 2018

vendredi 17 août 2018

Total nanard

Du beau, du chaud, du vrai de vrai nanard, avec des morceaux de terreur ménagère, des flic à perruque sauvage et des skieurs norvégiens con/gelés.

Après la Bricosploitation (== la déclinaison à l'infini de films d'horreur basés sur des power tools), la Cleansploitation, à savoir l'horreur bien connue du ménage. Ouuuh. The vacuum killer, de ce cher Dr Chris (dont la bio un peu mégalo fait pressentir un destin à la Wiseau), parle donc d'un tueur au bras en forme d'aspirateur. Dit comme ça,on dirait un pitch pour une campagne de Bxl Propreté. Hé bien c'est pire. Dans ce film belge comme on n'en fait plus, on voit le jeune Chris, aspirant laborantin chez un savant fou et musicien jim-boum à ses heures perdues, se muer en tueur assoiffé de sang et de moutons sous les lits après le suicide de sa pauvre mère, poussée à bout par l'infâme producteur de musique jim-boum qui l'emploie (et qui refusera d'ailleurs à Chris un contrat juteux qu'il mérite, parce la vie est trop dure pour un artiste incompris). Alors un bras en forme d'aspirateur, ça ne fait pas si peur que ça, mais ça permet de se mettre de grande quantité de drogue dans le nez en une fois et c'est finalement assez létal. Sans compter la musique (angoisse!), les dialogues (effroi!) et les effets spéciaux (OMG!). C'est un nanard très sincère, sans vraiment de second degré et ce genre d'interview nous fait éprouver la même tendresse à son égard que pour un The Room. Mention spéciale à des seconds rôles assez épiques: le facteur ignoble, le père sac-à-vin, le meilleur ami neurasthénique, le dealer italo-disco en peignoir léopard et caleçon lurex (je crois), l'ami artiste/scientifique qui peint des filles avec des composés chimiques (on n'a pas bien compris non plus, mais l'essentiel était là: BOOBS!).

J'avais déjà tenté de regarder Samouraï cop mais sans succès (c'est assez laid). J'y suis enfin parvenue, à force de ténacité et de Duvel tiède. L'histoire de ce Z assez historique et hystérique, est simple: Joe AKA Samourai Cop, est un flic qui a l'air normal, aves son maillot string et sa crinière de poney Panthène, mais il n'en est rien. Il a été entraîné par les plus grands maîtres ninja (ou samourai, enfin un truc avec des nouilles dedans) et est donc carrément balèze. Il arrive donc comme une étoile au milieu de la nuit dans un petit commissariat de LA afin de contrer une histoire sombre de gang japonais. Flanqué de son sidekick noir à l'humour ravageur, ils vont faire régner sur le crime une odeur de pure terreur. Tout ceci est très drôle mais parfois un peu fatigant: des courses poursuite dans tous les sens, des histoires de fesses intenses, des roulé-boulé dans la poussière à s'en décoller la perruque: waouh. Le tout en version française, parce que c'est encore meilleur.

Pour finir, Cold Prey (Fritt Vilt en VO), dont le titre ressemble à un mauvais groupe de pop, est un mauvais film pop. Survival en mode en mode congèle, il nous raconte la mésaventure de cinq beaux et jeunes novégiens partis faire du snow-board en mode hors-piste. Fatalement, quand Morten_Tobias se pète un tibia, les voilà bien dans l'embarras. Le reste, on connaît: un chalet isolé, une présence inquiétante, une hache et un garde-manger assez grand pour contenir un Tobias. Pas aussi mauvais que les autres, il y a un bel effort et ça fait même parfois peur. C'est assez mou dans le gore par contre, un peu guimauve dans les sentiments parfois. Et puis si peu de détails croustillant sur le sémillant tordu qui poursuit nos petiots! Ca nous manque un peu, cette présence rassurante d'un serial killer fou avec une backstory consistante. Mais bon.

Vacuum killer, Dr Chris, 2006.
Samourai Cop, Shervan, 1991.
Cold Prey, Uthaug, 2006


mardi 31 juillet 2018

Total Netflix

Des films avec des mecs mégas burnés et des meufs complètement inexistantes: merci les recommandations Netflix !

How it ends, enfin un film qui répond à tes questions existentielles. Il y a ce bon vieux Forrest (Whitaker) qui n’a pas changé de rôle depuis The Shield (il est très bon, mais ça commence à bien faire), à savoir celui du mec pas jouasse mais droit dans ses bottes, qui a l’air de rien comme ça mais qui peut te briser la nuque rien qu’avec son éthique de fer. Au final, il est gentil en fait. Mais c’est toujours un peu suspicieux. Bon ce bon Forest donc, est l’heureux père un peu œdipien quand même, d’une charmante jeune fille qui a visiblement toujours 10 ans dans puisqu’elle envoie son mec demander à son père (à elle donc) sa main et son autorisation de se marier avec elle (avec la fille, pas avec la main). Très moderne donc. Pendant que tous ces gens s’engueulent à l’autre bout du pays, il se passe quelque chose. On ne sait pas quoi, mais ça sent le merdier. Que faire quand tout va à vau-l’eau ? On prend sa bagnole, son flingue et son gendre et on traverse le pays - réponse à tout problème global. La paire va donc se retrouver coincée dans une bagnole, à vivre mille aventures plus fofolles les unes que les autres, et à partager leur nombreux fous rires et leur nouvelle entente sur Insta. Entre autres rencontres, celle d’une Indienne ambiguë plutôt couillue mais qui redevient une petite chose fragile dès qu’il s’agit de tuer quelqu’un (bah bravo). Comment cela se finit-il ? Hé bien il vous faudra se farcir ce film pour le savoir, qui, admettons-le est assez basique et plutôt mauvais. Le rôle du gendre, dont j’ai oublié le nom, est assuré par un bellâtre avec le charisme d’une moule de Zélande, Forest.... est Forest donc, tout ce qui se produit est plutôt prévisible et finalement un peu convenu. En plus, la porte est ouverte pour une suite. Si ça devient une franchise, ça sera au moins ouvertement risible (How it ends 2, 3, 4... How it started, the prequel etc.)

Calibre est un peu dans la veine de The ritual : des mecs burnés à mort qui partent faire des trucs de mecs burnés et pour qui ça tourne mal. Le tout dans des décors bien paumés et entourés de rednecks bien flippant. Vaughn et Marcus partent donc dans montagne chasser le caribou. Bon, disons que c’est surtout Vaughn qui mène la danse, l’autre ayant plutôt la gueule du meilleur –ami-doux-mais-qui-le-supporte-parce-qu’on-a-vécu-plein-de-trucs. Leur arrivée dans un petit patelin bien sympathique se passe plutôt bien, même si ça et là, des signes funestes se présentent à nos deux compères, qu’ils saisiraient s’ils n’étaient pas tellement occupés à être complètement cons. Bref un accident de chasse plus tard, et c’est l’embardée. Les choses se mettent alors à partir en couilles assez rapidement, mais pas forcément pour les bonnes raisons. Le reste est plutôt pas mauvais, avec une fin pas trop convenue. L’ambiance pesante, les lumières glauques, les consanguins sanguinaires, tout ça est fort sympathique.

Enfin, une histoire de vengeance qui tourne aussi mal, avec des gros rednecks, des types patibulaires et des gros drônes en fond sonore, c’est Sweet Virginia. Histoire d’un mec qui bute d’autres mecs. Et puis on veut pas lui filer ses sous. Et puis il se fait poteau avec un mec du cru mais de son coin. Et puis plein de trucs se passent comme ça, entre deux épisodes ultras violents. Y’en a qui ont trouvé ça lent, personnellement, j’ai trouvé ça pas mal intéressant. Entre l’histoire des meurtres, il y a quasi comme une tranche de vie, d’une communauté à un moment donné, avec un ensemble de détails qui ne sont pas forcément pertinents pour l’action mais qui en font partie d’une certaine manière. C’est dans une veine complètement différente d’un film du genre, et ça change un peu. Belle atmosphère aussi, plutôt lente et immobile, avec des grillages sonores qui prennent bien de l’épaisseur à certains moments. Pas de longueur dans l’ensemble et Christopher Abbott, qui fait super bien le mec hyper vénère.

This is how it ends, Rosenthal, 2018
Calibre, Palmer, 2018
Sweet Virginia, Dagg, 2018

mardi 24 juillet 2018

Ecran total

Une petite trilogie de drames dans des endroits un peu paumés – vous aussi passez vos vacances dans un endroit vert loin de tout !

The strangers raconte une histoire classique d’un jeune couple dans une maison isolée qui se fait embêter par des jeunes en manque d’imagination. On pense à Funny games, on s’emballe un peu et voilà. Un jeune couple donc, rentre d’un mariage un peu pompette et un peu fâché, pour une raison qu’on apprend assez rapidement. Le retour au chalet est donc un peu glauque vu les circonstances. A ceci s’ajoute des trucs bizarres – des bruits, des meufs chelous qui sonnent, un silence bien pesant et des silhouettes qui se meuvent sans bruit. Monsieur part conduire pour se vider la tête, c’est malin et laisse madame toute seule, pas bien. Petit à petit, des intrus s’introduisent mais pas vraiment franchement. Ils foutent surtout les boules à tout le monde et finissent par leur faire faire des bricoles. C’est franchement pas super excitant par rapport à ce que ça pourrait être : peut-être pour faire plus subtil et moins Funny Games justement, tout est dans la suggestion et le hors-champs, avec très peu de présence, de substance. Du coup ça traîne un peu parfois, on entend un bruit, un murmure peut-être (ou pas) et ça devient un peu gavant à la longue. Acteurs pas foufous non plus, à moitié catatoniques.

Incident in a ghostland raconte aussi un homejacking qui tourne mal. J’aime beaucoup Laugier mais il est parfois facétieux dans ses films qui sont tantôt démentiels tantôt meh. Celui-ci est vraiment entre les deux. Une petite famille monoparentale (menée par Mylène Farmer, rien de moins) se retrouve à emménager en pleine campagne suite à un héritage. Pas top pour les deux ados, sauf pour Beth, qui aime les trucs un peu dark et qui veut devenir écrivaine. A peine arrivée, les voilà victimes d’un gang au candy truck fou, qui n’a pas l’air de déconner. Fin du prologue. On les retrouve toutes les trois  ans plus tard avec le sentiment que quelque chose ne s’est pas passé comme prévu. Suspensme. En dire trop c’est péché donc je m’arrête là. Ce film est bizarre à suivre, on reste un moment dans un flottement à ne pas trop comprendre ce qui se passe et à se demander ce qu’on nous veut. Le truc devient intéressant dans la dernière demi-heure et là, on s’amuse. On est parfois pas loin du cliché (les poupées, le candy truck, les clowns maléfiques tout ça) mais tout ça est rendu avec une belle conviction qui fait plaisir à voir !

Un peu moins gore mais tout aussi paumé, Child of God est adapté d’un livre de Cormac Mc Carthy, que je ne connais pas. Le pitch parle d’un serial killer reclus dans les bois mais e vous y trompez pas : en fait de tueur fou, on voit surtout l’histoire d’un mec un peu cinglé qui finit par le devenir complètement. Un film d’apprentissage donc. Lester Ballard est donc un enfant de Dieu, un type un peu bizarre avec la gueule de travers et les dents en vrac. On finit par lui piquer ce qui lui reste de terres et le voilà paumé au fond des bois dans une cabane. Tout seul, comme ça, sans parler à personne, ça pèse un peu à Lester, qui va finir par se faire une amie cadavérique qui lui tiendra compagnie. Un peu glauque, certes, mais que dire des animaux en peluche géants qui regardent tout ça sans rien dire, hein ? Ce n’est pas vraiment un film de serial killer avec une enquête et des types qui font des plans sur un mur de motel avec une carte géante et des fils rouges partout. C’est plutôt l’histoire d’un mec pas super normal qui glisse doucement sans qu’on s’en aperçoive. Très peu de détails sur ses activités obscures, on le voit surtout se débattre, brailler dans tous les sens et montrer les dents (un peu d’abus dans le chicot d’ailleurs). 

The strangers, Bertino, 2008
Incident in a ghostland, Laugier, 2018
Child of God, Franco, 2013

lundi 23 juillet 2018

Total Batman

L’été et ses longues soirées au coin du feu aidant, je m’abreuve de trilogie. Cette semaine : Batman – la trilogie de Nolan, que j’ai enchaîné avec la grâce d’un type qui tape dans un ballon (je ne connais pas assez le foot pour faire une jolie métaphore).

Batman donc. Je connaissais déjà le jeu Lego et le film Lego, que j’avais bien aimé et que je comprends beaucoup beaucoup mieux. J’aimais déjà Christian Bale qui est pas mal (et qui joue le rôle de Bateman dans American psycho, je ne pense pas que ce soit une coïncidence mais bien un des multiples effets de l’ingérence russe dans nos affaires). Bref, j’étais parée.

Le premier volet est le plus frais, un peu mignon, fiat très naturel. Sous forme de récit initiatique avec des bouts d’enfance traumatisants, une rencontre avec le mal précoce, un exil qui finit évidemment en Chine et chez des moines chelou et une décision, celui d’être un mec trop bien. Après, ça va un peu vite – même si on apprécie les débuts un peu hésitants de Batman, ses premiers costumes, ses chutes farfelues le long des gouttières, huhu, tout ça est un peu gag. Mais la learning curve est ultra rapide parce qu’en deux temps trois mouvements, notre héros se retrouve avec un homme à gadget, une bagnole trop cool, et un ennemi digne de ce nom, à savoir son ancien boss (schocking). Bon on comprend parfois mal les motivations des protagonistes, surtout les méchants, qui ont l’air d’être méchants pour le pur plaisir d’être méchant. Ou bien parce qu’ils refusent à tout crin de réévaluer leur proposition de base, alors que bon, franchement, c’est bancal. Bon après, c’est un film d’action, avec des courses-poursuites, des bagarres de fou et de l’amour contrarié. Pas mal, mais sans plus.

Le deuxième remonte carrément le niveau, avec un méchant beaucoup plus sympa et beaucoup plus cohérent. Le tout prend une teinte carrément plus noire, avec moins de truc un peu love/neuneu, sauf la fin, et plus d’explosions. Certains trucs sont carrément pas logique du point de vue scénario mais il paraît qu’il faut arrêter de poser des questions. Suspension of belief, que ça s’appelle. Bon. On va plus loin dans les gadgets, avec des trucs très impressionnants (mais encore une fois, peu crédibles) et une moto qui fait Vroum. Les revirements Bien/Mal sont aussi spectaculaire qu’un kehre heideggérien – à savoir beaucoup d’effet pour un déplacement pas si grand au final. Le grand à fossette au menton m’a toujours semblé louche, et plutôt basique, je n’étais donc pas étonnée pour un sous de ce que son exosquelette éthique fût aussi malléable. Merci d’essayer de nous faire croire que Rachel est la même meuf que dans le premier film alors qu’elle est non seulement pas hyper ressemblante mais en plus assez mauvaise.

Le troisième redescend un peu parce qu’il retombe sur des trucs un peu facile : des espions russes, une prison paumée, un défi humain contre soi-même et sa propre peur (ça ne vous dit rien ? Bah si c’est le premier épisode hein), un méchant super méchant sans vraiment de raison. La différence, c’est le quota #meetoo puisqu’il y a deux femmes fortes et fort méchantes dans cet opus. On croit à mort aux levers de jambe de Catwoman (au moins autant qu’à la mort de l’autre) mais bon. Des meufs, wé. Le méchant n’est autre que Tom Hardy, que je n’ai reconnu qu’à la fin mais qui aime décidément beaucoup le concept gag-ball ou autre camisole de bouche (remember Mad Max). C’est dommage, il a une belle bouche. Encore un qui veut réussir avec son cerveau plutôt qu’avec sa grosse lippe. Bravo.  J’aime le méchant de cet épisode mais pas autant que l’autre. Celui-ci dit essaye d’avoir un discours qui ressemble à quelque chose de logique mais c’est juste bizarre – on dirait un peu Trump à un dîner russe. Bref. Des trucs de scénario hyper bizarres – pourquoi n’essaye –t-on de sauver qu’un bus de petits garçons ? Les autres peuvent aller se faire foutre ? Bon voilà.

En gros, on peut dire que le Batman est à la hauteur de son méchant : à très bon méchant, très bon Batman. A méchant moyen, Batman coquin. Bizarrement, ce sont les méchants sans vraie intention qui sont les plus réussis : ceux qui ont des trucs à dire, des machins à défendre, qui prennent trois plombes à t’expliquer la life que t’as pas compris avant de te zigouiller ton héros font un peu chier à la longue, un peu comme un vieux qui te chope à un arrêt de bus pour te parler de son clébard. OSEF, comme disent les jeuns. 

Batman begins, 2005
The dark knight, 2008
The dark knight rises, 2012

vendredi 29 juin 2018

Ecran total

Un peu sans thématique mais pas décevant pour autant: sélection spéciale n’importe quoi.

Pas vraiment par choix mais plutôt par compromis, j’ai vu Ready player one. Film regardé par intermittence, entre les fois où je me suis endormie et les fois où j’avais mieux à faire tout simplement. Du coup, je n’ai pas pipé grand chose, si c’est n’est ceci : dans un monde où tout le monde est sur Seconde Life ++, un genre de jeu AR au look super old school et aux graphismes atroces (nostalgie 80’s ?),  les gens sont plutôt mal barrés. Car oui, ils sont tous dans un jeu superpuissant, mais dans la vraie vie, ils vivent dans des tonneaux et se nourrissent de cailloux, les pauvres. S’ils passaient plus de temps à d’abord obtenir un diplôme pour ensuite aller faire la révolution, ce genre de chose n’arriverait pas.  Mais que voulez-vous, avec cette jeune génération de branleurs millenial trop occupés à balancer du Manu à tout va, on s’en sortira pas. Tout ça pour dire que. Le gourou super cool qui a inventé le jeu meurt en laissant un super jeu concours digne de Radio Nostalgie (toi aussi tu connais le jeu des trois clés) car il faut ici aussi, récolter trois clés, hé oui, qui permettront d’avoir accès à ‘l’ensemble du jeu (ou d’en devenir propriétaire, ou un truc du style). Tout le monde se met donc à jouer dans tous les sens pour trouver ces clés. Là j’ai un peu raté ce qui se passe, mais en un coup, ils sont une petite équipe de joueurs aux avatars trop cool (on se doute donc qu’ils sont tous de joufflus pédophiles quadra  IRL) et cette petite troupe, hé bien, trouve les clés, hé oui, puisqu’ils sont des héros. Dans le jeu, il y a plein de méchants, qui sont aussi méchants dans la vraie vie. Il y a un mic-mac entre les deux pas évident à comprendre (là j’ai de nouveau u peu zappé le film). Il y a toute une scène délirante en mode jeu vidéo inspiré de Shining – espérons que Spipi ne se mette jamais aux jeux vidéos, il a réussi à presque gâcher le souvenir quasi parfait que j’avais du film – puis finalement, on trouve des clés, des gens se battent, une fille s’échappe. On découvre aussi les vrais visages de nos joueurs qui sont tous jeunes, beaux, cool et sans défauts majeurs. Hyperréaliste, on vous le dit. A la fin, il y a une grosse bagarre. C’est bien. Je n’ai pas compris la morale du film, si ce n’est que l’amitié, c’est bien, les pauvres, c’est cool et les méchants, c’est très méchant. Nice.

On m’en a rabattu les oreilles, j’ai donc fini par regarder The shape of water, film d’amour un peu fantastique, genre conte de fée à frissons pour adultes. Venant de Del Toro, ça promettait d’être au moins un peu sanglant quand même. L’intrigue est simple : une femme de ménage muette qui vit seule dans une petite routine de souris modeste, avec pour seul ami un vieux un peu retiré qui est obsédé par les tartes au citron et son ex, tombe amoureuse inexplicablement d’une homme poisson tout droit sorti du lagon bleu et qui est hébergé par l’entreprise de trucs scientifiques ultra secrets pour laquelle elle travaille. S’ensuite une histoire d’amour avec des rebondissements, des gentils, des méchants, et tout ça. Les 20 première minutes m’ont fait très peur : et si ce n’était qu’un Amélie Poulain 2, avec tout ce que ce film peut avoir d’épidermiquement horripilant (le faux vintage, la musique nostalgique à l’accordéon, les petites manies d’une vieille fille un peu timide, l’ami excentrique et leurs petits rituels neuneus, la meilleure amie de boulot ultra normale et bravache, le métier de domestique humble, la petite coupe au carré super moche, jusque dans l’amour pour les œufs à la coque) ? J’ai patiemment attendu que le film se transforme en bain de sang (ou au moins en pédiluve). Mais las, ce moment jamais ne survint. C’est donc très Poulain, avec au moins l’avantage qu’elle est muette et ne nous casse pas les couilles avec ses observations philosophico-Forrest Gumpesque sur l’existence. C’est déjà ça. Le côté conte de fée et ses codes n’est pas mal exploité, avec toute une imagerie de gangster à chapeaux ( Michael Shannon, wtf ?) et disons qu’on se prend au jeu dans la dernière demi-heure dans laquelle ça devient aquatique ( et sous l’eau, le silence). Pour le reste, c’est assez naze, on n’y croit pas une seconde – mais ça vient d’une personne qui a passé les 20 premières minutes d’Harry Potter à se demander pourquoi ce petit con ne se tire pas de sa cabane sous l’escalier si il est sorcier bordel).  Bref, les contes de fées, c’est plus de mon âge.

Pour me consoler, j’ai regardé Cronos du même Guillermo et je fus toute rafistolée. Histoire bizarre d’un antiquaire qui trouve une petite bête plutôt mignonne et toute dorée qui sort ses piques si on lui parle gentiment.  Ce vieux mécanisme étrange semble ragaillardir notre homme qui rajeunit de jour en jour. Sans compter sur des méchants, évidemment, qui veulent eux aussi mettre la main sur le joujou. Un peu un genre de fable sur le temps (avec beaucoup, beaucoup de références à la temporalité, du style un mec déguisé en réveil dans une soirée balck tie, super approprié), puisque c’est le titre aussi, il y aussi des thèmes de vampire, d’éternité, de rouages. La petit fille du vieux est vraiment épatante et absolument non-plussed au regarde des trucs chelous qui arrivent à son papy – dans le genre papy revient d’entre les morts et a la peau toute grisonnante qui se déviande, so what. Une vraie milléniale quoi.

Ready player one, Spielberg, 2018
The shape of water, Del Toro, 2017

Cronos, Del Toro, 1993

mardi 26 juin 2018

Total Netflix

En me mettant à Netflix, je savais que j'allais rejoindre Satan. C'est pas faux. Je ne cherche plus à regarder des films, je m'affale devant Netflix à la recherche d'un truc potable. Je ne m'intéresse plus à de nouvelles séries, je browse vaguement les trucs qui apparaissent dans mes suggestions dont l'algo m'échappe encore complètement. Je ne compte même plus le nombre de trucs commencés et abandonnés en cours, tels de mignons petits chiots qu'on perd sur le bord de la route lorsqu'ils ont cessé d'être choux. Je me sens un peu devenir une merde mais je le vis bien.

Alors, sur Netflix quoi de bon ce mois-ci (enfin, qui a surnagé pour une raison ou pour une autre)?
Des enquêtes, des policiers cool, des hommes-poissons à l'air inquiétant.

J'avais déjà vu Prisoner mais je l'ai revu avec beaucoup de plaisir parce que ce film est tout simplement excellent. Je ne sais pas à quoi ça tient mais c'est une tuerie. A partir d'une histoire banale d'enlèvement et d'enquête qui piétine, Villeneuve arrive à quelque chose qui se tient complètement, qui parle de plein d'autres choses et qui n'en fait jamais trop. Entre des histoires de justice personnelle et des questions morale assez vaseuses, un flic un peu mou mais pas que et surtout des très belles scènes de suspense, tendues à souhait. On aime retrouver les animaux qui glissent un peu partout, toujours en silence.

Gone baby gone raconte aussi une histoire d'enlèvement auquel se retrouve mêlé Pat (ce cher Casey Affleck, toujours flanqué de sa moue) , détective privé encore un peu mouillé derrière les oreilles et sa meuf, qui est aussi son assistante (comme c'est original). Une petite bien mignonne disparaît donc pendant que sa mère est au bouge du coin en train de se mettre de la poudre plein le nez. Bravo. C'est pas la mère de l'année, on pourrait donc penser qu'elle en est bien débarrassée de cette gamine mais non, elle la veut quand même récupérer. Les flics faisant un peu les mous, c'est la tantine qui va chercher notre ami Pat qui finit par tomber sur une embrouille de drogue plutôt compliquée et retrouver (ou presque) la gamine. Puis le film parle d'autre chose. Puis il reparle de la gamine. On ne suit plus trop . C'est dommage, parce que l'idée du truc n'est pas mauvaise, le cadre chouette, ça fait même un peu Mystic river parfois dans le noir, mais la ligne narrative est super chelou - un genre de fin mais en fait non puis encore un petit truc. Il y a aussi des débats moraux qu'on a trouvés franchement bizarres (genre il ne devrait juste ne pas y avoir débat mais bon) et du coup une fin un peu pathos avec laquelle on a du mal à compatir. 

Un truc phénoménal qu'on a regardé uniquement grâce à cette horreur de Netflix qui consiste à balancer des trailers à la fin d'un film si tu ne coupes pas à temps, The Titan, film dont il vaut mieux rire - parce que finalement, c'est aussi à ça que ça sert. C'est l'histoire de Rick mec sans histoire sélectionné pour un programme top secret trop cool qui vise à sauver la planète. Car dans ce monde futuriste, cette planète commence à craindre un peu des dents, on va donc se tirer sur une autre pour se mettre au chaud. Une idée qu'elle est géniale. Hélas, pour vivre sur Titan (la planète n°2), il faut des skills de fou furieux (genre avoir des branchies, respirer de l'azote liquide, être capable de remplir sa déclaration en ligne sans les mains). Rick va donc être un gentil petit cobaye, injecté de plein de trucs bizarres pour devenir un méga humain trop cool (il sait voler). Evidemment, ses petites camarades d'expérience vont tous crever. Evidemment, on se posera de grosses questions sur le bien fondé de cette idée à la con. Evidemment, on ne peut pas s'empêcher de se marrer en voyant ce pauvre Rick, devenu mi-poisson mimolette, jouer tout seul sur sa planète,  sur laquelle certes il survit, mais sans amis, sans possiblité de parler, sans capacité à s'émouvoir et surtout sans Netflix. CA m'a vraiment fait penser à SSSSS, ce film totalement absurde sur un savant fou qui veut transformer un homme en serpent afin que celui-ci sauve le monde en lui survivant: qu'est-ce qu'un putain de serpent va pouvoir rebâtir comme civilisation? En faisant sssssss avec sa langue? Grrrrrr avec sa sonnette? C'est un peu le même débat ici: au-delà de toutes les questions morales que pose le film (mouaha), c'est surtout la question de l'utilité: on est bien d'accord que ça ne sert à rien d'envoyer un peyot tout seul sur la lune même s'il est capable d'y vivre 150, à partir du moment où sa seule forme de communication consiste à cligner des yeux? Bref, on a ri. Heureusement qu'il y a avait du sang et des bagarres, sinon on aurait dormi et éteint. 

Prisoner, Villeneuve, 2013
Gone baby gone, Affleck, 2007
The titan, Ruff, 2018

vendredi 22 juin 2018

Sad And Bitching About Me.

Dieu décapitateur.

J'ai beaucoup fomenté sur une façon de nuire à la Sabam, après la triste démonstration de connerie d'hier au Café central. Finalement, je pense que c'est la créativité qui les fait le plus chier et qui a l'air de leur rester méchamment en travers de la gorge. 

Alors, à votre bon coeur:

Société Anonyme de Braqueur Artistiques Maudits. 
Système Autocratique Béat d'Assistés Maniaques. 
Saloperie Autonome de Braquemards Antisociaux Manipulateurs. 
Saison Autoproclamée des Barbelés Anachroniques Maussades. 
Salon Autogéré des Bureaucrates Assistés Mythomanes. 
Secte Anatomique du Barracuda Antithétique Malade.
Salade d'Avocats BIzarres Analytiques Mais (pas que). 
Sournoise Association Belge d'Apathiques Minables. 
Splendide Antinomie Batave Acronymique et Métaphysique.
 Sérieux Androïdes Bourgeois Angulaires et Médiocres. 
Suspicion Automatisée Barbare d'Anémones Mélancoliques.
Salopards Atrophiés Bons à Accaparer les Mérites.
Supoprters Actifs des Bonniches Antipathiques de Merde.
Soulards ArchaÏques de Base à Morigéner.
Saccage Actif de Beaux artistes Mignons.
Secrets Admirateurs du Berlusconisme Ambiant Moderne.
Sanguinaires Asssassins  de Bonne Ambiance Matinale. 

Si on s'y met tous, on aura bientôt une chanson. Et on pourra la déposer. A la Société Atrophiée des Baiseurs Amateurs et Maffieux.

jeudi 21 juin 2018

Teenage total

Trois films pur teenage avant  l’été, parce qu’être jeune c’est trop cool.

American Honey est un road trip initiatique dans lequel une meuf vaguement cool se tire d’une relation bien ripou pour rejoindre un groupe de jeune cool qui ont l’air de s’éclater comme des bêtes sur la route (genre ils dansent sur des tapis roulant de supermarché en écoutant du Rihanna). Woa. Trop coule. Bref. Star se retrouve donc avec cette petite bande qui survit de porte à porte en vendant des abonnements à des magazines. Papier. Un métier qui a de l’avenir s’il en est. Pour le côté vie facile, trop fun on s’éclate, on repassera donc, parce que pour vivre de ce genre de taf, il faut trimer comme un taré et se nourrir de croûte de pain. C’est à peu près ce que fait Star, s’acoquinant au passage avec un bellâtre à queue de rat qui a un Oedipe grrros comme ça et une moto qui fait vraoum. Cette vie a l’air tout sauf fun, mais ils écoutent beaucoup de rap très fort et fument des joints avec leur chien. Ze dream. Alors dans tout ça, Star apprend des trucs, visite des coins, rencontre des gens, tire son coup et prend des bain de minuit dans des rivières crados. On a du mal à comprendre l’intention du film, alors on va dire qu’il n’y en a pas, si ce n’est que de montrer une meuf qui se tire pour vivre des trucs. Qu’est-ce qu’elle en fait pour elle, bonne question, car on a peu de visibilité sur la tête à Star. En tout cas, pour le côté On ze road, on repassera, c’est surtout une épopée minable d’un groupe de paumés exploitée par une mère maquerelle en mode Fergie du pauvre. Mais comme dit plus  haut, ce n’était sans doute pas le but du film. Reste un côté un peu bizarre, entre rêve raté et mélancolie du film qui crève son écran lui-même.

Dans Room, notre jeune cool du moment s’appelle Ma et est enfermée depuis un bout de temps dans la cave d’un type bizarre. Comme elle était un peu seule, elle a fait un gamin et heureusement qu’il est là, parce que même si c’est petit à deux, ça occupe. Vivant en autarcie complète sans aucune idée d’un monde extérieur existant hors de sa télé, notre petiot a pourtant l’air pas trop cinglé (c’est dire).  Mais quid d’une sortie éventuelle de sa cave ? Pas du tout mal foutu, plutôt intelligent (difficile à dire que ça représente bien ce genre de situation, c’est pas comme si c’était un truc courant) et pas misérabiliste. Ça fait un peu penser au Wolfpack, ce documentaire sur une bande de frères élevés en autarcie via la télé et sans contact avec le monde : peu de commentaires, pas d’analyse, une voix off au niveau de l’enfant (parfois un peu casse-couille) et pas trop de pathos du coup. Difficile d’en dire plus sans en raconter trop : à voir

Enfin un film qui s’intéresse à un sujet qui nous brûle les lèvres : qui sont les influenceuses ? Et quels sont leurs réseaux ? Dans Ingrid goes West, on retrouve cette chère Aubray « April Lutgate » Plaza en groupie stalkeuse d’instastarlette de base. Ingrid est donc super mais super fan de Taylor, super célèb’ sur Insta, flanquée de son mec barbu/manbun et pseudo artiste, de sa déco brut/boho et de son projet de concept-store (awmagawd). Grâce à Insta, Ingrid suit et devient méga pote avec Taylor et atteint le graal suprême : être taguée dans une de ses photos (la classe). Mais tout est-il si rose derrière les écran de nos portables ? Les stars d’Insta ne sont-elles pas des personnes comme les autres, dans le fond ? Tout cela n’est –il pas un peu factice ? Toutes ces questions, affligeantes de banalités, sont posées dans ce film qui part un peu en couille sur la fin. Après un début plutôt chouette, entre satire et pathos, plutôt drôle, plein de gimmick de d’jeuns et de trucs fun, on attend un truc bien senti, ou au moins un peu intelligent mais pas vraiment. Tout se termine un style très teenage movie, limite GossipGirl avec plus rien d’ironique et des conclusions dans le style plates. La fin pourrait être digne de celle des Convoyeurs attendent – soit le réalisateur n’a pas osé, soit l’ironie est TELLEMENT subtile qu’elle est invisible (en tout cas pour des quidam dans mon genre). Dommage. 

American honey, Arnold, 2016
Room, Abrahamson, 2015
Ingrid goes West,  Spicer, 2017

mercredi 20 juin 2018

Texture of light









Cornwall, 2018


lundi 7 mai 2018

Ecran total

Par ce temps bizarre, trois histoires étranges entre road-trip, non-film et retour en arrière.

Pourquoi avoir regardé Mississippi Grind, bonne question. Il fait partie des trucs qu’on chope sans y pense puis qu’on regarde un soir sans se souvenir de pourquoi. Le pitch fait pourtant rêver : deux mecs un peu branques en route pour le succès dans le South mythique, avec bagnole, blues et enseignes lumineuses et bières pas chères. Top. Il y a même ce cher Ben Mendelsohn, qu’on a déjà vu dans Bloodline en pesudo-raté mais vrai poison. Il joue ici le rôle de Gerry, raté notoire un peu malade qui croise la route de  Curtis, dont on se dit bien qu’il est trop beau pour être honnête.  Tous deux décident de se tirer le long du Mississippi  pour se faire une partie de poker à 25000. Quelle bonne idée. L’un totalement mytho, l’autre complètement accro, ça va être beau. On attend donc le coup de pute du début à la fin, l’amitié brisée, les fins de soirée minables, le rêve en tessons sur la route en goudron fumant. Mais en fait non. Des scènes se succèdent, des trucs s’échangent mais rien de bien substantiel. Parfois ils gagnent, parfois ils perdent.  Pas vraiment de climax d’émotion, ou de grands sentiments, tout est un peu minus dans cette narration. Ça manque de substance, réellement, on voit surtout des trucs se passer, des plans des différentes villes traversées, des tentatives de percer la carapace de personnages sans background, un peu transparents. Pas chiant mais pas fatal non plus.

Un truc qui est fatal mais tout aussi dispensable, c’est le dernier Wheatley qui nous avait habitué à mieux avec High rise qui déchirait vraiment tout. Free fire est l’histoire d’un deal qui tourne mal. Comprenons-nous bien : il s’agit littéralement d’une vente d’armes entre deux bandes de maffieux qui foire et qui tourne mal. Pendant une heure et demie. Quand on voit que ça commence à foirer, on se dit, héhé, rigolo. Il y a un moment, on se dit que la scène commence à traîner un peu.... Wait a minute..... hé oui ! Le film ne raconte que ça ! Un bon vieux huis-clos/shoot-out à l’ancienne ! Un duel au soleil dans un vieux hangar qui dure tout un film. Des émotions, des palpitations, des balles perdues, des twists finaux ! Honnêtement, on a fini par lâcher l’affaire et on a regardé d’un œil distrait en cherchant des plants de muriers pas chers en ligne. Il ya sans doute des trucs micro qui sont très drôles, des blagounettes, des beaux moments – j’en ai entraperçu quelques-uns, mais dans l’ensemble, c’est assez bof : même A field in Britain était plus fun.

En enfin Dark places, petit thriller pas du tout mauvais sur un meurtre en famille bien sympathique. Libby est la seule survivante du meurtre de sa famille – avec son frère Ben qui sera évidemment désigné comme meurtrier de par ses affinités avec le satanisme qui comme le sait est une maladie et un vice poussant au crime. Mais un groupe de jeunes nerd super bizarres veut absolument sauver le pauvre Ben qui n’a rien demandé à personne et qui purge tout ça comme un con. S’ensuit alors une plongée dans le passé, ouuuuh  et une enquête plutôt simple qui fera la lumière sur toute l’affaire. Pas trop mal, plutôt bien rythmé, pas tout à fait con : c’est chouette. 

Mississippi grind, Boden & Fleck, 2015
Free fire, Wheatley, 2016
Dark places, Paquet-Brenner, 2015

mercredi 2 mai 2018

Ecran total

Quelques petites horreurs pour débuter ce mois sous la pluie: inondation, minage de fond et tempête de neige.

Le minage de fond, c’est un film pas vraiment d’horreur mais vu au BIFF donc on peut quand même s’interroger. Wrath of silence est plutôt un thriller genre politique ; avec quelques trucs mystérieux dedans et des belles bagarres. Un père muet est extirpé de sa mine et rappelé au village après la disparition de son fils. Le petiot se baladait guillerètement avec ses chèvres quand bim, il disparaît. Après avoir montré sa photo à un paquet de gens et collé des affiches partout, notre homme commence à sentir l’embrouille via un gros mafieux propriétaire de mine qui aime l’odeur de la viande tranchée dans l’air du soir. Pas très causant mais bon cogneur, notre ami va se retrouver dans un imbroglio politico-mafieux qui le dépasse largement, avec des méchants en cuir pas bien malins, des avocats véreux pas très finauds, et toujours sa femme qui chouine un peu en prenant ses médocs. Politique ou pas, c’est difficile à dire. Les grands patrons sont très méchants mais seront-ils punis ? Tout est très lent, plutôt beau dans les paysages sublimes, avec des images hyper léchées. Parfois un peu trop d’effets grosse prod (musique de Batman, bagarre genre Marvel)  mais pour le reste, très bien.

Les inondations, c’est celle qui a frappé Epacuan, petit village argentin paumé qui se retrouve du jour au lendemain plein d’eau. Dans What the waters left behind, un groupe de documentaristes en quête de gloire berlinoise retourne sur les lieux pour faire pleurer dans les chaumières et prendre des belles photos de ruines. Facile. Evidemment, ces ruines ne sont pas inhabitées, c’est un peu comme à Bruxelles, le moindre bout de caillou devient un lieu alternatif en deux semaines, pff. Là pour le coup, c’est très alternatif et inclusif en plus ! Très très vibrant hommage à Tobe Hooper et son massacre, très fréquente et parfois fatigante utilisation des drones, ces machines du diables qui transforment n’importe quel film en resucé de La isla minima, mais ça reste plutôt fun. On reste bien dans les clous du genre, y compris avec le twist de la fin mais finalement, pourquoi bouder notre plaisir quand il est aussi sanglant ?

Par contre, pour les tempêtes, on repassera. Surtout les tempêtes à base d’effets spéciaux genre Paint plaqués sur des visuels de paysages en plein soleil. Dans Scarce, ce qui est rare, ce sont les meurtres. Hé oui, on attend au moins 40 minutes avant d’en voir un se faire démettre. Avouez que c’est long, surtout quand on se traîne en compagnie de trois hommes d’âge mur qui jouent à la Wiseau à être des jeunes bro trop cool qui font du surf. Ça fait très très faux, limite niveau d’un film porno («Duuude»). Trois amis donc, qui rentrent d’un surf trip, se paument le long d’une route pour échouer dans une cabane au fond des bois, habitée par un étrange homme qui ressemble super fort au type d’American Gothic. Je serais d’eux, je me méfierai mais bon. S’ensuit ce qui doit s’ensuivre, avec quelques trucs un peu gratuits sur les bords mais le tout d’une lenteur telle que je me suis littéralement endormie.  Et même en dormant deux minutes sur 5, le film reste compréhensible, c’est dire.  Bon, il y a certains plans plutôt rigolos et une certaine naïveté dans le projet qui le rend super mimi. Mais la neige, la neige, la neige ! Quelle idée super bizarre !

Wrath of Silence, Xin, 2017
What the water left behind, Onetti, 2017
Scarce, Cook, 2008

mercredi 11 avril 2018

Netflix total

On passera sous silence la masse de conneries regardée sur Netflix par pur plaisir de troller le système de suggestions personnalisées pour s’en tenir aux quelques trucs regardables vu ces semaines.

Casting JonBenet m’avait été conseillé par un article sur un site pour jeune gens modernes. C’est un documentaire assez bizarre mais qui impliquait une histoire de meurtre de mini-miss dans la charmante localité de Boulder, Colorado. Il n’en fallait pas plus pour me convaincre. Le film suit donc les différentes acteurs auditionnant pour les différents rôles d’un film tournant autour du fait divers en question (une gamine assassinée avec plein de trucs suspicieux dans une petite ville tranquille). Chaque personnage est donc présenté à son tour par les acteurs, parfois des locaux qui ont donc  leur opinion sur la question (qui et pourquoi ?). Personnage après personnage, on découvre les différentes hypothèses successives – la mère, le père, le frère, le père nowel du coin. Le faits en lui-même n’est jamais raconté directement, mais se dessine à travers les histoires de ces acteurs (un peu) ratés qui ont tous l’air relativement paumés. Le tout n’évolue jamais vers un vrai dénouement (puisqu’il n’y a pas de nouement) mais se termine pourtant de façon aussi étrange que plutôt belle : des scènes à répétitions sans commentaires avec des personnages qui se démultiplient à l’écran. Peut-être un peu lent sur la fin mais dans l’ensemble pas inintéressant dans le genre méta – parler d’un truc qui parle d’un truc, c’est casse-gueule comme idée, et pourtant !

A bad day for the cut est aussi une recommandation externe car je ne regarde visiblement pas assez de films de poney pour que Netflix m’en fasse la suggestion. Soit. Petit film sympathique de meurtre et de vengeance, on y voit un vieux fermier irlandais partir venger sa vieille mère assassinée sans vergogne. Donald est un vieux garçon tranquille qui prend tant bien que mal soin de sa Môman qui a l’air bien british et sage. Un soir, un train et la voilà morte, avec en prime des affreux qui reviennent finir le boulot le lendemain. Heureusement, notre ami est un super badass et se sort de tout ça en gagnant une petite frappe comme allié dans l’affaire. Tous deux pas super content (un pour sa mère, l’autre pour sa sœur) ils décident de faire alliance comme souvent les bras cassés savent le faire dans ce genre de film. En route joyeuse troupe pour un roadtrip un peu sanglant en mode vengeance et canon à fusil scié. L’intrigue se défend, le rythme est correct et l’ambiance générale plutôt chouette – très anglais, avec quelques scènes très drôles dans l’absurde de situation. Mais toujours avec flegme et élégance. Bonne pioche en soit même si ça manquera sans doute d’action pour certains.

Annihilation qui a sans doute été suggéré à tout le monde, y compris ceux qui l’ont déjà vu. Un film d’Alex Garland, écrivain de son état, dont j’ai relu le Tesseract récemment et qui ne défend quand même pas mal niveau bouquin. De lui je ne connaissais que Ex-machina qui m’a fait royalement chier donc je me méfie. Mais en fait non. Gentil petit film pré-post-apocalyptique, Annihilation est pas mal fait du tout, assez joli au niveau visuel et sonore même si pas révolutionnaire niveau scénario et dénouement. Bon l’idée d’une météore qui tombe quelque part et créée une sorte de champ de force, c’est bof. L’idée d’envoyer expédition après expédition dans ladite zone sans avoir aucune idée de ce qui s’’y trouve, c’est louche. Mais quand même. Quand on y suit l’expédition de meuf super badass qui reprznt le film, on y découvre des choses plutôt jolies. L’explication du truc n’est pas dingue d’originalité mais l’extrapolation visuelle à partir du principe est vraiment réussie. Il y a des structure organico-humaine, des  trucs rocheux en forme de trucs mous, une confusion des formes, des textures et des univers qui est bien rendue. Certaines choses sont super ratées (les cerfs qui gambadent, les trucs sur la plage) mais l’atmosphère de jungle grouillante et de nature luxuriante, les couleurs qui font trembler le spectre lumineux, les drones sonores  à la fin : tout ça est fort agréable à voir. Après, il y a quelques trucs un peu WTF tant dans les scènes que dans les rebondissements mais ça reste un morceau sympa.

Et pour finir, un sympathique petit film d’infectés venu d grand nord : Les affamés, film québecois pas mal du tout. On atterrit en pleine postapocalypse et on fait connaissance avec nos futurs personnages en mode Vis ma vie de survivant à l’infection – en train de fuir dans un bois, en train de finir d’enterrer ses parents, en train de finir une clope au-dessus d’un cadavre fumant... la routine quoi. Tous ces personnages vont se rencontrer et comme souvent, tenter de survivre ensemble (parce que c’est souvent comme ça qu’on crève plus rapidement pour notre plus grrrand plaisir). Pas beaucoup de background sur ces personnages, ni beaucoup de construction – après tout, ils sont là pour mourir pour nos yeux réjouis.  Après moult délibérations, le groupe quitte la campagne verdoyante pour se diriger vers une ville avant de découvrir que c’est une mauvaise idée parce que les infectés en question, telle des hirondelles en goguette, semblent suivre une itinéraire précis. Lequel ? Bonne question. Ces infectés sont d’ailleurs intéressants : ils courent super vite, se repèrent au bruit mais pas vraiment à l’odeur (tiens ?) et on peut les feinter en restant très très calme avec un air déterminé. Ils se réunissent parfois autour de gros tas de trucs plus ou moins rangés. On ne sait pas pourquoi. Dans l’ensemble, c’est assez bon, on sent le budget limité mais qui marche quand même avec des très jolies images, notamment de la forêt, une certaine attention aux plans, à la lenteur qui changent des trucs complètement épileptiques pour cacher les mauvais maquillages. Certains seront peut-être énervés par certaines infos balancées de-ci de-là et quine trouvent jamais d’explication. Moi ça m’a plutôt fait rire.

Casting JonBenet, Green, 2017
A bad day for the cut, Baugh, 2017
Annihilation, Garland, 2017
Les affamés, Aubert, 2017